pratique

Étudiants stressés, riez!

Le rire au service de la relaxation

C’est un fait établi, nous rions de moins en moins. En réalité, trois fois moins que par le passé. Depuis une soixantaine d’années, nous sommes, en effet, passés de 18 minutes de franche rigolade par jour à 6 minutes. Et pourtant, le rire permet d’évacuer stress et tensions. Alors pourquoi ne pas se délier les zygomatiques en se rendant à une des nombreuses séances de yoga du rire proposées par les universités romandes? Pour vous, j’ai testé ces cours hauts en couleurs, pour le meilleur et pour le rire!

La leçon de rigolade commence par un échauffement en musique. Au programme: des pas de danse qu’il faut reproduire en tempo. Le rire me pend aux lèvres tellement j’ai l’air ridicule avec mes trois mesures de retard. Je n’ai jamais eu le sens du rythme. Et l’enseignante, Gabrielle Pignolet, de souligner qu’«il ne faut surtout pas tenter de contrôler gloussements et sourires mais les laisser venir à soi». Aucun risque de plomber l’ambiance par un fou rire incontrôlable. Ici, il est permis et même fortement recommandé de rigoler! Un entraînement spécifique est proposé pour stimuler le badinage. Nous nous mettons en cercle et frappons dans nos mains tout en répétant des «ho ho! ha ha ha!» Si la scène paraît surréaliste dans les murs du savoir, la rigolade, elle, a tôt fait de nous envahir. Après quelques élucubrations syllabiques, je n’arrive plus à me reprendre tant l’hilarité est grande. «La peur du lâcher prise peut freiner certaines personnes. Mais au bout du 3ème voire du 4ème exercice, le gloussement est bel et bien là», précise Gabrielle Pignolet. Le cours se poursuit par un travail sur la respiration et des massages sur nos mains visant à stimuler nos méridiens. Puis, l’enseignante propose de retrouver notre rire d’enfant, présent en chacun de nous. Comme dans une séance de relaxation classique, on s’allonge à même le sol. Mais, on laisse monter en nous l’allégresse. Certains s’y livrent avec une facilité déconcertante, d’autres, comme moi, éprouvent plus de difficultés. Au bout de dix minutes, une sensation plaisante nous envahit: un sentiment de détente et de plénitude. Et, pour terminer en bonne et due forme, un esclaffement collectif clôt la séance.


Thérapie par le rire

En créant des endorphines - hormones de la détente - le rire permet de diminuer le stress. Rigoler favorise, également, l’endormissement et la digestion. L’hilarité a aussi des effets positifs sur le système immunitaire, la circulation du sang et le muscle cardiaque. Au niveau sanguin, lorsqu’un fou rire nous prend, les artères produisent de l'oxyde nitrique, une molécule aux effets relaxants. Celle-ci agit de manière bénéfique sur les parois des vaisseaux sanguins en diminuant les risques d'obstruction des artères. Et le diaphragme, mis à contribution lorsqu’on rit, favorise une bonne oxygénation du coeur. Du point de vue purement physiologique, il n’existe aucune différence entre l’hilarité spontanée et la rigolade provoquée. Alors pourquoi se priver de séance de yoga du rire?


Pour la petite histoire

Convaincu que le bien-être passe aussi par le rire, Madan Kataria, médecin indien, décide de mettre sur pied des séances de rigolades collectives. Pour mener à bien son projet, il peut compter sur sa femme, Madhuri Kataria, professeur de yoga. Le premier club du rire voit le jour à Mumbai (Inde) le 13 mars 1995. Très vite, la méthode s’exporte et gagne le monde entier. On dénombre, à ce jour, plus de 10 000 clubs de rire présents dans 60 pays. Une école internationale du rire a même vu le jour en France en 2002. On peut y obtenir le titre très sérieux de docteur en «rigologie». La Suisse romande compte plus d’une vingtaine de centres dédiés à l’hilarité.


Un phénomène universel?

«Le rire est le propre de l’homme», disait Rabelais. Et… Il avait tort. Les primates sont, également, capables de rigoler. Le premier à avoir fait cette observation est Charles Darwin alors qu’il étudiait une population de grands singes.

Primatologue et psychologue à l’Université de Portsmouth au Royaume-Uni Marina, Davina Ross a comparé les gloussements de jeunes singes à ceux des bébés. Sa recherche a permis d’établir des similitudes entre la manière de rire des nouveaux-nés et celle des bonobos et des gorilles. La majorité des singes qui rient le font en inspirant et en expirant. A l’instar de l’être humain, les bonobos et les gorilles sont capables de glousser uniquement en expirant. Cela signifie qu'ils parviennent à contrôler leur respiration et à rigoler plus longtemps que d'autres primates.

Selon de récentes études scientifiques, des animaux plus petits comme les rats sont, également, capables de rigoler. Cette capacité est le fruit d’un apprentissage car à la naissance, le bébé n’est pas capable d’hilarité. Ce n’est qu’après six mois de vie que l’être humain peut être victime d’un fou rire. Comme quoi, en matière d’hilarité, rien n’est inné.