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Dans la peau d'un explorateur



La spéléologie fait son entrée dans les sports universitaires

Une nouvelle activité vient étayer l’offre sportive des hautes écoles: la spéléologie. Il est désormais possible d’explorer grottes et cavités, gratuitement sur simple présentation de sa carte d’étudiant, en compagnie de professionnels chevronnés. Pour en savoir plus, nous avons suivi les traces de Didier Kessi, président de la Société Suisse de Spéléologie. Le temps d’une interview, il nous entraîne dans son monde souterrain et solaire à la fois.

Quelles sont les principales qualités requises pour pratiquer la spéléologie?

Ce sport n’exige aucune compétence spécifique préalable. Tout un chacun peut accéder au monde souterrain. Il suffit d’en avoir envie. Mais s’il faut vraiment mentionner une qualité, je dirais la faculté de savoir renoncer. Sous terre, on ne force jamais; si cela ne va pas, il ne faut pas s’acharner. Et cela même si on a effectué plusieurs heures de marche d’approche. Le spéléologue est quelqu’un de très prudent.

La spéléologie inclut, tout de même, des efforts exigeants (marche, escalade, reptation), faut-il être en bonne condition physique pour l’exercer?

Comme pour tout sport. Cependant, il n’est nul besoin d’être Wonder Woman ou Superman pour faire une virée sous terre. Physiquement, on peut comparer la spéléologie à un sport d’endurance, comme la randonnée en montagne.

Faut-il forcément être un passionné du monde souterrain pour exercer ce sport?

C’est plus la curiosité qui pousse les gens vers cette activité, la passion vient après. Une fois que l’on a découvert les merveilles qui se cachent sous nos pieds, on se prend vite au jeu.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune désireux de se lancer à l’assaut des grottes?

Ne pas hésiter à contacter un club pour faire une visite d’initiation. C’est gratuit et ça laisse un bon souvenir. La spéléologie est peut-être la dernière activité accessible qui permet à chacun de se glisser dans la peau d’un explorateur. Et le terme n’est pas usurpé! En Suisse, chaque année plusieurs kilomètres de galeries inconnues sont découverts.

La spéléologie est-elle un sport «à la mode» auprès de la jeunesse?

Ce n’est pas vraiment un sport connu. De plus, la presse a tendance à coller une étiquette de casse-cou au spéléologue, ce qui est totalement faux. Il n’y a pas eu d’accident en Suisse depuis des années. Cependant, si les jeunes sont nombreux à profiter des passeports vacances pour découvrir le monde des cavernes, rares sont ceux qui rejoindront un club par la suite, trop pris par d’autres activités.

D’un point de vue plus scientifique, quelles sont les dernières découvertes effectuées sous nos pieds?

Il y en a plusieurs. Chaque année de nouveaux gouffres s’ouvrent et livrent leurs secrets. Pour n’en citer que deux, je dirais le Hölloch dans le canton de Schwytz et, plus près de chez nous, le Réseau des Fées à Vallorbe (VD).
Dans le premier, la barre des 200 kilomètres de galeries vient d’être franchie; ce qui la place au troisième rang des grottes les plus longues du monde.
Le Réseau des Fées, quant à lui, a été mis à jour en 2004. Aujourd’hui, ce sont plus de 17 kilomètres de galeries qui ont été explorés. On y trouve plusieurs rivières et des espaces dignes des grandes cathédrales. Récemment, on y a trouvé des ossements d’ours datant de 40 mille ans. Le réseau possède plusieurs entrées et promet encore de nombreuses découvertes ces prochaines années.