Au pays de tonton Sam

ou le rêve américain de marie

Oyez oyez, braves étudiants à l'affût d'exotisme utile (comprendre: partir étudier à l'étranger). Partir, c'est mourir un peu? («mais mourir, c'est partir beaucoup», sacré Alphonse Allais, dans ses Pensées). Demandons plutôt à Marie, une Française de 28 ans, qui a effectué une grande partie de ses études aux Zétazunis (une vieille obsession et/ou un vieux rêve ), chez les cow-boys en Oklahoma, à Stillwater (pas loin du bled de Brad Pitt, mais c'était pas son genre; elle préfère les bruns ténébreux méridionaux).

Stillwater... mais était-ce vraiment une eau calme ? Tout a commencé en 1999 (autant dire le siècle dernier, ça ne rajeunit personne). Marie venait de boucler son D.E.U.G (diplôme d'études universitaires générales) d'anglais en France, à l'université de Strasbourg.

Revenons à nos cow-boys. Le DEUG ponctue les 2 premières années universitaires françaises, et Marie s'est donc envolée à l'OSU (Oklahoma State University) de 1999 à 2000 pour sa licence d'anglais dans le cadre du programme d'échange Exchange Mid America Universities International (MAUI) -Utrecht Network. Eh bien oui, y a pas qu'Erasmus dans la vie estudiantine.

Si vous rêvez de voir des profs à la Robin Williams (dans Le cercle des poètes disparus) qui se veulent proches des étudiants, toujours prêts à papoter en fin de cours (comme dans les séries de notre adolescence) en vous disant «Can I see you a moment please?» parce qu'ils ont  senti comme un flottement dans votre attention, vous savez où vous inscrire... Si vous rêvez d'aller voir un rodéo comme on irait skier dans nos contrées, idem! Si enfin vous rêvez d'éblouir vos condisciples et les autochtones avec votre seul accent francophone (et un chewing-gum -sans le mâcher «mauvaise façon» - en guise de signe de volonté d'intégration), il ne vous reste plus qu'une seule chose à faire...

En 2000, Marie est sagement rentrée chez elle pour philosopher sur les effets de la bombe atomique d'Hiroshima sur la société américaine pour sa Maîtrise, pardon son Master (sauce bolognaise oblige).

Puis, histoire de fuir les marchés de Noël ou le nord-est, Marie est descendue dans le sud, chez les marmottes, à Foix (Ariège), près de Toulouse pour un DESS (diplôme d'études supérieures spécialisées) en «Industries du tourisme».

Mais attendez, l'aventure américaine ne s'arrête pas là (je vois bien que la France ne vous fait pas rêver). DESS en poche, Marie est repartie en Oklahoma. Pour la qualité de l'enseignement? La qualité de vie et le bon sens des cowboys? Pour un brun ténébreux méridional? Pour son CV? Pour tout ça à la fois? Je vous laisse deviner!

Comeback à l'OSU (de 2002 à 2004) pour un Master's Degree in International Studies (au sein de la School of International Studies) avec une spécialisation en préservation du patrimoine écologique et culturel (quelle fine mouche, cette Marie, je l'ai toujours dit, une quasi visionnaire : avec le foin qu'on nous fait - à juste titre - sur le développement durable, maintenant).

Ses années américaines ne s'arrêtent pas là puisqu'elle a décroché (dès la fin de ses études! On est verni ou on ne l'est pas) un job au Study Abroad Office of OSU (eh bien quoi! je croyais que vous étiez branchés international, bon, je traduis: le bureau des échanges internationaux).

Bref, Marie a travaillé 2 années dans le bureau qui l'avait accueillie du haut de ses 20 hivers; si ce n'est pas une boucle bouclée, ça?! Depuis? Eh bien! Peu de choses auraient pu la faire décoller des USA ! Et qu'est-ce qui l'a fait décoller?

Je vous le donne en mille et j'imagine d'ici vos mines réjouies: la SUISSE!!!! Sa qualité de vie (incontestable)? Ou ses paysages idylliques? Ou le brun ténébreux méridional qui y a dégoté un job (et que leur petite fille d'un an puisse grandir sous les cimes enchanteresses bernoises)? Ses lacs sur-lesquels-le-temps-suspend-son-vol? Ou tout ça à la fois?

La morale de cette (authentique) histoire, c'est que nous sommes bel et bien de l'étoffe dont sont faits nos rêves (Shakespeare) et - je traduis ce que j'en ai compris - que simplement ne pas les perdre de vue suffit souvent à ce que le reste suive ! Essayons, que diable, qu'est-ce qu'on risque?