Flash-back caustique

Rencontre avec Frédéric Recrosio

Humoriste francophone reconnu, le Valaisan Frédéric Recrosio égrène aujourd’hui son humour sur la scène parisienne. Pour etudiants.ch, il évoque quelques réminiscences estudiantines.

Frédéric Recrosio, quelle formation avez-vous suivie ?

Plein. Tout petit, j’ai fait « les bonnets rouges » aux Mayens de Sion pour apprendre à skier avec un moniteur bourré ; ado, j’ai fait livreur de fleurs et c’est pas rien ça t’apprend à te garer sur la tranche parce qu’il y a jamais de places ; mûr, j’ai suivi des cours de dégustation de vin et je sais différencier le blanc du rouge. A côté, j’ai fait de la sociologie à l’Université de Lausanne même que des fois j’y suis carrément allé. Pour ma profession de zozo professionnel, j’ai pas de diplôme mais disons que la pratique assidue de la blague au ski, sur le palier des dames qui recevaient des fleurs parce que leur mari les avait trompée, dans les caveaux académiques du Valais et sur les bancs des auditoires où je ne sais quel docteur s’étalait sur la division sexuelle du travail chez les chasseurs-cueilleurs, m’a certainement aidé. Sinon, je ne mentionne pas mon grade de « dauphin » à la piscine parce que les blagues sous l’eau, ça fait blblblbl.

Quels modes de logement avez-vous expérimentés durant vos études ?

La colocation. En mangeant tous les jours des croquemonsieur. Mais attention, qui tenaient de l’art contemporain parce que dedans, on y carrait, par multicouches, des oignons entiers, du Cenovis à la Mayo et de la chasse.

Une anecdote propre à cette période ?

Les mêmes que vous :être heureux avec des livres épais, un état éthylique permanent, des idées bien-pensantes de gauche et parfois une fille de Psycho qui venait dormir à la maison.

Un peu de nostalgie vis-àvis de l’époque estudiantine ?

Carrément. On avait la vie devant, et c’est pas rien parce qu’on aurait presque cru que tout était possible. C’est un peu différent maintenant à   cause de la déclaration d’impôt, des employeurs sans joie et des copains qui font des bébés. Tout ça fait très carcéral. Vos études vous ont-elles apporté quelque chose d’utile pour votre carrière? Des fois, je me dis que oui. Ça oblige à se rappeler que les choses sont compliquées, que ceux qui savent croient savoir, et que le chemin pour être moins con finit jamais.

D’étudiant en sociologie à humoriste... une transition étonnante, non ?

Je trouve pas. La socio, c’est observer les gens en faisant très attention à en dire quelque chose de sérieux ; l’humour, c’est observer les gens en faisant très attention à en dire quelque chose de pas sérieux.

Un message à l’attention des étudiants aux perspectives professionnelles de plus en plus nébuleuses?

Un jour, de toute façon, vous aurez envie de tout plaquer pour ouvrir une buvette au bordul. Si vous osez pas, essayez dès maintenant de trouver une bonne raison de pas le faire, ça vous fera passer la pilule ; si vous le faites, alors aucun conseil parce qu’alors vous avez tout compris.

Ou peut-on vous voir actuellement ?

En spectacle à Paris jusqu’au 3 janvier 2010, au Théâtre Trévise, du mardi au samedi à 21h30. Venez, en face, font des rillettes à tomber par terre.