Un triangle d'or pour crypter l'information

L'UNIGE déploie le premier réseau quantique durable

En mars dernier, dans le cadre du projet SwissQuantum, l’Université de Genève (UNIGE) et ses partenaires ont déployé un réseau quantique pilote. Il est aujourd’hui mis en œuvre et restera opérationnel durant plusieurs mois, pour servir à la recherche, au développement, à des démonstrations et activités de formation dans le domaine des communications quantiques. Visible dès ce jour, un site Internet présente le projet et les performances du réseau.

SwissQuantum est un projet lancé lors des élections fédérales d’octobre 2007, qui consistait à sécuriser, par cryptage quantique, un lien critique existant entre le lieu du dépouillement et le centre de calcul de l’Etat de Genève. Ce mode de faire est désormais utilisé pour les élections genevoises : il a notamment servi pour la Constituante en automne 2008 et servira, en octobre prochain, à l’occasion des élections cantonales.  Or, un nouveau réseau pilote de cryptographie quantique, déployé par l’UNIGE dès aujourd’hui, sera, lui, opérationnel durant plusieurs mois. Il servira pour des activités de recherche, de développement, de démonstration et de formation dans le domaine des communications quantiques.

La physique du secret

Technologie exploitant les lois de la physique quantique pour garantir la confidentialité de communications transmises au travers de réseaux optiques, la cryptographie quantique fait l’objet de travaux de recherche depuis une quinzaine d’années. Jusqu’à présent, les efforts des spécialistes se sont concentrés sur les applications dites « point à point ». Si quelques réseaux quantiques comportant plus de deux nœuds ont déjà été déployés (aux Etats-Unis, en Europe, en Afrique du Sud et en Chine), leur utilisation n’a jamais dépassé quelques semaines et relevait de démonstrations plus ou moins artificielles.

Le triangle quantique

Le réseau SwissQuantum comporte trois noeuds situés dans la région genevoise : à l’UNIGE, à l’Ecole d’ingénieur-e-s de Genève et au CERN. Ces noeuds forment un triangle et sont connectés par des fibres optiques conventionnelles mises à disposition par le Centre des technologies de l’information de l’Etat de Genève. Le réseau est notamment sollicité pour sécuriser une liaison à haute vitesse (10 gigabits) entre le CERN et l’UNIGE. Il revient à l’Ecole d’ingénieur-e-s de Genève de tester et valider les performances du réseau, ceci de manière indépendante. D’autres services cryptographiques sont aussi disponibles sur le réseau.

Une technologie sûre

Ces derniers mois, plusieurs articles mettant en cause la sécurité de la cryptographie quantique sont parus dans la presse non spécialisée. Il est important de rappeler que les vulnérabilités qui y étaient présentées n’ont pas trait au principe de la cryptographie quantique, mais à certaines implémentations connexes. La présence de failles dans une implémentation est un problème qui concerne tous les systèmes de sécurité, fussent-ils basés sur la cryptographie classique ou quantique.

La cryptographie quantique permet d’échanger une séquence de bits aléatoires et de vérifier qu’elle ait bien été interceptée. Une fois sécurisée, on a recours à cette séquence comme clé de chiffrement. Or, contrairement à la sécurité relevant des techniques conventionnelles d’échanges de clés, techniques basées sur des hypothèses mathématiques non démontrées, la sécurité découlant de la cryptographie quantique est démontrée de façon formelle. C’est la raison pour laquelle cette technologie seule garantit une sécurité à long terme.

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