Dionysos

depuis les Docks, où ils nous parlent de fées, de foot et de Betty Boop.

Fondé il y a 13 ans à Valence par 4 lycéens, Dionysos est aujourd'hui le seul groupe francophone qui transforme le public en un troupeau de Peter Pan enragés: tout le monde se retrouve avec un sourire enfantin aux lèvres, et une furieuse envie de tout casser, y compris ses propres os.

Au fait, pourquoi Dionysos? «On lisait Naissance de la Tragédie de Nietzsche en cours de philo. Le nom évoquait quelque chose qui nous plaisait vraiment, au-delà du vin bien sûr (sourire). C'était un esprit de fête et de liberté auquel on est restés fidèles jusqu'à aujourd'hui. On a eu la chance d'être étudiants et de ne pas avoir de charges ou de responsabilités au départ, ce qui nous a permis de nous lancer à fond dans l'aventure», raconte Mike, le guitariste-DJ de la bande. «Un seul d'entre nous a réussi à finir ses études, quant aux autres, elles n'étaient plus qu'un prétexte pour ne pas aller à l'armée (rires)!»

Betty Boopophile
Mathias Malzieu, la locomotive du groupe, est l'incarnation de l'univers à part du groupe, apportant la totalité des textes. C'est lui qui apporte ce monde fait de monstres, de fées et de longboard, et qui donne aux concerts ces plus beaux moments de folie... «Il nous fait quand même sacrément peur. Au Paléo par exemple, quand il est tombé dans les pommes après avoir fait l'aller retour avec la régie porté par le public... on a vraiment eu les boules» raconte Babet, lumière féminine et violoniste au sein du groupe.

Beaucoup des chansons de Monsters in love sont tirées des personnages de Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi., un livre écrit par Mathias pour exprimer le deuil de sa mère. «Quand il vient avec ses textes, on n'essaie pas de savoir exactement ce qui se cache derrière telle ou telle chanson. Chacun le prend comme il le ressent, et Mathias apprécie cette façon de faire... C'est comme un mille-feuilles de lectures différentes qui donnent à la chanson sa forme finale !»

Dans cet univers fantastique, pas de place pour les messages politiques...«Nous ce que l'on aime, c'est raconter des histoires. Et les textes de Mathias nous permettent d'exprimer des choses très personnelles. On n'aime pas les slogans démagos en concert». Mais cela ne veut pas dire que l'actualité n'influence pas certaines chansons: «Quand il y a eu l'épisode de Bush et du bretzel, Mathias a eu l'idée d'en faire une chanson, Bloody Betty. Il était fasciné par le personnage de Betty Boop, qui était à la base femme méchante aux jupes très courtes, et qui suite à une loi de censure, avait dû rallonger ses vêtements et perdre son côté obscur. Du coup Mathias a imaginé qu'elle revenait pour assassiner Bush avec des bretzels.»

Stadophile

 
Parmi la fine équipe qui compose le groupe, on trouve un autre personnage: Eric, le batteur. Le «petit Suisse» de la bande (il est originaire d'un petit bled dont seuls les Grisons ont le secret) arbore le jour de l'interview un magnifique bonnet aux couleurs des bernois de Young Boys.

Si l'accessoire a de quoi surprendre, la suite est des plus... originales. Je suis absolument passionné par les stades de foot. Chaque fois que je me rends dans une ville dont le club est connu, je dois visiter le stade. Et là en l'occurrence je me suis rendu à Berne pour voir les ours et le Stade de Suisse», explique-t-il. Mais cela ne s'arrête pas là ! «Quand j'ai le temps, j'en reproduit quelques-uns en maquette. J'en ai environ 50.» Diantre. «C'est clair que ça peut paraître franchement loufoque, mais ça a ses avantages», précise Babet: «Grâce à cette passion, il a un sens de l'orientation assez remarquable, et toujours quelque chose à raconter. Parce que quand le stade est fermé au public, il escalade les grillages, quitte à se faire arrêter!»

Suissophile

Hormis les stades de foot, le groupe entretient une relation particulière avec la Suisse. «Couleur 3 nous a toujours soutenus, et ce dès le départ» explique Mike. «Et on a pas mal joué en Romandie. Le public suisse a vraiment un truc à part» Ah bon ? «Cette espèce de Ola à la fin des concerts, ça c'est génial... On dirait une invocation! Et il n'y a qu'en Suisse qu'on voit ça.» Ce soir-là, le concert aux Docks prenait une tournure particulière:«C'est notre 500ème concert ! On est vraiment contents... Autant dire qu'on a envie de marquer le coup!»

Effectivement Dionysos a tenu toutes ses promesses... Mathias a nagé, escaladé les balcons et fait suer le public. Et mon petit doigt me dit que l'on n'a pas fini de les voir dans nos contrées, notamment cet été...