Orientation

entretien avec les responsables de l'orientation de l'unige, par laure gabus

Quoi de plus sage et de plus juste que les paroles de professionnels du recrutement? Interview des responsables du centre Uni Emploi, Genève, Marie-José Genolet (mjg) et Marc Worek (mw)

De quelle manière ces informations peuvent-elles être un apport important pour l'étudiant?
mw: La difficulté pour les étudiants est d'avoir un objectif professionnel concret, cohérent et réaliste. Une fois leur formation universitaire achevée, ils peinent à voir ce qu'ils peuvent en faire.

Comment la formation universitaire est-elle perçue par les personnes qui recrutent des étudiants?
mw: La majorité pense que les étudiants ne sont pas directement «utilisables » et leur offrent d'abord un stage.
mjg: Pour certains, les étudiants amènent une nouvelle manière de voir les choses et possèdent une bonne capacité de mise en perspective, un bon esprit d'analyse et de synthèse.
mw: Les recruteurs possèdent, le plus souvent, peu de connaissance des formations universitaires et des compétences qui y sont développées. C'est alors à l'étudiant de fournir les explications nécessaires et de prouver ses capacités.

Aquelles autres difficultés les étudiants qui cherchent à rentrer dans la vie active doivent-ils faire face?
mw: Le plus souvent, ils peinent à mettre en valeur leurs expériences (soft skills), professionnelles et personnelles.

Quels sont les critères des entreprises, aujourd'hui, lorsqu'il s'agit d'engager un nouvel employé?
mw: Les trois critères principaux sont la connaissance de soi et de l'entreprise, la crédibilité (qui passe autant par la tenue vestimentaire que par des objectifs bien définis) et, bien sûr, le feeling.
mjg: Si le feeling est principalement dû au hasard, l'expérience personnelle joue un rôle essentiel.

Quelle importance les entreprises accordent-elles aux formations universitaires?
mw: Pendant longtemps, avoir une licence ou un diplôme était un plus, aujourd'hui ne pas en avoir est un moins. Pour les postes généralistes, où aucune formation spécifique n'est attendue, l'essentiel réside dans la capacité de l'étudiant à pouvoir se différencier et se faire remarquer.
mjg: Face à ce qu'on appelle le «clone académique», l'important est de sortir du lot. C'est à ce moment-là que les compétences extrascolaires, l'expérience ou les hobbies sont un atout.

Comment se faire remarquer? Lors d'une présentation d'entreprise par exemple.
mw: Tout d'abord, arriver renseigné sur l'entreprise, si possible avoir réuni des informations sur les profils recherchés par celle-ci. Bien écouter, ensuite, afin de pouvoir faire un commentaire pertinent ou de poser la bonne question. Puis ne pas hésiter à aborder la personne après la présentation, lui serrer la main, se présenter, la remercier et la féliciter. En effet, se faire «passer la pommade», même si on y est préparé, marche toujours.
mjg: La base c'est d'oser, de faire quelque chose !

Faut-il laisser aux représentants de l'entreprise un CV ou une carte de visite?
mw: Il n'y a pas de norme. Certains apprécient, d'autres pas du tout. En tous les cas, l'avoir avec soi et ne pas hésiter à demander quel est le meilleur moyen de leur faire parvenir son CV.
mjg: Pour les étudiants encore en étude, les entreprises proposent des stages. Il peut alors être utile de s'intéresser aux profils recherchés par l'entreprise. Le contact avec l'entreprise permet à l'étudiant de définir ses besoins et de voir s'ils se conjuguent avec ses envies.
mw: Une chose à éviter: arriver et demander un stage. Il faut toujours proposer quelque chose. La proposition doit lier les besoins de l'entreprise et l'envie de l'étudiant.

Comment montrer sa motivation sans en faire trop?
mw: Bien sûr, il est important d'avoir de l'intérêt pour ce que l'on fait. Mais il faut oublier le fantasme du premier emploi comme de celui dans lequel on va s'épanouir. L'important c'est d'avoir un plan de carrière, constitué d'étapes à franchir (plus ou moins péniblement) pour passer d'un poste à l'autre. La motivation évolue au fil du temps et des expériences. Il ne faut pas s'attendre à finir là où on a commencé.

Quels sont les pièges à éviter lors de l'entretien?
mw: A éviter absolument: être en retard, ne pas avoir la tenue vestimentaire appropriée, oublier de serrer la main, ne pas écouter ou ne pas regarder dans les yeux.
mjg: Etre attentif et arriver bien préparé permettra ensuite de poser des questions pertinentes. L'entretien est avant tout un moment d'échange. Evitez aussi les sujets plus personnels comme la religion ou la politique. Lorsque l'entretien arrive à sa fin, ne pas hésiter à demander comment cela va se passer ensuite.
mw: Une carte de remerciements est toujours bienvenue dans les jours suivants.

La question du salaire doit-elle être abordée lors d'un premier entretien?
mw: Pas dans un premier entretien, mais elle doit être abordée à un moment ou un autre, de même que les questions relatives aux charges sociales, aux horaires ou aux vacances.

Selon vous, l'université préparet- elle les étudiants au marché du travail?
mjg: L'université est avant tout axée sur l'enseignement et la recherche. L'insertion dans le monde du travail doit venir de l'étudiant.