Lunik

à mi-chemin entre la terre et les étoiles, rencontre avec un groupe qui monte, qui monte, qui monte!

Jaël peux-tu nous décrire ton parcours en quelques mots, pour ceux qui ne te connaissent pas...
En fait je chante depuis que j'étais toute jeune. Mais cela n'a jamais été dans le but de devenir chanteuse, c'était plutôt un hobby, une passion. J'ai chanté dans différents groupes, d'abord dans un groupe à l'école. Plus tard quelqu'un a entendu ma voix et a été très touché. Et ainsi de suite, les changements d'un groupe à l'autre se sont toujours faits naturellement et de manière presque indépendante de ma volonté. Après ma scolarité obligatoire, j'ai suivi une formation pour devenir enseignante. C'est pendant cette formation que j'ai intégré le groupe LUNIK et à partir de ce moment, tout a bousculé... Très rapidement je me suis rendue compte que ce groupe me correspondait tout à fait. Ensuite le premier CD a été produit et dès ce moment c'était très clair pour moi je serais chanteuse.

Est-ce difficile en tant que femme de se faire reconnaître dans le milieu de la musique?
J'ai le sentiment que c'est en général très difficile d'être un musicien reconnu, et ceci indépendamment du fait d'être une femme. Ce qui est plus difficile a gérer c'est d'être un personnage public, sous le feu des projecteurs.
Personnellement je trouve que c'est quelque chose de complexe, de fatigant mais aussi de très beau. En tant que femme, il faut mettre des limites entre soi et les autres et savoir dire non. C'est quelque chose que j'ai dû apprendre et que je continue à faire tous les jours. Il est important de fixer des limites claires pour se protéger et garder un espace pour se ressourcer.
Quand on est souvent devant un public, les gens ont très vite l'impression qu'on leur appartient... Et c'est quelque chose de très difficile à gérer. Vu que je ne suis pas une musicienne solo, mais entourée de tout un groupe, je vis les choses un peu différemment. Si on me donnait le choix entre être entourée de 4 hommes ou de 4 femmes, je dois dire que les 4 hommes l'emporteraient, car c'est toujours plus détendu avec des hommes qu'avec des femmes. Bien sûr parfois ce n'est pas simple. Par exemple récemment on était en tournée en Allemagne, on voyageait tous ensemble et des fois ça me manquait de pouvoir échanger avec une fille. Même si tous les membres du groupe s'entendent très bien, s'apprécient et s'entraident, c'est différent. Il y a vraiment des moments où j'aimerais pouvoir parler à une autre fille!

Est-ce que tu as pu déjà à l'époque de tes études gagner de l'argent en chantant? As-tu fait des petits jobs?
Le chant a été pendant très longtemps uniquement un hobby, je n'ai pas gagné d'argent. Il y avait des périodes où je chantais dans trois ou quatre groupes. Je partais directement de l'école pour rejoindre le groupe avec lequel je me produisais et je faisais mes devoirs en rentrant des répétitions. C'était difficile de tenir ce rythme, mais cela n'a jamais été un job.
A côté de ça j'ai fait différents petits jobs: des nettoyages d'écoles et de bibliothèques, des cours d'appui, travailler dans une fabrique de fromage, dans un atelier de reliure, dans un bar à Berne, dans un magasin de cadeaux où je faisais les paquets...

Quel conseil pourrais-tu donner aux jeunes qui ont envie de se lancer dans la musique?
Cédric: Hum ! En fait il n'y a pas vraiment de conseils spécifiques à donner, il faut tout simplement faire ce qu'on aime et le faire à fond. Il faut aussi un peu de chance et être au bon moment au bon endroit. Il est évidemment nécessaire de se donner à fond pour y arriver.
Jaël: Il est très important de travailler de manière assidue. Je pense que la plupart des gens ont tout simplement l'idée qu'un musicien est tout le temps de bonne humeur, que c'est super de pouvoir jouer et chanter! Mais il y a plein d'autres choses dont il faut tenir compte. Déjà, il faut vraiment s'investir pour arriver à un certain statut, et pouvoir être reconnu. Il n'existe pas de formation où on peut dire après 5 ans qu'on est une popstar... Il faut beaucoup travailler de son côté, s'écouter, pour sentir par où on peut passer. Dans ce milieu, il y a énormément de personnes auxquelles on peut se fier, mais il y en a aussi qu'on ne devrait jamais écouter. Si quelqu'un propose au groupe un projet très intéressant et qu'il faut prendre une décision, nous pesons le pour et le contre et discutons tous ensemble. Nous faisons toujours très attention que telle ou telle proposition corresponde à ce que nous voulons véhiculer comme image du groupe. Nous devons vraiment rester fidèles à nous-mêmes et continuer sur la voie que nous avons choisie. La persévérance est un maître mot dans ce milieu.

