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Le savoir vivant, la devise de l'UNIL

La rubrique 360° brosse chaque mois le portrait d'une haute école

Bilan de santé d'un campus plusieurs fois centenaire avec son recteur Dominique Arlettaz.

Comment se porte l'Université de Lausanne (UNIL)?
Je crois pouvoir dire que l'UNIL se porte très bien. Suite à des choix stratégiques déterminants qu'elle a faits au cours de la dernière décennie, elle a aujourd'hui un profil très clair et bien compris au sein du système des hautes écoles suisses. Elle se développe selon trois axes: les sciences humaines et sociales, les sciences de la vie et les sciences de l'environnement.

Crédit photo: Alain HerzogDe manière délibérée, le nombre de cursus de bachelor et de master de l'UNIL est nettement inférieur à celui des autres universités suisses de taille comparable; la raison en est la volonté de l'UNIL de concentrer son offre de formation sur les domaines de compétences qui correspondent à son profil. Cela rend l'UNIL très attractive. On le remarque particulièrement au niveau du master où un tiers de nos étudiants sont titulaires d'un bachelor d'une autre université et ont fait le choix de la mobilité pour venir étudier à l'UNIL. Enfin, je suis heureux de constater que le niveau et le volume des activités de recherche de l'UNIL sont en forte progression.

Parlez-nous des principales nouveautés qui marquent l'actualité de votre campus...
Il y en a beaucoup, mais je n'évoquerai ici que deux aspects concernant l'enseignement. D'une part, nous avons introduit à la rentrée 2009 un programme d'enseignement de sciences naturelles à l'intention des étudiants en sciences humaines et sociales. Ce programme, baptisé «(sciences)2», permet aux étudiants de choisir comme options des enseignements qui explorent les mystères de l'atome, de la cosmologie, de l'évolution, de la génétique, du cerveau, de la lumière et des couleurs; il a rencontré un beau succès dès son ouverture et sera étendu en 2010. D'autre part, l'UNIL organisera dès l'automne 2010 tous ses cursus de master également selon des plans d'études à temps partiel, ceci afin de faciliter la poursuite des études en parallèle à une vie de famille, à une activité professionnelle ou à d'autres projets personnels.

Avec un total dépassant les 59 millions de francs, vous avez doublé en une année le montant des subsides de recherche accordés par le Fonds National Suisse (FNS ). A quoi tient cet appui croissant?
C'est vrai que le montant des subsides octroyés par le FNS aux chercheurs de l'UNIL a doublé entre 2007 et 2008 et que la tendance se confirme en 2009 et en 2010. Concrètement, cela signifie que le succès de l'UNIL en matière de projets de recherche est bien supérieur à ce à quoi la taille de l'UNIL pourrait laisser penser. J'en suis ravi car l'essence même d'une université, c'est bien le fait que l'enseignement y est construit sur la base de la recherche «en train de se faire». C'est aussi cela que signifie «le savoir vivant», la devise de l'Université de Lausanne. Mais ce que j'aimerais surtout rappeler, c'est que si la recherche est conduite par les professeurs, elle est aussi - et peut-être surtout - réalisée par les jeunes chercheurs, en particulier par les doctorants. Améliorer l'encadrement des doctorants et les conditions de travail des jeunes chercheurs est la première des priorités du plan stratégique de l'UNIL. Je suis convaincu que les mesures qui ont été prises dans ce but depuis 2007 ont un effet positif sur la culture de la recherche à l'UNIL, et par conséquent constituent clairement un facteur de succès.

Unithèque. Crédit photo: Silvano Prada

Les protestations contre la réforme de Bologne ont agité les universités européennes. Comment avez-vous vécu la vague contestataire qui a atteint votre campus courant novembre 2009?
Les manifestants de novembre 2009 ont voulu transmettre deux messages: le plus important est le rappel de certaines valeurs de l'Université, comme par exemple la nécessité de concevoir la formation supérieure comme une tâche du service public, l'indispensable indépendance de l'Université par rapport au domaine privé, la liberté de l'enseignement et de la recherche, les questions concernant l'accès aux études et les taxes d'inscription. Je partage ces valeurs et je suis convaincu que c'est le cas d'une très large majorité des membres de la communauté universitaire, ainsi que des autorités académiques et politiques en charge de l'UNIL. Le plan stratégique de l'UNIL les rappelle également et oriente ses actions en vue de leur défense. Le second message concerne certains aspects pratiques de l'organisation des études. S'il est parfaitement légitime d'exprimer ces messages, et si la Direction de l'Université doit et veut les entendre, je regrette que les canaux usuels, via les instances participatives de l'UNIL, n'aient pas été utilisés pour ces protestations. Les blocages d'auditoires ont perturbé le fonctionnement de l'Université et ont gêné de nombreux étudiants qui voulaient assister à leurs cours. Je souhaite que le dialogue sur ces enjeux puisse se poursuivre sereinement et sérieusement, car ils sont importants.

