Assistant-étudiant, c’est quoi?

Manon, 24 ans, étudiante en Lettres à l'UNIL et chargée d'un mandat de communication à 30% à l'EPFL pour le site EspacesTemps.net

Comment es-tu devenue assistante?
C'est une suite de hasards. J'ai fait un stage organisé par le service d'orientation et conseil, dans la communication à LaRevueDurable. C'est en tenant un stand pour eux que j'ai fait la connaissance de la secrétaire de rédaction d'EspacesTemps.net, une revue interdisciplinaire de sciences sociales en ligne. Elle m'a parlé d'un petit poste qui se créait ; mes expériences professionnelles et mes domaines d'études les ont intéressés et j'ai été engagée.

Les relations avec les profs ont-elles changé?
Je n'ai jamais eu de cours avec le prof pour lequel je travaille, donc non. Mais c'est assurément une autre manière de rencontrer un professeur ordinaire.

Ta vision des études a-t-elle été modifiée?
Après six ans à l'uni, ma vision des études s'est forcément modifiée, je suis plus exigeante envers ce qu'on m'enseigne. Mais ça n'a pas attendu que je devienne assistante-étudiante.

Y a-t-il une forme de défi dans l'assistanat?
Comme dans tout job.

Quels sont les avantages et les inconvénients?
Ce sont un peu les mêmes…rester dans le secteur académique et côtoyer des chercheurs/euses en sociologie urbaine: passionnant et dangereux.

Comment gérer le travail supplémentaire et les études?
J'ai toujours bossé en parallèle à mes études, alors c'est rien de vraiment nouveau. Si je pouvais, je dirais grâce à beaucoup de discipline et un sens très développé de l'efficacité. Mais au final, c'est en repoussant la fin des études et en vivant surbookée, surtout que ce n'est pas mon seul job à côté de mes études et que je tiens à ma vie sociale. Avec Bologne, ça va être de moins en moins facile de faire ce genre d'arrangements.

Vas-tu rester dans la veine académique?
On verra. En l'occurrence, mon travail n'est pas directement académique, j'aime assez ce compromis.

 
 
 

Aurélien Buffat, 24 ans, assistant diplômé à l'Institut d'Etudes Politiques et Internationales (IEPI), Faculté de Sciences Sociales et Politiques de l'UNIL

Comment es-tu devenu assistant?
J'ai d'abord été engagé lors de ma dernière année d'étude comme assistant-étudiant (40%) par un professeur chez qui j'avais fait un bon séminaire. J'ai en même temps fait mon mémoire avec lui et une fois la licence obtenue, il m'a proposé de m'engager comme assistant diplômé et de commencer une thèse sous sa direction.

Les relations avec les profs ont-elles changé?
Je trouve qu'elles changent pas mal, effectivement. Tu n'es plus l'étudiant du coin fondu dans la masse: tu fais des recherches, t'enseignes, etc. Deuxièmement, tu les idéalises aussi un peu moins car t'es plus tout à fait dans la relation de prof à élève. Tu les vois aussi à l'œuvre dans la richesse et le côté plus trivial de la vie organisationnelle courante de tout institut universitaire.

Ta vision des études a-t-elle été modifiée?
Oui, beaucoup. En devenant assistant, tu te rends compte que l'organisation et le contenu des études sont pas mal déterminés par plein d'autres considérations que tu ne peux pas vraiment voir: les luttes entre des conceptions différentes du cursus, la défense de postes, les orientations et aléas de la politique universitaire, etc.

Y a-t-il une forme de défi dans l'assistanat?
Ah oui, surtout si tu fais une thèse, c'est le gros challenge ça ! L'enseignement aussi, y a un côté challenge, surtout la première fois que tu te retrouves devant un auditoire d'étudiants qui attendent de la matière, qui posent des questions, etc. Là, c'est mieux d'assurer, disons.

Quels sont les avantages et les inconvénients?
Une paie confortable à la fin du mois... Surtout, on est assez libre dans notre travail: on va pas contrôler tes horaires, tu timbres pas, tu peux poser tes vacances plutôt facilement. Les inconvénients: le sens commun qui a tendance à percevoir l'assistant comme un mec qui fait des photocopies et amène le café à son prof…Plus sérieusement, peut-être le risque d'être trop pris dans l'académique (ça peut créer des ornières sur le monde dit «réel», encore que j'aime pas cette séparation un peu stupide).

Comment gérer le travail supplémentaire et les études?
Moi ça allait, j'étais qu'à 40 % et c'était assez flexible, j'avais seulement le mémoire et quelques cours à finir. Et à la limite, ça se complétait bien: je bossais directement pour mon prof de mémoire, donc j'avais un accès privilégié en quelque sorte.

