Former l’international

confrontation des deux instituts de recherche internationale, l'iuhei et l'iuéd

La Cité de Calvin, pour nombriliste qu'elle puisse paraître, abrite un nombre record d'organisations internationales. Et concernant la formation, elle détient deux atouts de premier ordre. Deux centres réputés au niveau international, justement. A ma gauche, l'Institut universitaire d'études du développement (IUED), né en 1961. A ma droite, l'Institut universitaire de hautes études internationales (IUHEI), fondé en 1927. Retiens les côtés, ils n'ont rien d'innocent: les approches du monde et de ses changements diffèrent radicalement. Petite visite guidée. La plus ancienne des deux institutions, l'IUHEI, incarne peut-être le mieux ce qui fait sourire à propos de Genève. Destinée d'abord à former des fonctionnaires internationaux au service de la défunte Société des Nations, elle a assumé jusqu'à récemment le rôle prestigieux d'école des ambassadeurs suisses. Kofi Annan, Secrétaire général de l'ONU, ou encore la Conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey y ont usé leur fond de culotte. La majorité des étudiants ne détient pas de passeport rouge à croix blanche, un quart venant même hors de l'Union européenne. Enfin, avec le passage au système de Bologne, la maison, qui délivre actuellement quelque 300 licences par année, ne proposera plus que des masters et autres post-grades.

Economie et globalisation

Si l'IUHEI se voit souvent adresser le reproche d'institution au service des puissants, c'est qu'elle excelle dans des domaines sujets à polémique. L'économie et la finance internationales dans la perspective de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), par exemple. OMC dont le bâtiment voisine avec ceux de l'IUHEI.

L'impact du processus de globalisation sur les populations, c'est l'IUED qui s'en charge. Le développement soutenable, les inégalités et la coopération constituent autant de champs d'étude destinés aux détenteurs d'une licence ou d'un bachelor en Anthropologie, Sociologie ou Lettres. «Nous visons une approche critique et interdisciplinaire des rapports nord-sud et de la mondialisation», souligne Daniel Fino, directeur-adjoint. Si la recherche sur le terrain est incontournable, l'action concrète occupe une grande place. L'IUED a décroché 60 mandats de la part de gouvernements ou d'ONG. Cela va de la mise en place de la démocratie locale en Colombie à la reconstruction d'infrastructures publiques au Burundi. De là à dire que les actions de la Genève internationale connaissent un impact mondial, il n'y a qu'un pas...

Master aux quatre coins du globe

Genève, Bamako, Arequipa, Hanoi. L'international master of advanced studies de l'IUED regroupe quatre institutions autour du thème développement et mondialisation: entre croissance et exclusion. Le programme s'étend sur neuf mois et exige une grande mobilité.

Après une formation méthodologique dans l'une des trois institutions partenaires, les participants rentrent dans leur pays d'origine pour y conduire un travail pratique. Ils rejoignent alors l'IUED à Genève pour suivre un enseignement donné dans trois langues (français, anglais, espagnol) et en traduction simultanée. Ne leur reste pour finir que la rédaction de leur mémoire. «Nous nous adressons surtout à des professionnels, des cadres intermédiaires du service public ou d'ONG», explique Daniel Fino. L'ensemble de la formation est conduite en tandem, des professeurs de l'institut genevois rejoignant leurs collègues sur place.