Le système de Bologne est-il dorénavant bien implanté?
Oui, toute l'offre de formation de l'UNIL est organisée conformément au processus de Bologne. Mais j'aime rappeler que le principal avantage de la réforme de Bologne est qu'elle a été l'occasion - ou l'obligation - pour toutes les facultés de repenser complètement leur offre de formation, en d'autres termes, de faire «du neuf». Je crois que c'est dans cet esprit que les facultés de l'UNIL ont mis en oeuvre la réforme. Mais évidemment, quand on fait «du neuf», on constate rapidement des défauts de jeunesse. Il est donc évident que ces défauts doivent être corrigés. C'est ce défi qui attend l'UNIL au cours des deux à trois prochaines années.

«Ce sont eux qui feront la société de demain.» Crédit photo: Silvano Prada

Sur le plan national, quelle est votre stratégie pour assurer une bonne crédibilité?
L'UNIL a ancré dans sa stratégie sa volonté de se développer en partenariat avec d'autres hautes écoles. Nous avons une excellente collaboration et complémentarité avec l'EPFL notre voisine (nous échangeons chaque année environ 6'000 heures d'enseignement entre l'UNIL et l'EPFL) et plus du tiers des masters de l'UNIL sont des masters communs à plusieurs hautes écoles, principalement avec les Universités de Genève et de Neuchâtel. Et ce qui est assez inédit, c'est que l'UNIL est également ouverte à la collaboration avec les HES et les HEP. C'est donc cette politique d'ouverture et de collaboration qui caractérise l'UNIL et qui est reconnue au plan national.

L'UNIL fait partie des universités qui attirent le plus d'étudiants étrangers. Quelle est votre stratégie de séduction?
J'aimerais surtout dire que la présence d'étudiants étrangers à l'UNIL me réjouit car elle apporte beaucoup aux étudiants suisses et contribue à une forme d'internationalisation de l'UNIL. Pour que les étudiants de tous les continents aient envie de venir étudier à Lausanne, nous essayons simplement de bien remplir nos missions: une offre de formation cohérente et de qualité ainsi que de bonnes conditions de recherche, en particulier une infrastructure scientifique très moderne et performante, sont certes des atouts indispensables. Enfin, il faut bien reconnaître que la situation de Lausanne, proche du lac et des Alpes, et la beauté du site de l'UNIL font partie des attraits de l'UNIL.

Anthropole et Internef. Crédit photo: Stramatakis

De plus en plus d'étudiants rencontrent des difficultés d'insertion professionnelle. Comment l'UNIL se positionnet-elle face à ces perspectives nébuleuses?
Si l'on regarde les statistiques de l'OFS, on constate que l'insertion professionnelle des diplômés universitaires est bien meilleure que ce que l'on croit. Mais ce qui est essentiel, c'est d'expliquer à nos étudiants que leur formation universitaire ne leur a pas seulement apporté des connaissances, mais aussi de nombreuses compétences, telles que, par exemple, savoir gérer un projet ou savoir travailler en groupe. La Direction de l'UNIL a mis en place une série d'ateliers dans le but d'aider les étudiants à prendre conscience de leurs compétences et à les valoriser, car elles sont essentielles à leur future insertion professionnelle.

Quels sont à moyen terme les défis qui attendent l'UNIL?
Le manque de locaux à disposition de l'UNIL nous pose de gros problèmes. Mais une solution est en vue grâce à l'ouverture du chantier d'un grand bâtiment destiné à accueillir dès l'été 2012 la Faculté des sciences sociales et politiques et la Faculté des géosciences et de l'environnement. Par ailleurs, nous avons un grand projet de rapprochement de l'UNIL et du CHUV (l'hôpital universitaire) qui devrait être effectif en 2012 et renforcer les interactions entre les sciences de la vie fondamentales et les sciences médicales.

« Ce sont eux qui apportent à l’UNIL leur curiosité et leur fraîcheur. » Crédit photo: Silvano Prada

Avez-vous un mot pour les étudiants de votre université?
Ce sont eux qui feront la société de demain. Et ce sont eux qui apportent aujourd'hui à l'UNIL leur enthousiasme, leur curiosité et leur fraîcheur. C'est cela qui est essentiel pour faire vivre l'UNIL.

L'Unil en chiffres

  • 8 facultés (théologie et sciences des religions, droit et sciences criminelles, lettres, sciences sociales et politiques, hautes études commerciales, sciences, géosciences et environnement, biologie et médecine)
  • 11'618 étudiants inscrits en 2009
  • 56% d'étudiantes
  • Près de 2'500 étudiants internationaux
  • 3'470 membres du personnel
  • 43,8% de membres du personnel féminin
  • 451 professeurs
  • 19,7% de femmes professeures
  • 368,2 millions de CHF de dépenses en 2008
  • 24'800 CHF de dépenses de fonctionnement par étudiant en 2008