Une colocation dans un château

Ou comment vit-on à cinq avec une cuisine sans évier?

Lorsque j'ai visité la colocation de Marylaure, Elena et Maiann, l'endroit m'a parlé par son originalité. Ses quelques lignes te guideront à travers l'histoire d'un appartement aménagé dans la tour d'une maison qui s'apparente à un château, sur les hauteurs de Neuchâtel.

Première rencontre

Un escalier en colimaçon me mène au logement des trois étudiantes en biologie à l'Université de Neuchâtel. Sur les murs, je peux déjà admirer des photographies de contrées lointaines qui me donnent un avant-goût de l'atmosphère magique du lieu. Je sais déjà que je vais aimer.

En montant, je découvre d'abord une porte vitrée qui donne sur une passerelle menant au jardin. Au sommet, je me trouve dans la tour du château. Je frappe à l'une des trois portes qui se présentent à moi. Marylaure m'accompagne alors à travers les mystères de son château estudiantin.

Une cuisine sans évier

Commençons par la cuisine! Sa particularité: elle ne contient pas d'évier. Pour faire la vaisselle ou prendre de l'eau, il faut se rendre à la salle de bain voisine. Les deux pièces ne doivent pas excéder 4m2. Tout est bien rangé. Les pots de confitures, les épices et les légumes révèlent les goûts des habitants. L'endroit recèle un «je ne sais quoi» qui donne envie d'en savoir plus.

Marylaure, Maiann et Elena partagent leur demeure avec deux salariés. Comment cinq personnes utilisent-elles une cuisine si exiguë? «C'est la meilleure coloc' que j'ai jamais eue!», s'exclame Marylaure, sans hésitation. «La petitesse du lieu nous oblige à être disciplinés. Peut-être que l'endroit favorise aussi le respect des autres et la tolérance», explique-t-elle.

Le jardin des merveilles

Découvert par le biais d'une petite annonce, la colocation a tout de suite séduit les étudiantes. Elles louent leur chambre pour environ 220 francs. Si l'argument économique n'est pas négligeable, il n'est pas responsable de leur coup de foudre. Comment ne pas tomber amoureuse du vaste jardin lorsque l'on étudie la biologie? Les locataires peuvent en disposer à leur guise. Elles l'ont aménagé elles-mêmes. Herbes aromatiques pour Marylaure, pommes de terre pour Elena, légumes pour Maiann, les filles ont chacune leur domaine de prédilection. «Un moment donné, on était quasiment en autarcie», rigole mon hôte qui m'offre une délicieuse tisane à la sauge, en m'expliquant les bienfaits de cette plante. Durant les beaux jours d'été, les repas se passent dans le jardin. Les trois compères n'ont pas seulement la main verte, elles ont aussi de la suite dans les idées. Elles ont, par exemple, improvisé un barbecue avec des pierres.

Château précaire

La vie de château n'est toutefois pas toujours des plus confortables. «Il ne faut pas être trop exigeante pour vivre ici», remarque l'étudiante. Pas de chauffage dans la vieille bâtisse! En hiver, la température ne dépasse souvent pas les 15°. «Nous nous habillons comme des esquimaux et nous allons plutôt à la bibliothèque pour réviser», ajoute-t-elle. Le dénominateur commun qui réunit les trois filles est une passion pour la nature et la montagne. Habituées à la rudesse des cimes, elles sont loin de se laisser décourager par des conditions de vie précaires.

Cuisiner grâce au soleil

Les biologistes aiment vivre en harmonie avec la nature. Un four solaire, prêté par des amis, a embaumé la cuisine estivale de Marylaure, Maiann et Elena. «Le principe est simple, il suffit de placer le four au soleil, d'y mettre les aliments dans un plat, de partir pour une dure journée d'uni et le tour est joué!», explique Marylaure avec enthousiasme. Lorsque les étudiantes rentrent affamées, le plat est prêt à être dégusté.

L'objet est une boîte tapissée de métal noir et fermée par une vitre. Lorsque le couvercle est fermé, l'intensité lumineuse permet de cuire la nourriture. La température peut être vérifiée grâce à un thermomètre intégré.

Hélas, il n'est plus possible de déguster les légumes du jardin préparés au four solaire par les trois biologistes en devenir. Le voisin a malencontreusement embarqué l'objet pour la décharge. «Nous prévoyons d'en construire un nouveau nous-mêmes», me rassure Marylaure.

Il faut relever qu'un tel objet est très utile, sachant qu'il n'est pas possible d'utiliser plus d'un appareil électrique dans la cuisine. Il faut choisir entre le micro-ondes, la bouilloire électrique ou la plaque! Et lorsque le petit radiateur est allumé, impossible de faire fonctionner un quelconque autre appareil.