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La chance d'être à taille humaine

La rubrique 360° brosse chaque mois le portrait d'une haute école

Bilan de santé de l'Université de Neuchâtel - petite en taille mais pleine d'audace - avec Mme Martine Rahier, Rectrice.

Comment se porte une université désormais centenaire?
Elle se porte très bien! Les chiffres sont éloquents: nous sommes passés de moins de 200 étudiants en 1909 à plus de 4'000 à la rentrée 2009! C'est la première fois que l'Université de Neuchâtel franchit ce cap, ce qui est de bon augure à l'entame de son 2ème millénaire.

Le système de Bologne est-il dorénavant bien implanté?
Oui. Depuis la rentrée 2007 toutes les facultés sont à l'heure de Bologne tant au niveau du bachelor que du master.

Nous pouvons désormais nous concentrer sur les points qui méritent d'être améliorés. Il faut procéder à des ajustements de manière spécifique, faculté par faculté, plan d'études par plan d'études.

Comment appréhendez-vous la nouvelle loicadre fédérale en matière de financement des hautes écoles (LA HE)?
Les nouvelles dispositions constitutionnelles sur la formation confient à la Confédération et aux cantons la responsabilité conjointe de la coordination et de la garantie de l'assurance qualité dans le domaine suisse des hautes écoles. Je me réjouis de cette situation nouvelle qui permettra, grâce aux efforts conjoints de l'ensemble des partenaires, de construire un espace coordonné d'enseignement supérieur de haute qualité. Il convient maintenant de mettre en place des modalités de financement qui permettent aux hautes écoles suisses d'assumer leurs missions sur le long terme.

Faculté des sciences Unimail. Crédit photo: Yves AndréEn terme de stabilité du financement et de répartition des pôles d'excellence, quelles sont les perspectives d'avenir?
Je dirais que nous avons déjà largement anticipé l'avenir en renonçant volontairement à certaines filières afin de mieux nous redéployer dans d'autres. Ainsi, l'Université de Neuchâtel a eu le courage de prendre son avenir en main et elle s'implique fortement dans plusieurs projets structurants qu'elle a menés au cours des dernières années:

transfert de l'IMT au sein de l'EPFL - tout en maintenant la microtechnique sur sol neuchâtelois, migration de la physique des particules à l'Université de Berne et de la géologie à l'Université de Lausanne. Si ces transferts sont à considérer comme une contribution significative à la restructuration du paysage universitaire de Suisse occidentale, ils doivent également être considérés comme des chances de renouveau de l'Université de Neuchâtel permettant à la fois le renforcement de ses domaines d'excellence, la création de formations attractives et la constitution de nouveaux pôles de compétences.

La «petite» Université de Neuchâtel doit-elle faire preuve de plus d'audace que ses grandes consoeurs pour s'imposer?
Il est vrai que notre taille peut constituer un atout qui nous permet... ou nous oblige à anticiper l'avenir avec plus d'audace!

Doit-on parler de collaboration ou de concurrence entre les universités suisses?
Je m'étonne que l'on oppose systématiquement les termes de collaboration et de concurrence. Si au niveau des facultés, une certaine concurrence peut exister - notamment lorsqu'il s'agit d'attirer les meilleurs chercheurs ou les meilleurs enseignants par exemple -, au niveau institutionnel, une collaboration naturelle s'est développée entre les universités suisses. Je pense en particulier pour nous aux réseaux du Triangle AZUR (ndlr. accord de collaboration entre les université de Genève, de Lausanne et de Neuchâtel) et de BENEFRI (ndlr. accord de collaboration entre les universités de Berne, de Neuchâtel et de Fribourg), mais également à la CUSO (ndlr. Conférence universitaire de Suisse orientale) pour les 3e cycles et écoles doctorales. Dans ce cadre, nous avons bien entendu fortement privilégié la collaboration. Ces structures permettent des synergies positives, en particulier dans le domaine de l'enseignement en proposant notamment des programmes communs et en favorisant la mobilité vers les autres institutions partenaires pour nos étudiants. Le renforcement de ces collaborations avec nos partenaires romands est une tendance naturelle. Pour exemple, les accords de collaborations dans l'enseignement du Triangle AZUR ont été étendus à l'Université de Fribourg à la rentrée 2009.

