Liberté académique

Absence pendant les études: risques, sanctions ou indifférence totale?

Liberté académique. Voilà une notion que chaque étudiant connaît avant même d'avoir mis un pied à l'université. Selon ce principe, l'étudiant peut ne pas aller en cours et ce sans fournir aucune justification. En contrepartie, il devra en subir les conséquences: rattraper ce qu'il a manqué, étant donné que ce qui est dit en cours est, le plus souvent, matière à examen.

Cependant, on constate que ce principe n'est ni appliqué pleinement, ni de manière uniforme dans les diverses facultés qui composent l'Université de Lausanne.

Petit tour d'horizon
La faculté des Lettres applique une sorte de semi-liberté académique dans le sens que l'obligation de présence dépend du cours en question. Les cours ex cathedra ne sont soumis à aucun contrôle de présences, ce surtout en raison du nombre important d'étudiants qui suivent ces cours. Donc ici, la liberté académique est pleine. Mais en ce qui concerne les coursséminaires, où l'effectif des participants est réduit, il y a une liste de présences qui circule. De plus, certains professeurs reprochent aux étudiants d'avoir manqué les cours, et peuvent même refuser que l'étudiant en question se présente à l'examen, estimant qu'il n'a pas fourni le travail nécessaire pour obtenir les crédits de la matière. Plusieurs étudiants qui se sont absentés lors de ces cours ont dit avoir ressenti à l'examen oral le prix de ces absences…on ne parle plus de liberté à ce stade.

En Haute Ecole de Commerce (HEC), la liberté académique semble être totale. D'après les étudiants, il n'y a aucun contrôle des présences, que ce soit en Bachelor ou en Master. La question de la liberté se repose dans le contexte des cours-séminaires, où là aussi certains étudiants pensent que s'ils manquent quelques cours le professeur leur fera moins de « cadeaux » à l'examen. En Master, il faut reconnaître que la liberté académique est renforcée par le fait que les professeurs fournissent le support de leurs cours aux étudiants et que, là ou pas là, le contenu du cours leur est accessible.

En Psychologie, la même distinction cours ex cathedra/cours-séminaires ou travaux pratiques est faite. Lors des premiers, il n'y a aucun contrôle. En ce qui concerne les seconds, dans la mesure où il y a souvent un rapport à rendre et à présenter parfois pour que le séminaire soit validé, il vaut mieux être présent, mais en cas d'absence justifiée, le professeur peut prolonger les délais. Les listes de présences sont très rares mais existent pour ce genre de cours.

La faculté de Médecine respecte aussi la liberté académique que ce soit pour les cours ex cathedra ou pour les coursséminaires. Mais il va de soi là aussi que pour qu'un séminaire soit validé, celui qui le présente ou qui rend le rapport doit être présent. La seule liste de présences qui circule est celle qu'il faut faire signer par un responsable lors des journées dans les hôpitaux, mais en cas d'absence (justifiée), un rattrapage est possible.

Quant à la Faculté de Droit et des Sciences Criminelles, de par son nom, il serait étrange qu'elle module l'application de ce principe. En effet, que ce soit en Bachelor ou en Master, lors des cours ou des cours-séminaires, il n'y a aucune liste de présences. On peut vraiment parler ici de liberté académique.

Si l'on fait le tour des règlements applicables, force est de constater qu'il y a très peu de dispositions qui traitent du sujet. Dans la Loi sur l'Université, l'article 15 (appelé liberté académique) garantit le libre choix des études. Si l'on interprète cette garantie de manière restrictive, on peut dire que seul le choix de la filière est libre et donc que la présence aux cours est obligatoire. Mais ce n'est pas cette interprétation qui a été choisie vu que cette liberté a été étendue, dans la pratique, au fait de pouvoir suivre ou non les cours.

L'article 85 lit. e du règlement de la Faculté de Droit et des Sciences Criminelles permet de demander un congé d'un semestre ou d'une année en cas de « raison médicale dûment attestée ».

Les règlements des autres Facultés se contentent de renvoyer à la Loi sur l'Université, sans apporter de précisions supplémentaires.

En ce qui concerne les absences lors des examens, toutes les Facultés ont opté pour le même régime : il faut un certificat médical pour justifier l'absence à un examen faute de quoi l'étudiant se verra attribuer la note zéro. Le certificat doit être idéalement donné avant l'examen. Si l'étudiant vient quand même se présenter, il peut donner un certificat postérieur à sa prestation attestant qu'il était malade avant ou pendant l'épreuve. Cette dernière sera annulée et l'étudiant devra refaire son examen.

On constate donc que la liberté académique est dépendante le plus souvent des modalités des cours fixées par les professeurs (puisque rien ne leur interdit de rendre obligatoire la présence à certains cours), que ce sont les étudiants qui en font les frais et que fondamentalement, il n'y a aucune liberté...