Yann Lambiel

Humoriste


Vous n'avez pas suivi de formation particulière. La scène incarne-t-elle une école de la vie?
Mon père étant peintre en bâtiment indépendant, pour moi un vrai métier était forcément un métier du bâtiment. J'ai donc fait un apprentissage de monteur en chauffage et installateur sanitaire. J'ai aussi fait une formation de musicien en tant que batteur, mais très courte. J'ai commencé à apprendre mon futur métier de saltimbanque avec un orchestre dans lequel je jouais de la batterie et chantaits! Etre dans un orchestre de baloche, c'est très instructif.

On y apprend à gérer les gens, à gérer son temps, à gérer l'emplacement idéal, les rentrées d'argent, les dépenses... Ce qui m'a beaucoup servi quand j'ai commencé à faire des animations en tant qu'imitateur ventriloque. Je faisais des mariages, des soupers d'entreprises, des anniversaires... Je crois qu'il est important pour un artiste de vivre quelques galères pour apprendre le métier. Parce que dans le spectacle comme dans la vie, on s'habitue très vite au confort. Mais on l'apprécie plus si on peut se souvenir de ne pas l'avoir connu à une époque et s'attendre à ne plus l'avoir un jour...

Si c'était à refaire, auriez-vous privilégié une formation artistique ou les sciences politiques?
Si c'était à refaire, je referais exactement la même chose. J'aime bien l'idée d'apprendre en autodidacte. J'ai acquis les connaissances politiques au cours des années en imitant les politiciens et j'ai évolué artistiquement en faisant des spectacles. La seule chose que je regrette, c'est de ne pas être parti en Angleterre à 20 ans pour apprendre l'anglais. C'est une lacune que je ne suis pas encore arrivé à combler.

Etes-vous amené à côtoyer de jeunes humoristes susceptibles d'incarner la relève romande?
Il y a une belle relève en Suisse romande. Les nouveaux s'appellent Jessie Kobel, Nathanael Rochat, Jean-Louis Dros, Samir... Mais la relève est plus inspirée par l'art du stand-up. C'est-àdire venir sur scène habillé comme dans la vie avec un micro à la main et faire des vannes. C'est très américain comme style d'humour et ça plaît beaucoup à la nouvelle génération. Moi je viens plus du music-hall et du cabaret. Mais finalement le but c'est de faire rire!