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Cherté, ponctualité, neutralité

LA SUISSE DISSÉQUÉE PAR UNE ÉTUDIANTE D’AILLEURS

Fraîchement débarquée de son Portugal natal, Joana do Mar a élu domicile au cœur de Lausanne. L’étudiante en technique de radiologie médicale est venue en Suisse terminer sa formation et effectuer un stage au CHUV, en vue d’obtenir une première expérience professionnelle. Son rêve? Obtenir son diplôme et trouver un job au Portugal ou à l’étranger, si la crise économique que connaît actuellement son pays ne se résorbe pas. Interview en compagnie d’une jeune femme posée, drôle et cultivée.

Pourquoi avoir choisi d’étudier en Suisse?

En réalité, je suis tombée dans votre pays un peu par hasard. Je désirais apprendre le français. J’ai alors déposé mon dossier de candidature dans différentes contrées francophones et obtenu une réponse positive de Lausanne.

Comment s’est déroulé l’apprentissage de la langue?

Une semaine avant mon départ, j’ai suivi un cours intensif de français sur cinq jours. Et, dès mon arrivée sur sol helvétique, j’ai commencé mon stage au CHUV. Au cours des premières semaines, je ne comprenais pas tout ce que me disaient mes patients. Il était alors difficile d’établir un vrai dialogue dans le sens où je craignais les incompréhensions. Un jour, par exemple, j’ai demandé à un des malades s’il avait besoin de quelque chose et il m’a répondu «oui, ton sourire». Comme je n’étais pas sûre d’avoir bien compris, je suis allée me renseigner auprès de mon collègue. Mais, au fil du temps, j’ai acquis les bases de votre langue et maintenant tout va bien!

Qu’est-ce qui t’a le plus surpris au cours de ton séjour?

La politesse. Ici, tout le monde se salue. À Lisbonne, par exemple, si je souris à un inconnu, il ne va pas me répondre par un bonjour comme c’est le cas à Lausanne. En Suisse, vous avez aussi tendance à dire merci même pour le moindre petit service rendu. Ce n’est pas le cas dans mon pays. Il est aussi de coutume de faire trois bises contre deux au Portugal.

Un point positif sur la Suisse?

Je dirais la densité et l’excellente organisation de ses transports publics. À Lausanne, je ne regarde jamais ma montre et les horaires si je veux emprunter le métro, tellement la cadence horaire est rapide. Autre élément agréable, ici je ne cours jamais après le temps car toutes les commodités sont à portée de main : magasins, pharmacies, école... Il n’y a pas besoin de perdre une heure en déplacement pour aller faire ses courses, par exemple. Sans oublier le calme et la vie paisible. En comparaison, Lisbonne est un endroit beaucoup plus bruyant.

Et négatif?

Le coût de la vie. Avec mon budget serré, il m’est impossible de faire des économies...

La Suisse, contrée du chocolat et du gruyère?

Je répondrai par l’affirmative. Vous faites, quand même, partie des nations qui consomment le plus de chocolat par habitant au monde (ndlr: environ douze kilos par personne, chaque année). Quant au fromage, je n’en raffole pas particulièrement mais j’adore la fondue (rires !).

Qu’est-ce qui te manque le plus chez nous ?

Ma famille, mes amis et mon petit ami. Sans oublier mon activité de pompier volontaire que j’exerce à Lisbonne.

De retour dans ton pays, quels sont tes projets?

Je suis actuellement en train de rédiger mon travail de Bachelor. Je le validerai au Portugal et, si tout va bien, j’obtiendrai mon diplôme. Ensuite, je chercherai de travail mais si je n’en trouve pas en raison de la situation économique du pays, je reviendrai peut-être en Suisse, qui sait ? MB