pratique

Les arcanes d'une coloc' réussie

Règles de survie pour cohabiter en harmonie

Vivre en colocation implique de partager ton lieu de vie avec des inconnus. Leurs habitudes peuvent être très différentes des tiennes... ou parfois même incompatibles! Cela s’avère pourtant une expérience très enrichissante. A condition de la préparer. Le caractère des différents résidents joue un grand rôle. Pourtant, en suivant ces conseils, tu mettras toutes les chances de ton côté pour que l’harmonie règne sous ton toit.

Les étudiants choisissent ce mode de vie pour la convivialité ou pour des raisons économiques; souvent les deux à la fois. Connaître les attentes de l’autre est primordial, car un colocataire peu présent pourra décevoir et frustrer celui qui espérait un logement très vivant, et vice-versa. H., stagiaire étranger, s’est retrouvé avec une compère qui dormait à l’appartement deux soirs par semaine. Il comptait sur elle pour se faire des copains et a été déçu de son expérience.

Le ratio des besoins d’intimité et de vie communautaire varie aussi d’un individu à l’autre, d’où l’importance d’une pièce commune. Les règles sont implicites: si tu t’enfermes dans ta chambre, c’est pour être seul, si tu lis dans le salon, tu cherches le contact. Une porte ouverte est une invitation à entrer, alors si ton colocataire italien super bavard arrive alors que tu as un examen à préparer... hâte-toi de t’enfermer!

Fêtard et pantouflard

Un grand fêtard dérangera un casanier plan-plan, et réciproquement. Mieux vaut s’intéresser au rythme de vie de l’autre lors du recrutement, plutôt que de se retrouver avec une invasion d’inconnus alcoolisés dans son salon trois fois par semaine. Ou un colocataire qui ne sera jamais tenté par une sortie et préférera rester l’oeil collé à sa télé. P., de la seconde catégorie, n’osait plus quitter sa chambre lorsque son colocataire recevait du monde, par peur de déranger. Tous deux l’ont mal vécu.

Maintenant que tu as une idée du type de colocation que tu recherches, tu peux discuter de ta vision avec tes futurs colocataires, et observer leurs réactions. S’ils ont les mêmes envies que toi, fonce. S’ils semblent avoir un objectif complètement différent, il vaut mieux passer ton tour.

Le ménage peut causer bien des disputes. Si ton colocataire, naturellement enclin à semer le bordel autour de lui, est aussi allergique à la panosse que tu fais toi virevolter avec brio chaque semaine, quelques frictions sont à prévoir...

Chaque individu a une tolérance différente face au désordre et à la poussière. J., surpris d’être le moins porté sur la poutze, considérait que ses deux colocataires en faisaient trop, sans se remettre en question, puisqu’il avait l’impression d’incarner la «normale». Chacun doit faire un effort afin d’atteindre un juste milieu, car en général, chaque résident s’imagine que les autres ont tort, qu’ils sont maniaques ou trop laxistes. Un plan de ménage peut aider à équilibrer les tâches.

Chapardage de courses

Passons maintenant à une pièce sensible, la cuisine. Le frigo est une source de conflits. À moins que tous les colocataires ne partagent chaque repas, il est judicieux de distribuer les différentes étagères, et d’en prévoir une pour les denrées en commun. La règle: ne pas toucher à la nourriture de son voisin, sauf permission expresse. C’est utile pour éviter tout pillage. V. n’ose pas dire à son colocataire que sa manie de bâfrer ce qu’elle achète la rend dingue. Elle tente de faire des économies et s’irrite de voir que le sans-gêne se sert de tout, sans rien racheter. Plus elle attend, moins elle ose aborder le sujet.

Néanmoins, acheter une partie des denrées en commun est ingénieux pour éviter d’avoir chaque produit à triple. La liste est à définir en commun pour que personne ne se sente floué. On peut par exemple noter: huile, sel, beurre, lait, savon, lessive... Pour l’argent, il y a trois façons de procéder: créer une cagnotte commune, assigner une mission permanente à chaque colocataire ou organiser un tour de rôle (qui peut se faire à la bonne franquette).

