L'étudiant nippon au crible

A l'aube de la vie d'adulte

Si tu as déjà lu ne serait-ce qu'un manga dans ta vie, tu dois connaître un certain nombre de choses sur les lycéens japonais, pour la simple et bonne raison que l'écrasante majorité des héros de BD nippones le sont. Par contre, on sait beaucoup moins de choses sur les universitaires japonais. Te ressemblent-ils? Plus que tu ne pourrais le croire, figure-toi. Pourtant, étudier au Japon a aussi ses particularités dont tu sauras tout en lisant cet article.

Après l'effort...

Tu connais bien évidemment le stéréotype de l'employé japonais perfectionniste et ne vivant que pour le travail. Pourtant, ce serait une erreur de croire que l'étudiant japonais l'est également. Au contraire, les Japonais savent ne pas prendre leurs études universitaires trop au sérieux; il n'est pas rare de voir quelqu'un débarquer dans une classe de 20 personnes avec une demiheure de retard comme si de rien n'était, poser la tête sur la table et s'endormir... Le tout sans que le professeur ne hausse les sourcils. De même, les absentéistes sont légion, exactement comme chez nous. Et là, je parle d'universités très prestigieuses! La raison en est très simple et s'appelle «examens d'entrée à l'université». Au Japon, il est très important d'obtenir le diplôme d'une bonne université et c'est pour cette raison que les étudiants travaillent comme des forcenés pour y être admis; par contre, une fois qu'ils sont dedans, ils se laissent quelque peu aller parce que les universités n'hésitent pas à repêcher des étudiants en échec pour préserver leurs statistiques de réussite qui justifient les hauts frais d'écolage. Et bien sûr, il y en a qui en profitent...

Propre-san

Ce qui est vrai, par contre, c'est que les étudiants sont bien plus calmes et discrets que leurs homologues occidentaux; même s'ils décident de ne rien faire, ils font bien attention de ne gêner personne d'autre. Tout au plus vont-ils somnoler ou jouer discrètement sur leur DS. Plus frappant est le fait que personne, je dis bien personne, n'écrit sur les pupitres. De même, tu auras beau chercher un seul chewing-gum collé sous une table, tu n'en trouveras pas. C'est un gros progrès par rapport à la Suisse, où il faut faire très attention en s'étirant derrière son pupitre car le moindre contact du jean avec la surface inférieure de la table est immédiatement puni par deux ou trois chewing-gums qui se collent sur tes genoux. Et même dans les toilettes - ce haut lieu de graphomanie estudiantine - il n'y a aucune inscription, provocatrice ou poétique.

Horaire continu

Enfin, il faut noter que les étudiants japonais accordent une place extrêmement importante aux activités «extracurriculaires» - presque tout le monde fait partie d'une association, joue d'un instrument ou participe aux réunions d'un club. Et encore, plus étonnant, ils n'y font pas que boire des coups! Il n'est pas rare qu'un étudiant soit plus actif au sein de sa (ou plutôt ses) associations que dans ses cours. C'est aussi une façon de se préparer à leur vie d'adulte - la plupart d'entre eux deviendront employés à vie dans une grande entreprise japonaise et devront construire toute leur vie sociale avec leurs collègues (s'associer aux employés d'autres sociétés étant un peu perçu comme de la trahison du «clan»).

Mais encore?

Pour savoir davantage sur ces associations (appelées «cercles» au Japon), et voir quelques photos, tu peux lire mon billet «Student Center» sur etubloggers.ch. En résumé, oui, les étudiants japonais sont travailleurs... mais pas nécessairement là où l'on s'y attend!

made in Japan

Le casse-croûte passe-partout

Le meilleur moment de la journée pour tout étudiant est évidemment la pause de midi qui permet de ressourcer quelque peu l'organisme affaibli par la météo hivernale, les professeurs et toutes les autres agressions quotidiennes de la vie universitaire. Que manges-tu à midi? Si ton campus est perdu au milieu de la campagne, tu n'as pas d'autre choix que de te rabattre sur la cafétéria de l'uni qui pratique probablement les prix et une qualité de service dignes d'un monopoliste soviétique. Si ton uni est urbaine, tu peux essayer les petits cafés de la ville... à condition d'avoir un porte-monnaie en cuir plutôt qu'en papier crépon. C'est ainsi que de nombreux étudiants se retrouvent à faire la queue devant le micro-onde avec leur Tupperware rempli de sempiternelles tagliatelles bolognaise.

Les étudiants japonais, eux, ont une troisième possibilité: la boîte bento. C'est le repas de midi préféré de nombreux étudiants mais aussi d'employés. On en mange dans les trains, sur les marches d'escalier et même en attendant un cours dans les salles. Le bento est tout simplement une boîte en plastique compartimentée (d'habitude en six ou en huit) avec un repas varié mais complet à l'intérieur. On y trouve habituellement du riz (beaucoup), de la viande (par
exemple des morceaux de poulet), des légumes marinés, une noisette de salade de pommes de terre, des algues, des champignons... le tout séparé par des parois. Cette astuce toute simple permet de multiplier les ingrédients et de créer de la variété sans que l'ensemble ne se mélange dans un tas grumeleux et inappétissant comme ce serait le cas avec une boîte classique. Et, étant donné que ça se mange avec les baguettes qui se tiennent d'une main, on n'a même pas besoin de table puisque le bento lui-même peut très facilement se tenir de l'autre.

Autour des universités, on trouve des commerces qui ne vivent qu'en vendant des bento aux étudiants. Ainsi, si on ne veut pas en faire un soimême, on peut en acheter un encore tout chaud et fraîchement préparé. La meilleure chose? Les prix - pour ce qui est un repas sain et complet - commencent à 4 francs. Décidément, on a encore à apprendre de l'Asie.