Pascal Couchepin

Ancien conseiller fédéral

Venant d'un canton périphérique, êtes-vous sensible aux coûts des études pour ceux qui doivent s'expatrier et parfois supporter d'importantes dettes au moment d'entrer dans la vie active?
Bien entendu, cette problématique m'interpelle. J'ai moi-même travaillé pour payer mes études à une époque où il était probablement plus facile de trouver des emplois en parallèle à la poursuite des études. Mais au-delà des coûts supplémentaires qu'induit cette situation, il faut y voir aussi un certain avantage. Que ce soit par le biais des études ou encore de l'obligation de faire l'école de recrue, ces expériences obligent les jeunes à couper le cordon ombilical et à se prendre en charge.

Comment faire revenir les jeunes diplômés dans les cantons périphériques?
A mes yeux, il ne s'agit pas d'un problème majeur. La vision qui consistait à naître dans un coin de terre et à y mourir est dépassée. Le nombre d'universitaires à travailler en Valais ne cesse d'augmenter. Ce sont des Valaisans, mais aussi des gens de l'extérieur. De même, de nombreux Valaisans travaillent hors du canton. Je ne vois aucun problème à ce brassage, tant que leur activité est utile. Nous ne sommes pas dans une logique de «brain drain».

Marché de plus en plus compétitif, durcissement de la loi sur le chômage... Etes-vous confiant pour la génération actuelle de jeunes en formation?
C'est effectivement une source d'inquiétude. On peut se demander si les recettes du passé continueront d'être fructueuses. Pour le moment, le taux d'emploi des jeunes diplômés est assez bon, même si certains ont besoin de plus de temps pour trouver un débouché en relation avec leurs études. La question est de savoir si l'économie sera capable de rester ouverte. Cela relève de la politique économique, mais aussi de la libre circulation des personnes. A mon sens, cette dernière est indispensable dans la mesure où les ressources internes de la Suisse ne suffisent pas. Elle permet le développement d'emplois et d'une saine concurrence, obligeant les jeunes diplômés à être compétitifs. Sans libre circulation des personnes, beaucoup d'entreprises n'existeraient pas, et par là même, il y aurait moins de travail pour tous, Suisses et étrangers.