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Étudier le genre

Pour (re)penser la société

Le genre s’enseigne à l’école primaire, via de longues et pénibles leçons de grammaire. Qui ne se souvient pas de l’éternelle règle mainte fois rabâchée: l’adjectif s'accorde en genre et en nombre avec le nom qu'il qualifie. Mais, le genre s’apprend aussi dans les hautes écoles suisses. Zoom sur les gender studies.

Des études pour filles?

Les études genre, une matière réservée aux féministes et chiennes de garde? Pas si l’on en croit les statistiques puisque les cours proposés sont fréquentés autant par les filles que les garçons. En intégrant des disciplines allant de l’histoire au droit en passant par la sociologie, les programmes en études genre s’adresse tant aux hommes qu’aux femmes.

Naissance du phénomène

Ces études postulent que le sexe biologique, une donnée innée, ne correspond pas au genre, relevant de l’acquis. Elles sont nées dans le sillage des Women's studies à la fin des années soixante aux USA (voir: encadré). Le champ d’action de cette discipline? La prise en considération de l’élément genre dans l’étude des phénomènes sociaux. Les gender studies partent, en effet, du principe que les comportements liés à un sexe ne sont pas génétiquement déterminés mais qu’ils sont le fruit d’une culture particulière. Et correspondent à une réalité historiquement marquée.

Interdisciplinarité

En tant que grille de lecture du monde social, la notion de genre s’associe à d’autres disciplines telles la sociologie, l’anthropologie et l’ethnologie mais aussi l’histoire, le droit et la péda-psychologie. D’où la portée interdisciplinaire des études genre.

Appréhender l’actualité

Le genre étant un principe général d’organisation des sociétés, les gender studies s’axent sur des domaines aussi vastes que différents. Les études genre traitent, par exemple, de la construction des rôles sexués en philosophie, des représentations de genre dans les médias, des concepts de masculinité et féminité élaborés par la biomédecine ou encore de la communication entre hommes et femmes. Autant d’approches multiples et variées pour repenser la société passée, présente et future.

Une science récente

Au niveau bachelor toutes les Universités romandes proposent des cours en études genre à option. Il n’existe pas encore de programme spécifique en raison du manque d’effectifs. Les HES en santé social intègrent, également, la notion de genre dans leur plan d’études sans toutefois proposer un cursus formatif complet centrée sur cette discipline. Là aussi, le manque d’intérêt des étudiants pour cette matière se trouve souligné. Autre élément d’explication: les gender studies constituent une science toute jeune puisqu’elle a moins de cinquante ans. Discipline récente donc peu connue des jeunes en formation.

Masteuriser

Au niveau master, deux universités romandes proposent un diplôme de second cycle complet (90 crédits): Genève et Lausanne. L’Alma Mater fribourgeoise a mis sur pied un programme secondaire et de spécialisation à 30 crédits. Quant à l’Université de Neuchâtel, si elle n’a pas encore de cursus complet au niveau master, elle propose différents cours sur le sujet pour les étudiants de second cycle. L’offre de niveau master est, en règle générale, ouverte à n’importe quel étudiant titulaire d’un bachelor.

Docteur ès en études genre

Tu souhaites en savoir encore plus sur cette discipline? Il existe quatre écoles doctorales en Suisse proposant un programme de formation et de recherche sur la notion de genre. Ces institutions pédagogiques sont rattachées aux Universités de Bâle, Zürich, Berne, Fribourg, Genève, Lausanne et Neuchâtel.  Ces quatre centres spécialisés étudient le «phénomène genre»  sous différents angles allant de l’histoire sociale à la représentation genrée actuelle en passant par l’étude des comportements masculins et féminins.

Vision du futur

Niveau travail, les bureaux de l’égalité sont bien évidemment les premiers employeurs des étudiants en genre. Mais la formation interdisciplinaires ouvre les portes de métiers fort différents et variés: historien, sociologue, enseignant, consultant, chercheur… Le domaine des Organisations Intergouvernementales (OIG) fait aussi partie des débouchés des étudiants en genre.

Et oui, le genre ça s’apprend et pas uniquement par le biais de la féminisation des pronoms! Depuis quelques années en Suisse, les gender studies ont gagné leurs lettres de noblesse en intégrant les murs du Savoir. Le genre? Une discipline scientifique comme les autres… Ou presque!