Mais il ne faut pas se voiler la face: dans certains domaines, les universités cherchent à promouvoir leurs filières d'études auprès des mêmes groupes d'étudiants. de ce fait, chaque université doit mettre en valeur ses atouts spécifi ques pour attirer de nouveaux étudiants. Et c'est très bien ainsi...

Et sur le plan international, quelle est votre stratégie pour assurer une bonne crédibilité?
Sur le plan international, il est clair que c'est la stratégie de la collaboration qui est payante. Nous privilégions des accords de collaboration sélectifs qui permettent la mise en place de réels échanges. Ils constituent un apport signifi catif pour nos chercheurs, nos enseignants, mais aussi pour nos étudiants et leur mobilité. A titre d'exemple, et pour ce qui est de l'enseignement, je peux citer les accords avec l'Ecole du Louvre à Paris, le King's College à Londres, Columbia University à New york et, pour le FIFA Master, le partenariat avec de Monfort University à Leicester (UK) et la SdA Bocconi - School of Managenement à Milan. Nous avons également développé plusieurs accords de cotutelle de thèse.

Faculté des lettres et sciences humaines. Crédit photo: Yves AndréPar ailleurs, la Confédération offre les moyens aux hautes écoles suisses d'accroître leur visibilité à l'étranger. Je pense au réseau Swissnex par exemple ou au site swissuniversity. Cela dit, notre crédibilité dépend avant tout des publications de nos chercheurs, de leurs réseaux de relations et de la qualité de leurs travaux.

De plus en plus d'étudiants rencontrent des difficultés d'insertion professionnelle. Comment l'université de Neuchâtel se positionne-telle face à ces perspectives nébuleuses?
A l'Université de Neuchâtel nous sommes très soucieux d'aider nos étudiants à s'insérer dans le monde professionnel. Ainsi nous avons mis sur pied un séminaire intitulé «préparer son avenir professionnel» qui s'adresse aux étudiants en fin de cursus et qui est organisé sous forme d'ateliers pratiques animés par des professionnels du recrutement. Nous organisons aussi des forums qui permettent à nos étudiants de rencontrer des entreprises dans la perspective d'un recrutement. C'est pour eux l'occasion de se positionner sur le marché du travail. Et surtout, nous offrons de nombreuses filières qui comprennent des stages pratiques obligatoires, ce qui permet à nos étudiants de se créer un réseau de relations dans le monde professionnel (master en journalisme, master en muséologie, master en logopédie, master en sciences économiques, etc.).

Avez-vous un mot pour les étudiants de votre université?
Je les encourage à profiter pleinement de ce temps privilégié de leurs études pour se former et se créer un réseau de relations. Ils ne doivent pas hésiter à poser des questions et à demander conseil. L'Université de Neuchâtel a la chance d'être à taille humaine. Les contacts avec les professeurs sont facilités et nous sommes là pour les soutenir et les encourager. Qu'ils utilisent au mieux cette opportunité unique.

Faculté des lettres et sciences humaines. Crédit photo: Yves André

L’UNINE en chiffres

  • 5 facultés (lettres etsciences humaines, sciences, droit, sciences économiques, théologie)
  • Environ 4’000 étudiants...
  • ... dont 500 doctorants
  • L’effectif féminin s’élève à 59%
  • 20% d’étudiants viennent de l’étranger
  • Environ 100 nationalités
  • 44% des effectifs proviennent d’autres cantons
  • Plus de 600 diplômes délivrés
  • 120 professeurs
  • 860 postes de travail (équivalent plein temps)
  • Enveloppe financière: 135 millions
  • 50 millions de crédits de recherche obtenus