Regards d’ailleurs

Témoignages d'étudiants de tous azimuts venus étudier en Suisse

Kaja, étudiante en droit à l'Université Jagellonne de Cracovie et Louise, étudiante en littérature et linguistique à l'Université d'Aarhus au Danemark sont toutes deux en échange Erasmus et restent en Suisse pour respectivement une année et un semestre. Amine, originaire du Maroc et étudiant en physique, et Vincent, étudiant français en sciences criminelles, sont venus quant à eux faire l'ensemble de leurs études sur le territoire helvétique. etudiants.ch croise leurs regards sur les particularités du système académique suisse, la vie estudiantine et le pays en général.

Kaja

Katja

Louise

Louise

Le bouche à oreille

Les deux étudiantes Erasmus répondent évidemment qu'il s'agit d'améliorer leur français. «Dans le cadre de mes études, je cherchais un pays francophone, sauf la France que je connaissais déjà un peu; d'ailleurs, elle ne proposait pas d'universités intéressantes à mes yeux», explique Kaja. Curieuse, son choix s'est donc tourné vers la Suisse, dont elle ne connaissait que peu de choses. Même hésitation pour Louise qui a également préféré la Suisse à notre grand voisin français pour les mêmes raisons. Quant à Amine, baignant dans un système français, il se savait déjà prédestiné à partir à l'étranger pour continuer les études. «Après une tentative manquée d'intégrer une école française, je me suis inscrit à l'EPFL qui a une bonne réputation», souligne-t-il, ajoutant que de nombreux amis de sa famille y sont par ailleurs allés et ont fait donc marcher le bouche à oreille. Il précise par ailleurs qu'une très grande majorité d'étudiants marocains dans les lycées du système français savent qu'ils quitteront le pays, souvent pour la France ou le Canada. Plus décidé, Vincent opte pour la Suisse tout simplement car elle accueille l'une des seules écoles de Police scientifique en Europe. En outre, habitant juste de l'autre côté du lac en Haute-Savoie, il connaît bien le pays!

Représentation stéréotypée

Les étudiants interrogés semblent avoir partagé une vision similaire des terres helvétiques qui n'échappe pas aux fameux stéréotypes: la Suisse est un pays de montagnes, de chocolat et de banques! «Pour moi la Suisse c'était la vache Milka et les sports d'hiver!», déclare par exemple Amine. Pour Kaja, la Suisse était une sorte de «petit paradis», un peu «spécial» de par sa neutralité et sa fameuse démocratie directe, qu'elle connaissait bien, en tant qu'étudiante en droit. Comme toujours, la représentation qu'on se façonne d'un pays diffère de la réalité; où sont les vertes prairies et les cors des Alpes? Mais dans tous les cas, tous s'accordent sur un même constat: la Suisse est vraiment chère! Louise, qui était venue une seule fois auparavant, savait qu'il s'agissait d'un pays aux prix élevés, mais une fois installée, elle fut encore plus abasourdie de ce fait. Côté études, calme plat... Souvent, dans l'imaginaire collectif, on peut se représenter la Suisse comme un pays tranquille et plutôt lent, fidèle en somme à sa sainte neutralité. Une ambiance pas vraiment tonitruante qui pourrait se transposer dans les cours universitaires, complètement opposée à un style nord-américain, par exemple, beaucoup plus dynamique et communicatif. Louise remarque cette tendance plutôt calme en Suisse: «I ci, certains cours sont parfois très longs. Un professeur peut parler pendant deux heures sans s'adresser aux étudiants. Au Danemark, c'est plus interactif; par exemple, quand
un prof pose une question et que personne ne répond, il désigne automatiquement quelqu'un au hasard et on est forcé à parler... Il y a plus de dialogue.» Par ailleurs, Louise souligne que le rapport à l'enseignant n'est pas du tout le même dans son université où le tutoiement est de mise. «Il y a moins de distance avec le prof, qu'on appelle aussi naturellement par son prénom. L'ambiance de classe est plus sympa, mais peut-être moins disciplinée. Le prof doit souvent intervenir!»

Kaja a quant à elle un avis complètement différent sur le déroulement des cours. Contrairement à la Pologne, elle remarque en Suisse un dialogue étudiant-professeur plus aisé. «Un prof en Pologne est comme un saint! Il n'est pas aussi accessible qu'on le veut, alors qu'ici on peut l'interrompre facilement pendant son cours pour poser des questions.» Kaja impute cette distance à une société polonaise encore très hiérarchisée, où le statut de professeur est très prestigieux.

Kaja remarque également plusieurs différences d'ordre «structurel», comme l'utilisation très poussée de supports informatiques et d'Internet, ou encore l'octroi de grandes pauses hivernales et estivales dédiées à la révision des examens, contrairement à la Pologne où ces derniers s'enchaînent directement aux cours. Louise quant à elle regrette peutêtre un manque d'utilisation de supports: «Contrairement, au Danemark, presque aucun prof n'utilise de craie pour écrire au tableau». Ce qui peut parfois poser d'évidents problèmes lorsque le français n'est pas la langue maternelle.

Vincent

Vincent

Amine

Amine

«Pas assez de contacts»

Est-ce qu'on sait faire la fête en Suisse? Une question définitivement primordiale, les études ne pouvant se concevoir sans les fameux raouts estudiantins!

Kaja ne cache pas sa volonté de profiter au maximum de son séjour: «En Pologne, j'étais très concentrée sur mes études, et ici, je le suis toujours, mais c'est l'occasion de compenser». Vincent apprécie tout autant le cadre naturel de Lausanne et ses nuits mouvementées. «En plus, nous avons deux campus en un (l'UNIL et l'EPFL) et donc encore plus d'opportunités!» complète-t-il.

Aussi, les associations des étudiants en échange organisent de nombreuses fêtes et activités. «Mais les étudiants Erasmus ont tendance à rester souvent ensemble, il n'y pas assez de contacts avec les étudiants d'ici», déplore toutefois Kaja. Ce constat est partagé par Louise: «Les contacts dans les cours à l'uni ne se font pas facilement, alors on reste toujours avec les autres étudiants en échange, c'est dommage...».

Le sens de l'hospitalité

Un dernier aspect remarqué par tous: une population locale accueillante. Kaja est très enthousiaste à ce sujet et montre qu'elle fut vraiment «émerveillée» par la gentillesse et surtout la politesse des gens. Louise explique également que les gens sont à son avis enclins à aider, ce qui est plutôt réconfortant lorsqu'on arrive de loin.

Enfin, Amine et Vincent, qui passeront la totalité des études en Suisse, affirment en tout cas vouloir rester un moment après leur diplôme. Vincent pense continuer une année ou deux, «si on me propose un job, afin d'avoir une expérience professionnelle». Même chose pour Amine, qui pense rester quelques temps afin d'acquérir de l'expérience. «Tout dépend des événements de la vie... Je n'exclus pourtant pas un retour au Maroc, pour retrouver ma famille et s'il y a de bonnes opportunités de carrière.»