Comment vois-tu l'avenir de la musique?
Cédric: En ce qui nous concerne nous ne l'avons pas vraiment ressenti... Les ventes augmentent toujours. Nous savons que ce problème existe et notre maison de disques se plaint régulièrement de cela. Il ne faut pas oublier qu'il existe une multitude de canaux où on n'a plus besoin d'acheter de la musique. On pourrait presque voir cette démarche comme une évolution, on doit l'accepter et la considérer comme une nouvelle méthode de promotion! Des sites comme myspace, itunes, sont, pour les groupes, des moyens de se faire connaître. La musique vit aussi grâce à ça.
Jaël: Même si je télécharge parfois de la musique, quand j'aime vraiment un morceau je vais l'acheter et j'ai l'impression que c'est comme ça pour les autres aussi.
Cédric: Oui, c'est juste. Nous sommes aujourd'hui un peu plus difficiles à contenter, et nous n'achetons que la musique qui nous plaît vraiment ! C'est un défi pour l'artiste qui doit proposer un bon produit, de la musique à la pochette en passant par la promotion, tout devient essentiel.
Jaël: A part ça, grâce à internet on peut aujourd'hui télécharger seulement deux chansons qui nous plaisent et on n'a plus besoin d'acheter tout l'album. Et je trouve ça positif.

Comment trouves-tu l'inspiration?
En ce qui concerne le texte, j'ai réalisé qu'il faut juste avoir les oreilles et les yeux ouverts à la vie qui nous entoure et se contenter de récolter toutes les informations. Quand je suis en studio ces éléments stockés dans ma tête reviennent. Je ne peux pas juste m'asseoir et attendre l'inspiration, c'est quelque chose qui s'accumule et qui mûrit... Parfois ça vient automatiquement et parfois ça ne vient tout simplement pas.

Est-ce qu'un événement déclencheur t'a poussé à lâcher ton ancien métier pour te lancer dans la musique?
C'est en fait vraiment au moment où j'ai rencontré Luke, le guitariste de Lunik que tout a changé. Nous nous sommes rencontrés dans un studio d'enregistrement, alors que je faisais encore partie d'un autre groupe. Il m'a demandé si je voulais interpréter une chanson, comme artiste invitée sur son album, c'était en 1998… Après cette chanson, 5 CD ont suivi !

Quel message as-tu envie de faire passer à travers ta musique?
Pour moi ce sont avant tout des émotions que je veux faire passer. Une chanson se compose de sentiments, mes sentiments. Et c'est seulement par la suite que je remarque son vrai sens, quand les gens reconnaissent que la musique est belle et qu'elle dit exactement ce qu'eux-mêmes ressentent.
C'est très beau de voir qu'une chanson peut avoir un effet sur les autres. Peutêtre qu'il y a des personnes tristes, chez elles à la maison, et qui, en écoutant une chanson, se sentent pour un petit moment comprises, moins seules. et qui savent que la chanteuse de LUNIK éprouve les mêmes sentiments. Je trouve cet effet de la musique magnifique ! Il donne un sentiment de solidarité. Quand je suis sur scène, je sens les émotions qui s'échangent avec le public ! Ce sont des moments vraiment magiques !

Comment lunik a réussi à émerger sur le marché suisse?
Cédric: C'est à nouveau par hasard. Une maison de disques nous a écoutés et appréciés et nous a enmenés à travers l'Allemagne. Notre groupe a évolué et le propriétaire de cette maison de disques, à Hambourg, est devenu notre manager. Notre force motrice c'est surtout la volonté de quitter le pays, de partir à l'étranger, d'avancer et de ne pas rester en Suisse pour prendre la poussière...