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Un défi difficile à relever

Rencontre avec un étudiant en situation de handicap

Concilier études universitaires et handicap physique relève bien souvent du parcours du combattant. Erik, 29 ans, en deuxième année de Bachelor à l'EPFL, peut en témoigner! A l'image des quelques 12% d'étudiants déclarant en Suisse souffrir d'un handicap ou d'une maladie chronique (Judith Hollenweger, Etudiants handicapés dans les universités suisses, 2004), il doit faire face depuis toujours à des difficultés que la majorité des étudiants ne soupçonnent même pas.

Un handicap bien caché

A première vue, Erik est un étudiant comme les autres. Son handicap se voit peu, si peu qu'il a souvent engendré des malentendus et un certain scepticisme. Il souffre d'une hémiparésie droite spastique, autrement dit un handicap moteur qui déséquilibre la force musculaire de son côté droit, de l'épaule à la jambe. «Lorsque je veux faire des mouvements précis avec la main gauche, cela engendre des crispations au niveau de ma main droite, ce qui est très gênant, surtout au niveau de l'écriture», explique ce gaucher contrarié qui, malgré un réapprentissage continu de sa mobilité, ne parvient pas à transférer la totalité de ses fonctions sur son côté gauche.

Malgré les nombreuses difficultés rencontrées depuis le début de sa scolarité, rien n'est parvenu à ébranler sa résolution de faire des études univesitaires. C'est grâce à une très forte détermination et à l'aide de sa famille faisant bloc derrière lui qu'il a pu réussir ses études jusqu'à présent.

«Double combat»

Une fois dans le système universitaire, à l'EPFL, les interlocuteurs étant plus lointains et les administrations plus confuses, les problèmes se sont intensifiés. «Je mène un double combat», avoue Erik. «D'une part parce que les études que j'ai choisies sont par définition difficiles et d'autre part parce que je dois sans cesse lutter pour pouvoir bénéficier de structures de cours et d'examens adaptées.»

Si beaucoup de mesures expérimentales issues de bonnes volontés individuelles ont été organisées pour tenter de compenser au mieux le déséquilibre provoqué par son handicap, Erik reconnaît payer les frais du manque flagrant de prise en charge professionnelle, ce qui le gêne dans l'avancée de ses études.

Visions d'avenir

Toutefois, les choses semblent commencer à évoluer dans la bonne direction, sous l'influence des modèles anglo-saxons où des mesures parfois impressionnantes sont mises sur place pour garantir l'égalité des chances des personnes souffrant d'un handicap physique. Erik souligne d'ailleurs: «La société a tout à gagner dans le combat pour l'intégration des personnes handicapées. Cacher le handicap, financer des ateliers protégés pour des personnes tout à fait capables intellectuellement de s'intégrer à l'aide de mesures adéquates est une absurdité et une perte financière considérable!»

En attendant, Erik a le sentiment d'appartenir à une génération d'étudiants handicapés sacrifiée au service du combat pour la reconnaissance de leurs droits. Compte tenu de la lenteur du processus académique en la matière, l'obtention de son bachelor est à l'heure actuelle compromise.