Guido Vergauwen

Recteur de l'Université de Fribourg

L'Université de Fribourg a été échafa udée autour du principe de catholicité. Est-ce aujourd'hui encore un fa cteur identitaire?
La tradition catholique fut et est toujours un élément de l'ouverture de l'Université à l'international. C'est un élément de notre identité, non dans le sens de la délimitation mais dans la perspective d'accueil et de respect des positions divergentes.

Situé dans un canton bilingue avec un hinterland relativement restreint, Fribourg voulait, dès l'époque de sa fondation à la fin du 19e siècle, dépasser les frontières suisses et s'ouvrir au monde intellectuel et social international. C'était à ce moment un acte courageux dont nous devons garder la dynamique.

En tant que professeur en théologie fondamentale, quel regard jetez-vous sur l'évolution de votre discipline?
Dans la mesure du possible, je me tiens au courant de cette discipline dont la tâche consiste à fournir les bases épistémologiques et méthodologiques de toute la théologie. Mon intérêt se dirige avant tout vers l'évolution des courants philosophiques et leur impact sur la réflexion théologique actuelle. Un autre aspect de cette discipline est constitué par les questions concernant l'importance du facteur religieux sur les comportements sociaux et politiques - un moment d'actualité sans aucun doute. Il y a enfin une évolution de la discipline vers un plus grand intérêt pour les questions autour de l'économie, la paix mondiale, la protection de l'environnement et la justice.

Vous côtoyez l'Alma mater fribourgeoise depuis 26 ans, comme professeur puis comme recteur. Le profil de l'étudiant a-t-il beaucoup évolué en plus de deux décennies?
Le système de Bologne a créé de nouvelles contraintes. Les étudiants sont plus attentifs à un déroulement conséquent de leurs études, ce qui n'est pas toujours facile quand ils sont obligés de travailler à côté. Et plus de 70% d'entre eux sont dans cette situation. Ils «calculent» l'acquisition des points, peut-être plus que le gain du savoir. Il y a probablement plus de stress, aussi à cause d'une augmentation des exigences des examens et des travaux personnels. Un aspect positif est sans doute l'infrastructure IT qui facilite l'accès aux donnés. Le rythme des études est devenu plus soutenu. Il y a par ailleurs l'intérêt à la mobilité, surtout au changement de la Haute Ecole entre le Bachelor et le Master. Enfin, je constate un plus grand souci concernant l'accès au marché du travail.