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Ma vie en mobile home

Faute de logement, Lucas Chays a vécu plusieurs mois au camping

Après  6 mois de recherche d’appartement et autant de désillusions, Lucas Chays se résout à habiter dans une caravane. Son port d’attache? Le camping de Vidy à Lausanne. Retour sur une expérience de vie qui forge le caractère.

Le décor est vite planté: une table, une kitchenette et un lit de camp. Au milieu du camping-car trône un ordinateur, seule concession du jeune homme à la technologie. «Je bénéficie aussi d’une réserve d’eau et de toilettes chimiques à vider une fois par semaine», précise l’étudiant en génie civil. 5 mètres carrés pour 530 francs par mois. Un lieu exigu mais qui plait à Lucas: «Au fil du temps, je me sentais de plus en plus chez moi, j’ai réussi à me créer un petit cocon douillet».

Mais la vie au camping n’est pas toujours rose. Son pire souvenir? «Un jour la batterie a lâché. Je n’avais plus d’électricité». Le scientifique applique alors le système D. En guise d’éclairage, il utilise la lampe de poche de son natel. Autre poisse: «Il y a trois semaines, le chauffage m’a fait faux bond. J’ai aussi eu l’eau coupée. Du coup, je devais m’approvisionner avec  celle du camping et l’acheminer jusque dans ma caravane». Un malheur n’arrivant jamais seul, le jeune homme doit encore faire face à un toit qui fuit.

Vieux loup solitaire

Plus sérieusement, la toilette se fait dans les locaux communautaires. L’occasion pour le futur diplômé de partir à la découverte de ses voisins. Au camping de Vidy, la majorité des gens vivent à l’année et sont retraités. Au cours de son séjour, Lucas n’aura croisé qu’une seule personne de son âge, un étudiant allemand. «La solitude m’a parfois un peu pesé», confie-t-il. Les jours de blues, le jeune homme sort son mini synthé pour égayer la vie de sa caravane. Nous sommes loin de l’image du camping de vacances où tout le monde se retrouve autour d’un bon petit verre pour faire la fête. «Mais bon, je ne suis pas si à plaindre que ça, au moins j’ai un toit. J’ai des amis qui vivent des situations bien pire. Un copain fait tous les jours trois heures de train, faute d’avoir trouvé un logement sur Lausanne. Un autre dort dans les couloirs de l’EPFL».

Maison de rêve

Après trois mois d’existence au camping, Lucas a eu la chance de trouver un domicile plus spacieux. Un vrai, cette fois. Il vit, désormais, chez l’habitant. Une villa cosi qu’il partage avec trois autres étudiants, amateurs de musique. «Beaucoup de personnes étaient intéressées par ce logement. J'ai eu énormément de chance de pouvoir emménager ici! L'endroit est idéal et mes congénères sont super gentils. Il est vrai que la vie sauvage me manque, mais je n'ai plus à me plaindre maintenant». Si le jeune homme se dit très satisfait de sa situation, il rêve de vivre dans une petite maison au bord du lac qu’il partagerait avec des amis. «Mais au vu de la crise du logement actuelle, ce n’est pas pour tout de suite!», conclut-il.