Martine Rahier

Rectrice de l'Université de Neuchâtel

5,8% des diplômés universitaires se trouvent au chômage un an après la fin de leurs études et la quête du premier emploi s'avère de plus en plus compliquée. Etes-vous inquiète pour l'avenir de vos étudiants?
Il ne faut pas sous-estimer le problème. Par ailleurs, également selon l'OFS, 98% des diplômés trouvent un emploi 5 ans après la fin de leurs études. Ce qui est certain, c'est qu'il ne faut pas attendre d'avoir obtenu son diplôme pour songer à sa carrière. A l'Université de Neuchâtel, nous encourageons nos étudiants à créer un réseau de relations déjà durant leurs études. Ainsi les stages en entreprise sont favorisés. Ils peuvent parfois remplacer un séminaire ou donner lieu à un travail de mémoire. Dans certaines filières, comme en sciences économiques, en journalisme ou en études muséales, par exemple, ils sont même obligatoires.

De plus, nous avons mis sur pied un séminaire intitulé «Préparer son avenir professionnel» qui offre une formation pratique pour faciliter l'entrée sur le marché du travail et nous organisons depuis l'année passée un «Forum Emploi» qui permet aux étudiants de rencontrer des employeurs potentiels.

Vous êtes la première et la seule rectrice de Suisse romande. Que pensez-vous des nombreuses inégalités qui entravent les carrières académiques des femmes?
Au niveau du bachelor et du master, on compte une majorité d'étudiantes - 60% à Neuchâtel - et ce n'est que plus tard, aux niveaux doctoral, postdoctoral et professoral que malheureusement l'écart se creuse. Ainsi, à l'Université de Neuchâtel, on compte 25 % de femmes dans le corps professoral. Il est bien entendu nécessaire de tout mettre en oeuvre pour favoriser les carrières féminines. C'est ce à quoi s'emploie le Service de l'égalité de l'Université de Neuchâtel, soutenu par le Programme fédéral Egalité des chances. Plus spécifiquement, pour les doctorantes et les chercheuses, toute une série de mesures ont été mises sur pied, en partenariat avec les autres universités de Suisse romande, pour soutenir leur carrière académique: programmes de mentorat, de réseautage et ateliers où les jeunes chercheuses sont informées sur les différents outils à leur disposition pour la poursuite de leur carrière. De plus, des subsides et des subventions financent des projets ponctuels. Des mesures ont également été mises sur pied pour concilier vie professionnelle et vie de famille: l'Université dispose d'une crèche; les enfants entre 5 et 12 ans, eux, peuvent être accueillis dans des camps de vacances (la journée), en période de vacances scolaires; de plus, en cas de maladie d'un enfant ou d'un parent, les enfants peuvent être gardés par la Croix-Rouge. Par ailleurs, le site Internet du Service de l'égalité informe les parents sur d'autres formes de garde. Enfin, les nouveaux professeur- e-s, les nouveaux chercheurs et les nouvelles chercheuses sont accueillis par un Welcome Desk qui les oriente et qui les informe sur les mesures de soutien à leur disposition. Une attention particulière est portée aux couples dont les partenaires poursuivent tous deux une carrière académique. Le Welcome Desk soutient, dans la recherche d'un emploi, le ou la partenaire de la personne engagée par l'Université. Nous espérons que ces mesures porteront leurs fruits et aideront les jeunes chercheuses à poursuivre une carrière académique.

De par votre statut de pionnière, vous sentez-vous investie d'une mission envers la relève féminine?
Non, pas vraiment; ma mission principale consiste à diriger l'Université et à encourager la qualité de la recherche et de la formation. Je ne veux pas me cantonner au statut d'exception qui confirme la règle. Je souhaite inciter d'autres femmes à se donner les moyens d'atteindre leurs ambitions, en particulier dans le domaine académique.