Confessions…

D’une accro au café

Je ne bois pas, je ne fume pas et je ne me drogue pas. Mais n’imaginez pas que je sois la femme parfaite. J’ai mes défauts, dont un et pas des moindres, je suis accro au café.

Un dealer au coin de la rue me propose un petit noir et hop je me retrouve au poste de police à expliquer que je n’étais pas en train de lui acheter un rail de coke mais bien de la poudre moulue noire. En soirée, je craque devant le premier venu qui m’invite à poursuivre la soirée devant sa machine à café, bizarrement située à côté de son lit. Une vie de tous les dangers !

De la caféine dans les gènes

Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours été bercée par l’odeur du moka. Du moulin à grains des années 20 de ma grand-mère à la machine dernier cri de Monsieur  Clooney - What Else ! -, j’ai vécu toutes les évolutions techniques de la boisson brune - ce qui ne me rajeunit pas d’ailleurs !

Mes premiers capuccinos? Je les sirotais à l’âge de quatre ans en cachette. Six ans plus tard, j’ai eu accès à ce précieux breuvage en toute légalité! Mais que font les services de protection de l’enfance ? Donner du café à une gamine de 10 ans, pas étonnant qu’elle vire alcoolo du petit noir.

A mon adolescence alors que mes amis prenaient une cuite à la bière, moi je me droguais au café pomme ! Jusqu’à mon entrée à l’université, j’ai réussi à limiter les dégâts mais passé le cap de la maturité ce breuvage m’a dévasté, pire qu’une marée noire.

Fort de café

Niveau études supérieures, il faut avouer que cette drogue douce se retrouve partout, difficile donc d’y résister. Du nectar brunâtre au goût de chaussettes de mon colocataire aux beuveries caféinées, sous forme de thermos en période d’examens, en passant par l’infâme machine à expressos qui nous nargue à l’entrée de la cafét, j’ai goûté à tout. Les bons jours, je carburais à 10 tasses en moins de 12 heures, les mauvais à 5.

J’ai bien essayé d’arrêter mais les symptômes de manque sont très vite apparus : céphalées à finir aux urgences, tremblements à penser être atteinte de Parkinson et surtout mauvaise humeur à finir par dormir sous un toit, chassée par mes colocataires en raison de mes crises de colère insupportables.

Pour me sevrer, je me suis rendue en Alaska, là où le café n’a pas le temps de chauffer qu’il est déjà transformé en glaçon. Beurk, le café froid, il n’y a rien de pire… Quoi de plus salutaire pour vaincre une telle addiction ! Durant douze mois - la durée de l’hiver en pays Inuït - je n’ai pas touché la moindre substance dopante.

Une boisson nommée désir

Ce qui m’a fait replonger ? Le film « Un tramway nommé désir » au programme du cours d’histoire du cinéma. 122 minutes de noir blanc, en VO et sans sous-titres, s’il vous plaît ! Pire qu’un « Un jour sans fin » qui, en son temps, avait cartonné au box-office. A ce train, sans café, c’était la somnolence assurée. Et comme la branche cinéma compte triple ce semestre. Il fallait bien un peu se doper! Et rebelote pour le cours de l’après-midi, un petit bien corsé pour bien digérer la matière.

Les jours se suivent et se ressemblent, j’ai continué à broyer mon noir. Les phases de désintoxication et de rechutes se sont succédées. Mais, aujourd’hui, je suis complètement guérie. Et, j’ose affirmer sans nulle crainte: Marie B, ancienne caféinodépendante et abstinente depuis trois minutes… au moins !