Bouger, c'est résister!

Palestinian Circus School fait son show à travers la Cisjordanie


Ils s’appellent Baher, Ibrahim, Moahammad, Lour ou Sharaf. Visages rieurs et taches de rousseur, ces gamins vibrionnants sont l’âme de la Palestinian Circus School basée à Ramallah. Cette école, c’est l’histoire d’une rencontre, celle d’un jeune comédien palestinien - Shadi Zmorrod – qui se rêvait artiste de cirque – et de sa belle tout droit venue du Plat Pays – Jessika Devlieghere – tombée en amour pour ce coin de terre. Une success story initiée en août 2006 qui n’a de cesse de repousser les barrières de l’occupation. La culture comme moyen de survie. On n’a rarement trouvé mieux.

«Avoir des projets, c’est refuser l’état de fait. Mille et un tracas obèrent le quotidien en Cisjordanie où le moindre déplacement se mue en véritable odyssée. Ce qu’on veut, c’est aller vers les gens, leur offrir une bulle de légèreté dans un univers frappé par l’isolement, la pauvreté, le deuil.  Depuis trois ans, c’est le credo de Shadi, Jessika et de leur troupe forte de quatre-vingt apprentis acrobates. Monocycle, trapèze, tissu aérien, ici on touche à tout, une polyvalence appréciée des enfants à la curiosité sans bornes.

Toujours plus d ’adeptes

L’engouement pour les arts du cirque ne se dément pas parmi la jeune génération. Deux clubs satellites ont vu le jour, à Jénine et à Hébron. Mays, Fadi et Nayef y dispensent leur savoir-faire tout au long de l’année, assistés durant l’été par des professionnels étrangers. C’est qu’août arrivé, l’école se fait nomade, sillonnant les Territoires occupés. Bethléem, Naplouse, Hébron, Jénine, Jéricho et Ramallah, six dates phares pour un spectacle entièrement gratuit!

Ecole mobile et gratuite

Une gratuité à laquelle tiennnent Shadi et Jessika, soucieux de partager leur amour de la piste avec le plus grand nombre. Mais à quel prix? «Des organismes internationaux se sont engagés à soutenir l’institution durant trois ans, nous allouant 45 % du budget. Quant au cirque mobile, il bénéficie de la générosité d’un riche mécène indigène. On s’en sort donc assez bien, même si toute aide nouvelle est la bienvenue.»

Maman Jessika peut être optimiste. Le renom de son bébé a déjà largement dépassé les frontières cisjordaniennes.

Après une tournée triomphale en Belgique et en France en 2007, c’est l’Allemagne qui, cette année, a accueilli les apprentis comédiens. «Behind the Wall», un titre aux résonances non fortuites. Là aussi une histoire de mur. Dont la destinée, vingt ans après, laisse planer l’espoir.

L’UNINE y était


Août 2009: le projet «Reporters de paix» se concrétise en Israël et en Cisjordanie. Lancé par l’ONG française «Génération Palestine», celui-ci s’adresse à des
apprentis journalistes de Belgique, de France et de Suisse désireux de s’engager sur le terrain des droits humains. Epaulés par quelques professionnels des médias, la vingtaine de participants a oeuvré de concert à la réalisation d’un webdocumentaire paru à l’automne.

... Pour témoigner

L’objectif de cette plongée en «Terre ceinte»: rendre compte du quotidien dans les Territoires occupés, souvent oppressant, mais teinté aussi d’espérance. La toute jeune Académie du journalisme et des médias de l’université de Neuchâtel (AJM) en était, représentée par trois de ses étudiants. Enthousiastes, ceux-ci espèrent bien renouveler cette riche expérience humaine l’été prochain. Pour montrer que journalisme et engagement font toujours bon ménage...