Chat, fumeurs et amoureux

Pour éviter de se sentir envahi le moment venu, il y a quelques règles à définir d’avance à propos de la clope, des animaux et des... amoureux. Il faut décider quelles pièces sont «fumeur» - ou pas, car même si tes colocataires ne sont pas accros à la nicotine, ils ont des copains qui le sont. Réglementer la présence d’animaux de compagnie est utile si les autres sont sujets à des allergies, voire à des phobies. Un problème similaire se pose avec l’incrustation prolongée de petits amis... M. se sentait envahie par la présence permanente de la copine de son colocataire. Pour certains, ces points peuvent devenir des sources de conflit, alors que d’autres personnes, très ouvertes, ne comprendront pas le besoin d’en discuter.

Hardcore ou Dj Bobo?

La musique peut devenir un sujet qui fâche. Si tu es sectaire, vérifie à l’avance les goûts de tes colocataires. Méfie-toi de celui qui porte un kilt et cache une housse bizarre dans son dos. Il est judicieux de définir des horaires où c’est acceptable de brancher sa radio à fond, de chanter sous la douche ou de s’adonner à la pratique débutante de la cornemuse. Même si tu dors jusqu’à midi, un enthousiaste pourrait mettre à profit la matinée pour souffler dans le biniou...

Enfin, une question revient souvent: faut-il prendre le «risque» d’habiter avec des amis, ou pas? Tout dépend de l’ami! Si vous avez un mode de vie et des attentes similaires, il n’y a pas de raison que cela se passe mal et qu’il y ait de véritables risques pour votre amitié. Par contre, tu découvriras des facettes de sa personnalité qui pourront te surprendre, ou t’agacer... Amitié et bonne cohabitation ne coulent pas de source, l’un n’inclut pas automatiquement l’autre. Comme avec tout colocataire, l’entente passe par le respect, la flexibilité des deux partis et la communication. Il faut oser dire les choses à son colocataire, mais toujours avec tact. L’honnêteté est primordiale, car vivre en colocation dans les non-dits finit toujours par provoquer de la frustration, qui causera une ambiance tendue ou, pire, l’absence d’ambiance!


Le règlement de coloc’

Utile pour prévenir... plutôt que guérir

Tu as peur de paraître zélé en demandant à tes colocataires de signer un règlement? Même s’il n’a pas de valeur légale, c’est un document primordial pour s’assurer que chacun a pris connaissance des points importants et s’engage à les respecter. Cela évite des litiges futurs, car il devient plus difficile de parlementer dans l’urgence ou devant le fait accompli.

Je vous quitte

Premier point à inscrire: les conditions de sortie. Combien de temps de préavis, à qui incombera la tâche de poser des annonces et qui paiera le loyer si aucun remplaçant n’est trouvé dans les temps. Cependant, si les résidents sont trop difficiles durant le casting, prévoir une échappatoire à celui qui quitte le bateau.

Au lieu de refaire un bail coûteux à chaque sortie ou entrée, si des colocataires sont là pour quelques mois seulement il peut être judicieux d’y mettre seulement le nom d’un «résident permanent». Comme celui-ci porte la responsabilité légale de l’appartement, il pourra demander une caution aux autres. Le règlement définit aussi la manière et le délai dans lequel verser le loyer au détenteur du bail.

Dehors!

Situation taboue, mais qui peut arriver, un colocataire peut devenir indésirable. Il est utile d’admettre sur le papier que les autres peuvent souhaiter le voir faire ses valises, car sa conduite est jugée inconciliable avec la vie en communauté. Là aussi, prévoir les conditions.

Fixer en détail l’organisation du ménage (tour de rôle, fréquence), la constitution de la cagnotte et ce qui relève des achats en commun évitera des incompréhensions dans le futur. Idem pour l’acquisition de meubles ou d’un congélateur: qui paye quoi? Il faut penser au moment où l’un d’entre vous s’envolera pour un autre nid...