Fréquence Banane

Petite radio deviendra grande

Du nom de la bibliothèque de l'université qui a cette forme particulière, la radio Fréquence Banane diffuse depuis 15 ans son babil anticonformiste sur le campus lausannois. Habituellement disponible sur le câble et internet, elle vient d'achever un mois spécial sur les ondes FM, grâce à une concession provisoire de l'OFCOM (Office Fédéral de la Communication). L'équipe d'étudiants habituellement terrée dans un local de l'EPFL s'est ainsi déplacée pour couvrir le Cully Jazz Festival et a organisé le Battle of The Bands, un festival dédié aux groupes émergents de musiques actuelles.

Au total, quelque 30 émissions hebdomadaires ont ainsi été proposées au grand public. Bien sûr, le ton reste ouvert au politiquement incorrect: «Que ce soit par nos affiches, notre devise «Ecoute Fréquence Banane, lamentable con» ou par le contenu de nos émissions, nous ne craignons pas de recevoir du courrier des auditeurs. Au contraire, lorsque ça arrive, nous sommes contents d'avoir pu réveiller le mouton qui sommeille parfois dans certains d'entre eux». Voilà qui peut étonner, venant de la part d'Ivan Faustinelli, l'un des deux rédacteurs en chef. Cependant, Fréquence Banane constitue un tremplin tout à fait sérieux pour rebondir dans le monde des médias. D'après Nasrat Latif (le 2ème rédacteur en chef), «de nombreux anciens membres ou membres actuels travaillent dans un média en tant que journaliste, animateur, technicien ou dans le domaine de la communication. Eva Grau (Femina), Fathi Derder (RSR) ou encore Nicolas Dufour (Le Temps) ont fait leurs premières armes à Fréquence Banane». Un engagement qui peut se révéler tout à fait fructueux pour ces étudiants «à 200%» bénévoles... «Ni les billets de TSOL, ni les piles pour les enregistreurs ne sont remboursés, ni les heures de formations ne sont rémunérées. Seule la passion nous anime».

Questions fruitées à Nasrat Latif, Ivan Faustinelli (rédacteurs en chef) et Pierrick Maire (responsable de la communication).

C'est quoi la poire d'un animateur Banane?
Ivan : La poire d'un animateur Banane?
Elles sont toutes souriantes! Le sourire s'entend à la radio et c'est une des premières choses qu'on apprend aux jeunes recrues. Sinon certaines sont espiègles, d'autres intellos, la plupart sont hilarantes et rares sont celles qui ne sont pas passionnées.

Est-ce que les animateurs ne pensent qu'à leur fraise?
Ivan : Etonnamment pas. On dit des animateurs radios qu'ils sont particulièrement narcissiques, mais les nôtres ne le sont pas (encore). L'aspect associatif de Fréquence Banane fait qu'on intègre une équipe et qu'on travaille tous ensemble pour faire aboutir nos projets.

Est-ce que globalement on peut dire que les animateurs de Banane ont la pêche?
Ivan : Ah oui! C'est une condition sine qua non de Fréquence Banane, la radio qui a la frite! On ne s'endort pas en écoutant Banane. Dis-donc, c'est pas écrit «Espace 2» ici!

Est-ce que vous vous êtes pris le melon pendant ce mois FM?
Ivan : Oui, car obtenir une concession temporaire auprès de l'OFCOM n'est pas une mince affaire. Il a fallu présenter un dossier en béton. Financer ce projet n'a pas été une sinécure non plus. Mais lorsqu'on a des gens motivés à disposition, rien n'est impossible.

L'expérience sera-t-elle reconduite?
Pierrick : Normalement oui. Il s'agit déjà de la deuxième année de suite que nous retrouvons la bande FM. Cette année a été agrémentée d'un tremplin musical. Il est encore difficile de savoir en quoi consistera la prochaine édition de Lôzanne RadioActive. Je l'espère, en une version améliorée de cette édition. Maintenant, il s'agira de dresser un bilan et d'en tirer les conséquences.

La FM, c'est le fruit défendu?
Ivan : Un petit peu, oui, et pas que pour nous ; on peut lire dans les journaux la bataille que mènent les radios professionnelles pour obtenir une concession FM partout en Suisse. A l'heure actuelle, on ne peut pas encore rivaliser. Mais comme Fréquence Banane se professionnalise d'année en année, on n'exclut pas d'avoir une concession permanente en nous associant avec d'autres radios à but non-lucratif.

Qu'est-ce qui t'a fait le plus te fendre la poire?
Nasrat : Le réveil douloureux des squatteurs des studios tous les jours à 5h pour «Café Kawa», les matinales d'information de Fréquence Banane.

Est-ce que vous passez souvent la chanson « Salade de fruits...»?
Nasrat : Non, mais toujours «Banana Split».

Avez-vous eu des pépins?
Pierrick : Les connexions pour les émissions live depuis le Cully Jazz Festival n'ont pas toujours bien marché à cause du matériel technique assez limité (par rapport à des radios professionnelles), mais dans l'ensemble pas de grosses casses.

L'expérience a-t-elle porté ses fruits auprès du public?
Nasrat : Les retours sont bons; le festival «Battle of The Bands» est un succès en termes de fréquentation et la SMS box ne désemplit pas!

Etes-vous allés à l'enterrement de Radio Framboise?
Pierrick : Radio Framboise n'a pas été enterrée, elle est comme tous les fruits qui se respectent. Elle a mûri, elle a pourri, puis elle a été mise au compost pour créer un terreau fertile pour un nouveau fruit rouge.

Tu ne trouves pas que l'OFCOM est un peu casse-noix?
Ivan : Non, l'OFCOM fait très bien son travail. La place sur la bande FM est limitée et les prétendants nombreux. Je trouve qu'ils sont même particulièrement bienveillants en nous permettant de pouvoir émettre pendant un mois avec une puissance qui couvre Lausanne et Morges.

Est-ce que tu penses que la radio a mûri depuis ses débuts?
Ivan : Je pense que oui. Je crois que Fréquence Banane a beaucoup évolué en 15 ans. Après des hauts et des bas, elle ne s'est jamais aussi bien portée. Nos membres sont nombreux et motivés. Notre image, qui n'a pas toujours été glorieuse sur le campus, a été restaurée. Mais il faut savoir que les fondateurs de Fréquence Banane avaient comme but de draguer et qu'aujourd'hui, des couples continuent de se former à Banane.

Est-ce que chez vous les brunes ne comptent pas pour des prunes?
Pierrick : Brunes, blondes, rousses, chauves, rien de tout ça ne s'entend à l'antenne.

Quel est ton fruit préféré?
Pierrick : Tout dépend de son utilisation... Certains fruits ont de grandes qualités nutritives, d'autres peuvent produire de l'électricité, certains donnent de très bonnes boissons alcoolisées, d'autres ont des formes assez ludiqueS...