Vas-tu rester dans la veine académique?
Oui, en tous les cas jusqu'à la fin du contrat d'assistant et la soutenance de thèse que j'espère réussir ! Après on verra selon les possibilités qui s'ouvrent mais pouvoir poursuivre l'aventure académique me plairait beaucoup. C'est, disons, l'objectif principal.

Nicolas Guyot, 29 ans, étudiant en Master de Droit à l'UNISG, ancien assistant en Médecine à l'UNIGE

Comment es-tu devenu assistant?
Par les petites annonces, sur le site emploi de l'UNIGE. Après une licence en biologie, j'ai recommencé des études de droit. J'ai donc travaillé trois ans à mi-temps comme assistant à la faculté de Médecine de Genève, pendant mon Bachelor en droit.

Les relations avec les profs ont-elles changé?
Oui, naturellement. Je trouve les profs beaucoup plus sympas et marrants maintenant.

Ta vision des études a-t-elle été modifiée?
Oui. Je me suis rendu compte de la quantité de travail qu'il peut y avoir pour quelques heures de cours, et les moyens mis à disposition pour l'enseignement et pour les étudiants. En médecine c'est vraiment pas mal.

Y a-t-il une forme de défi dans l'assistanat?
Pas plus qu'ailleurs, non ? Dans mon cas, je trouvais les exigences assez élevées sur le moment. Après coup, je pense que c'était très raisonnable. Par contre, je n'ai pas vécu de compétition entre assistants.

Quels sont les avantages et les inconvénients?
Les avantages sont une grande liberté d'organisation, un bon salaire, un horaire et des pauses de fonctionnaire, un environnement de qualité avec des gens très intéressants et souvent stimulants, et des taxes universitaires 10x moins chères (en tout cas à Genève). Je ne vois pas vraiment d'inconvénients… A part peut-être celui qui est que le «Nebenjob» est aussi à l'Uni, ce qui fait qu'on finit par passer beaucoup de temps à l'Uni.

Comment gérer le travail supplémentaire et les études?
A vrai dire, c'est assez contraignant et astreignant.

Vas-tu rester dans la veine académique?
J'aimerais changer de veine. Mais je trouve vraiment bien de pouvoir garder un contact avec l'université. L'enseignement à l'uni est chouette ! En droit par exemple, beaucoup de profs ont également une étude en ville. Je trouve ça très bien, et pour eux et pour les étudiants.

Philippe Kocian, 27 ans, assistant-doctorant en physique à l'EPFL

Comment es-tu devenu assistant?
C'est une proposition qui nous est faite en fin de deuxième année d'études. Personnellement, j'étais davantage au courant car l'un de mes frères, qui a aussi étudié la physique à l'UNIL, a fait de l'assistanat avant moi.

Les relations avec les profs ont-elles changé?
En faisant de l'assistanat, on est un peu plus connu des profs et on sort un peu de toute cette masse d'étudiants. On commence à avoir une relation un peu plus personnelle. Cela permet peut-être de se décider dans quel domaine on fera son diplôme, chez qui on voudrait le faire.

Ta vision des études a-t-elle été modifiée?
Parfois, on dit pour rire que le fait d'enseigner une branche ou un domaine permet enfin de les comprendre...

Y a-t-il une forme de défi dans l'assistanat?
Oui, quand même. On a envie d'apporter le maximum à l'étudiant, de telle sorte qu'il comprenne les choses et surtout qu'il se sente toujours respecté. Il faut apprendre à avoir de la délicatesse pour sentir quand un étudiant n'ose pas poser de questions.

Quels sont les avantages et les inconvénients?
Les avantages sont assez évidents. On apprend à se connaître davantage soi-même. On sait ce que l'on vaut et surtout on apprend la modestie ou du moins, on devrait l'apprendre…car il faut accepter de savoir qu'on ne sait pas toujours répondre à une question.

Comment gérer le travail supplémentaire et les études?
On pense toujours que les étudiants ont énormément de travail et qu'ils n'ont pas le temps pour autre chose. Mais les étudiants ont toujours le temps pour sortir le soir, même en semaine, surtout en semaine. En s'organisant, on constate qu'on a plein de petits moments de libre durant lesquels on peut faire le travail d'assistanat… Corriger un rapport de travaux pratiques dans le train, le bus ou le métro, etc.

Vas-tu rester dans la veine académique?
Pour le moment, je continue dans le domaine académique, puisque je fais un doctorat à l'EPFL. A terme, je pense que je ferai de l'enseignement… au gymnase, sans doute... Entre-temps, je pourrais travailler quelques semaines dans le sociohumanitaire, ou être musicien de rue (là, j'rigole, je crois que je m'embêterais plus vite que ça).