dossiers

Chômeur et diplômé, un cocktail explosif

Dur, dur de trouver un travail à la fin de ses études

De nos jours, une formation supérieure ne garantit pas toujours une place sur le marché du travail et nombreux sont les jeunes à s’inquiéter pour leur avenir. Témoignage d’Aude, une ancienne «sans emploi» et éléments de réponse en compagnie de Jean-François Bleul, responsable de l'Office Régional de Placement (ORP) à la ville de Lausanne.

Six mois au chômage

Après avoir obtenu son diplôme au gymnase de Morges en Arts Visuels, Aude choisit de poursuivre ses études dans le domaine artistique. Durant un an, elle fréquente l'Ecal mais met un terme à sa formation. «J'ai fait une année propédeutique mais je n’ai pas aimé l'ambiance et cela ne se passait pas très bien. Du coup j’ai abandonné » explique la jeune femme.

L'échec digéré, l'étudiante s'inscrit alors à l’École Cantonale d'Art du Valais, obtient son bachelor et poursuit à la Haute École Pédagogique de Lausanne où elle décroche un master en art, en juin 2011. Pourtant, malgré ses qualifications, difficile pour elle de trouver un poste de professeure d'arts visuels. «Peu de places sont vacantes dans le domaine. De plus, je n'avais pas assez d’expérience» justifie-t-elle. «Je me suis alors inscrite au chômage mais je n'avais pas vraiment le choix... Ayant travaillé en même temps, cela ne me donnait pas l’impression de profiter du système», rétorque-t-elle lorsqu'on lui demande si un sentiment de honte l'a traversée au moment de son inscription. «Ayant une formation d’artiste et photographe, je n'avais aucune envie d’enseigner dans une autre branche à l’école. De plus, j'étais dans l'impossibilité de trouver une place en tant que photographe ou dans le domaine artistique malgré de nombreuses postulations. Et je n'avais pas forcément envie de finir caissière en ayant fait autant d’études.»

Passer par la case chômage lui a donc permis de faire un stage rétribué dans le monde du journalisme. Une activité qu'elle exerçait depuis quelques mois en tant que correspondante au sein d'un média régional. Son stage terminé, la jeune fille s'est vu offrir l'opportunité de signer un contrat de deux ans afin de devenir journaliste RP. Pour Aude, tout est bien qui finit bien. Mais combien de jeunes restent sur le carreau?

Explications du phénomène

Crise économique, choix du domaine de formation et absence d'expérience sont les raisons avancées par Jean-François Bleul, chef de secteur à l'ORP pour expliquer la constante augmentation du taux de chômage chez les jeunes diplômés.

Selon le responsable, il est en effet essentiel que les étudiants acquièrent de l'expérience professionnelle durant leur formation. «Toute opportunité de trouver un job pendant ses études est déterminante. L'employeur apprécie d'engager une personne qui a déjà été confrontée au monde du travail.» De plus, pouvoir attester de connaissances quel que soit le domaine est très porteur sur le marché. «Il ne faut pas hésiter à demander des certificats de travail, renchérit-il. «Tout job, qu'il soit ou non en lien avec le secteur d'études est un atout à faire valoir auprès de futurs employeurs.» Mais ce qui a véritablement bouleversé le paysage de l'emploi en Suisse, c'est la révision de la loi sur l'assurance chômage (LACI).

Ses conséquences

Depuis l'approbation par le peuple du référendum sur le chômage le 26 septembre 2010, les travailleurs âgés de moins de 25 ans touchent neuf mois d’indemnisation contre le double auparavant. Les jeunes sortant des études, quel que soit leur âge, doivent attendre  120 jours avant de toucher une aide. Ils bénéficient désormais de quatre mois d’indemnités contre douze avant la votation. «Tout est, cependant, mis en place pour aider les étudiants. Et, il y a toujours la possibilité de venir à l'ORP afin de bénéficier de conseils», conclut Jean-François Bleul.


Quelques chiffres

Selon l’office fédéral de la statistique, le taux de chômage des personnes diplômées des hautes écoles a légèrement augmenté en comparaison des années 2005 à 2007. Lors de la dernière étude effectuée pour l’année 2009, il s’élevait à 4.4%. D’après des informations révélées par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), les 15-24 ans seraient près de 22’000 à la recherche d’une activité professionnelle.