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L'expérience internationale

Témoignage Junior Professional Officer - Liam Perret

Je m’appelle Liam Perret et j’ai 30 ans. Je suis actuellement en poste en Somalie au Bureau du Résident Coordinateur de l’ONU (l’Organisation des Nations unies) en tant que Junior Professional Officer Suisse.

En quoi cela consiste-t-il? Ma fonction s’intitule «Coordination Officer» ce qui, vous l’aurez deviné, consiste à faire de la coordination… mais encore? De l’extérieur, pour le grand public, l’ONU peut sembler être un organisme homogène qui s’occupe d’aider les pauvres gens en leur apportant de l’aide humanitaire et de l’aide au développement. Comme beaucoup de choses dans notre monde actuel, c’est un peu plus complexe.

A l’échelle du bureau pays (Country Office) de la Somalie, les diverses agences onusiennes (Organisations Internationales pour la Migration, Fonds des Nations Unies pour l’Enfance, Fonds des Nations Unies pour la Population, Programme des Nations Unies pour le Développement, etc.) opèrent de manière à apporter ladite aide humanitaire et de développement aux populations dans le besoin dans le cadre des priorités fixées conjointement par le Gouvernement Fédéral Somalien et la communauté internationale. Ce cadre stratégique a permis à l’ONU en Somalie d’élaborer son propre plan stratégique stipulant quelle serait la contribution de l’ONU sur le plan national.

Et moi dans tout ça? Eh bien, mon rôle consiste à contribuer à la coordination du travail des agences onusiennes entre elles et de les aider à développer des programmes conjoints pour mettre en œuvre le plan stratégique de l’ONU en Somalie. Aussi, je contribue à produire des analyses compréhensives, regroupant plusieurs flux d’informations provenant des donateurs, des ONGs (organisations non gouvernementales) opérant en Somalie, et du système onusien lui-même. Cela permet aux agences travaillant sur le terrain de développer de nouveaux programmes.

Sur le terrain, ça donne des missions diverses et variées. Dans un premier temps j’ai aidé le Bureau du Résident Coordinateur avec la communication des projets de l’ONU en Somalie. Cela consistait à rendre visite aux projets des différentes agences, rédiger des petites histoires et prendre des photos pour illustrer la manière dont les projets affectent la vie des gens qui en bénéficient. En Octobre, j’ai également couvert la visite de l’Envoyé Spécial du Secrétaire Générale pour la Jeunesse, M. Ahmed Alhendawi, le suivant dans ses rencontres avec le Gouvernement somalien et les représentants de la jeunesse somalienne. Dans les prochaines semaines je vais également prendre part à des missions d’analyse et de planification à Baidoa, dans L’Ouest de la Somalie, afin d’appuyer les autorités locales dans la planification de leurs priorités.

Comment en suis-je arrivé là? Fils d’un père Suisse romand et d’une mère Anglaise, j’ai vécu mes cinq premières années à Zurich. Ensuite, nous avons déménagé en France où j’ai effectué toute ma scolarité. A l’âge de commencer l’université je parlais donc déjà quatre langues: le suisse allemand, l’anglais, le français et l’espagnol, que j’ai appris à l’école en France. Plus tard, à Amsterdam, j’ai aussi appris le Hollandais.

Pour les études, j’ai suivi l’appel du large, comme on dit. J’ai fait une Licence (Bachelor) en Science Politique à l’Université de Montréal au Canada. C’est au cours de ces premières études universitaires que j’ai développé un intérêt croissant pour les affaires internationales, la philosophie politique et la résolution de conflits.

A la suite d’une année d’échange bilatéral à Barcelone, j’ai donc décidé de poursuivre mes études en faisant un Master en Résolution de Conflits et Gouvernance à l’Université d’Amsterdam. J’ai obtenu mon diplôme avec mention Cum Laude au terme d’une année inspirante au cours de laquelle j’ai rédigé un mémoire sur les efforts de médiation internationale au sein du conflit Ethiopie-Erythrée (1998-2001).

Ensuite, j’ai travaillé pendant cinq ans dans le secteur des organisations non-gouvernementales. J’ai débuté par un stage avec une ONG américaine, «Search For Common Ground», travaillant dans la résolution des conflits à l’échelle communautaire par le biais principalement des médias (radios et télévisions). J’ai commencé comme stagiaire à Washington, puis comme Programme Officer à Bruxelles. Par la suite, j’ai travaillé pour Oxfam Novib et CARE Nederland aux Pays-Bas aussi en tant que Programme Officer. C’est durant ces années formatrices que j’ai appris la base de ce qu’est l’aide au développement, comment fonctionnent les financements, comment un programme est construit, comment il est suivi, et comment il est évalué. J’ai également fait des missions de suivis et d’évaluations sur le terrain en Somalie, au Yémen et en Afghanistan avec CARE Nederland.

Fort de cette expérience de gestion des programmes, de levée de fonds, de suivi et d’évaluation au QG et sur le terrain, j’ai décidé de postuler pour des offres de travail onusiennes. Malheureusement, ce ne fut pas un processus court et facile dans mon cas. Le fameux catch 22 du «Monsieur votre CV est très bon, mais il vous faut de l’expérience onusienne afin d’obtenir un poste à l’ONU…» me barrait la route. Ayant déjà travaillé cinq ans pour des ONG, il était hors de question de revenir à la case départ et de faire un stage non payé. J’ai donc trouvé une petite porte d’entrée sous la forme du Volontariat des Nations Unies. J’ai effectué un placement de six mois avec le PNUD au Népal, travaillant sur la résolution de conflits, avant d’être sélectionné pour le poste de JPO que j’ai actuellement.