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Santé et mouvement


Le sport au chevet des maladies du XXIème siècle

Qui dit sport dit fatigue, courbatures, blessures et dopage. Autant de termes négatifs qui n’encouragent pas les inactifs à bouger. C’est pourquoi le Docteur Boris Gojanovic, spécialiste en médecine du sport, préfère parler d’activité physique. Interview d’un homme convaincu des bienfaits du mouvement et convaincant.

De quelle manière une pratique sportive régulière améliore-t-elle la santé générale des individus?

L’activité physique permet principalement d’augmenter l’espérance de vie. Elle a une influence positive sur les affections chroniques, qui, sous nos latitudes, sont responsables de deux tiers des décès. Parmi elles, nous retrouvons les maladies cardiovasculaires et les cancers. Le sport revêt également un rôle protecteur contre l’ostéoporose, le diabète de type II, dit gras, les maladies dégénératives et neurovégétatives (Alzheimer, dépression, troubles de l’humeur…), elles aussi chroniques mais non mortelles. L’exercice physique constitue un bon moyen de prévenir la plupart des pathologies actuelles, liées à la sédentarité et qui sont légion sur notre planète.

Et sur le plan des maladies mentales?

Les sciences du sport étant une discipline jeune, peu d’études ont été réalisées sur le sujet. Mais il semblerait que l’activité physique joue un rôle de catalyseur au niveau des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), de l’autisme et de l’hyperactivité. L’exercice permet de canaliser l’énergie et d’instaurer des périodes de répit dans la maladie. En ce sens, il peut être utile comme outil thérapeutique.

Au-delà des effets bénéfiques du sport sur le bien-être psychique et physique, pourquoi conseilleriez-vous à un étudiant de pratiquer une telle activité?

Le sport diminue le stress, augmente la concentration et la mémorisation. Des recherches sur des enfants ont prouvé que les sportifs avaient de meilleurs résultats scolaires que leurs camarades inactifs. Et rien n’empêche d’extrapoler ces conclusions à l’ensemble de la population. Cela est très certainement dû à une production accrue d’une hormone de croissance cérébrale qui facilite les processus cognitifs.
Sans oublier que l’activité physique joue un rôle sur l’estime de soi. Des études sur des personnes obèses et handicapées l’ont montré.
De plus, selon moi, se bouger engendre un sommeil plus réparateur. Le corps récupère mieux.
Enfin, l’exercice physique permet de mieux synthétiser la matière à apprendre et de voir émerger de nouvelles connexions entre les différentes informations à mémoriser. Un laboratoire d’idées en somme.

Justement pour réussir ses études, existe-t-il un sport miracle?

Malheureusement pas. Il convient d’exercer une activité physique régulière qui nous procure du plaisir. La pratique d’un sport peut, cependant, venir moduler nos constructions mentales qui entrent en jeu dans la réussite scolaire et plus tard professionnelle. On dit que les sports d’endurance développent plus les capacités cérébrales et les sports d’équipe, les facultés de collaboration. Bien évidemment d’autres facteurs entrent en ligne de compte comme l’éducation, la personnalité et l’environnement.

Un dernier conseil à faire passer aux étudiants?

Bouger! Plus sérieusement, accordez-vous des pauses toutes les heures et profitez-en pour faire quelques pas. Il existe un lien entre le nombre d’heures passées assis et le développement de maladies cardiovasculaires. N’oubliez pas non plus de vous étirer, vous en tirerez un bénéfice énorme au niveau de la concentration.

Et pour les sportifs, essayez de convaincre votre entourage inactif de s’initier au mouvement. Ce qui compte, ce n’est pas de faire du sport à outrance, mais d’être actif. On conseille de bouger au moins trente minutes par jour. Bien sûr, celles-ci peuvent se fractionner tout au long de la journée.