Du sport de pointe à l’auditoire

Entretien avec Sergei Aschwanden


Au terme d’une carrière couronnée par une médaille de bronze à Pékin et une deuxième place au classement mondial, le judoka vaudois a fait le choix de donner la priorité aux études. Désormais étudiant en management du sport à l’Université de Lausanne, il revient pour etudiants.ch sur cette reconversion peu ordinaire.

Sergei Aschwanden, entamer un parcours académique après une grande carrière sportive... n’est ce pas le monde à l’envers?
Le 9% des gens vous diront que c’est le monde à l’envers, mais je ne partage pas cet avis. Notre société exerce une énorme pression indirecte sur les athlètes suisses. De plus, le sport de haut niveau n’est pas reconnu à sa juste valeur, c’est-à-dire en tant que métier à part entière.

Pour ces raisons, les jeunes hésitent à se lancer à fond dans cette voie. Je pense qu’il faut donner aux jeunes sportifs la chance soit de concilier les deux choses, soit de terminer dans un premier temps leur carrière sportive et ensuite de procéder aux études. Il faut également les soutenir financièrement pour leur permettre de subvenir à leurs besoins pendant cette phase de transition.

Votre cas est-il unique ou connaissez-vous d’autres sportifs au parcours similaire?
Je ne peux pas faire de comparaison car je ne connais pas assez bien la situation d’autres sportifs de haut niveau qui ont pu prendre la même voie que moi. Mais je pense que cette situation doit être relativement fréquente.

Les universités proposent aujourd’hui de nouvelles mesures pour soutenir les étudiants sportifs. Cette conciliation n’était-elle pas envisageable au début de votre carrière?
C’est une solution qui aurait peut-être pu marcher. Mais je pense qu’il faut différencier les disciplines sportives, car certaines permettent de concilier les deux choses alors que d’autres demandent plus de voyages à l’étranger. Cela est donc automatiquement beaucoup plus difficile à concilier. C’était mon cas, avec plus de 30 semaines par année à l’étranger et une moyenne entre 10 et 12 heures d’entraînement par jour, 6 jours sur 7.

Que pensez-vous de l’émergence du champ sportif dans le monde académique?
Je pense que c’est excellent! Le sport est devenu un business à part entière où énormément d’argent fluctue.

Quel conseil donneriez vous à un étudiant à l’aube d’une carrière sportive?
Mets la gomme, fais tout péter et surtout fais-toi plaisir!

Allez-vous profiter des infrastructures sportives mises à disposition par l’Université de Lausanne?
Oui bien sûr, elles sont tellement belles!