Giorgio Margaritondo

la rubrique 360° présente les hautes écoles romandes en mettant en avant leurs spécificités


Interview du professeur margaritondo, vice-président en charge des affaires académique de l'epfl

Professeur Margaritondo, quels sont les projets de l'EPFL aujourd'hui?
Nous avons actuellement de nombreux points de préoccupation quant à la vie du campus. Nous avons projeté toute une série de constructions pour modifier l'aspect extérieur, mais aussi l'aspect social de l'EPFL afin d'en faire un endroit vivant 24h/24h et 365 jours par an. Cela passe par de nouveaux logements et des structures sociales. Mais le but n'est pas de créer un ghetto, nous voulons lier l'école à des activités sociales, intellectuelles et sportives annexes.

Ce qui veut dire que vous souhaitez mettre des discothèques dans l'EPFL?
Exactement: des discothèques, des restaurants, des clubs, etc. Tous ces projets sont prévus idéalement sur une échelle de 4 ans.

Et d'un point de vue scientifique, quelles sont vos priorités?
Il ne s'agit pas d'une question de priorités, mais de lancer de nouvelles directions qui n'existent pas encore, la principale étant la nouvelle Faculté des Sciences de la vie, une expérience unique entre les sciences de la vie, les sciences de base et les sciences de l'ingénieur. Nos autres priorités sont l'informatique et la communication, mais toujours sur des points précis, comme la sécurité ou encore le design industriel. A ce niveau, les nouveaux liens tissés avec l'ECAL sont prometteurs. Sans oublier les nanotechnologies...

Ces projets vont sans doute lancer de nouvelles collaborations...
Tout à fait. Dans ce domaine, notre partenaire principal sera l'Université de Neuchâtel, et plusieurs HES au niveau suisse. Nous voulons profiter de ce qui existe déjà, mais dans une approche ciblée.

Au niveau des HES, doit-on imaginer que certaines branches changent de mains, comme ce fut le cas à Zurich lorsque l'EPFZ transféra une de ses chaires aux Hautes écoles spécialisées?
Des opérations du même type pourraient être envisageables pour d'autres domaines. Mais pour l'instant, nous n'avons pas de discussion sur des cas de transferts.

Comment imaginez-vous le paysage des Hautes écoles suisses dans 10 ans?
D'ici 5 à 10 ans, il faudra voir quel sera le rôle d'initiatives équivalentes aux HES dans d'autres pays que la Suisse. A mon avis, les HES sont une richesse importante à l'échelle nationale, et d'autres pays vont se lancer dans cette direction. Tout cela aura bien sûr des répercussions dans notre pays. Sur ce point, c'est la grande inconnue...

Et du point de vue des universités romandes?
Si la question concerne un éventuel regroupement de toutes les sciences à l'EPFL, au détriment des universités, personnellement je n'y crois pas. On n'a pas besoin d'un plus gros centre dans notre région. Il faut trouver des synergies, mais il ne faut pas imaginer que nous allons au devant d'autres opérations sur la base de ce qui a été fait entre l'UNIL et l'EPFL avec le transfert des Mathématiques et de la Chimie (voir etumag 006). Ce cas était évident car on était à 100 mètres de distance... Mais nous allons encore approfondir la collaboration avec l'UNIGE et l'UNINE.

Et en ce qui concerne l'Ecole polytechnique de Zurich?
L'arrivée du nouveau Président Ernst Hafen a créé de nouvelles opportunités sur le plan de la collaboration. Nous avons commencé des discussions régulières pour coordonner et éviter des compétitions inutiles sur des initiatives importantes. Il s'agit d'une vraie collaboration avec un esprit d'amitié...

Les médias parlent très souvent de rapports tendus entre l'EPFL et les autres écoles...
Je suis toujours surpris par la tendance des médias à amplifier les petites tensions, et négliger les alliances et les amitiés. Les journaux ne parlent jamais de nos projets et de nos collaborations, comme le centre d'imagerie biomédicale ou les transferts de facultés, et c'est dommage, car nous n'avons jamais eu autant d'interactions avec les universités de Genève, Lausanne ou l'Université de Neuchâtel. Résultat, nous traînons cette image de guerre civile auprès du public, ce qui mène à des choses malheureuses comme le résultat négatif de la votation de l'animalerie. C'est très frustrant!

Quelle est votre image de l'étudiant type?
J'espère bien ne jamais en avoir un ! Pour moi il doit être sans modèle avec des caractéristiques, être cosmopolite, ouvert, jamais passif, avec une forte base scientifique et technique qui lui permettra de changer de domaine et d'adapter sa carrière sans se retrouver dans des conditions de sur-spécialisation. Et pour la moitié... des femmes!

Avez-vous un message pour les étudiants?
Nous travaillons afin de transformer votre expérience «scolaire» en expérience de vie des plus enrichissantes. J'aimerais beaucoup être étudiant aujourd'hui !

Et pour ceux qui n'ont pas choisi l'EPFL?
Le message est très clair: il ne faut pas avoir peur de l'EPFL ! Nous projetons une image fausse d'une école d'élite, qui empêche certains étudiants de commencer alors qu'ils pourraient très bien réussir. Il ne faut pas être des Einstein pour venir à l'EPFL – juste avoir envie. Alors... essayez !