édito

Privatiser la formation?

Hello,

Ce qu'il y a de magnifique avec l'automne, c'est de découvrir chaque année les revendications saisonnières de nos homologues français. En 2006, à coups de grèves, manifestations, blocages de fac et affrontements de rue, le CPE tenait le haut de l'affiche et ébranlait le gouvernement De Villepin. Ces semaines, leur colère se focalise contre la loi sur l'autonomie des universités adoptée durant l'été, présentée par la Ministre Valérie Pécresse et proposée par l'«hyper-président» Sarkozy durant sa campagne électorale. Ses promesses d'ici à 2012:

- augmenter de 50% le budget de l'enseignement supérieur (5 milliards d'euros);

- porter le budget de la recherche à 3% du PIB (15 milliards d'euros);

- libérer les universités du «carcan administratif centralisé et inefficace qui pèse sur elles»;

- donner la possibilité aux universités de créer ou de supprimer des postes, de choisir leurs profs et chercheurs permanents et de faire des choix pédagogiques en lien avec leur environnement économique.

Des universités qui partent à la chasse aux sponsors au détriment de la formation: les craintes des étudiants sont-elles justifiées? La concurrence entre établissements entraînera une division des formations, et les universités abandonneront les branches -jetons-nous à l'eau- invendables, par souci de rentabilité, puisque les entreprises qui financeront les universités souhaiteront un retour sur investissement; autrement dit: des personnes compétentes dès la fin de leurs études. A cela s'ajoutera l'augmentation des frais d'inscriptions pour les écoles désertées par les mécènes. Bref, à l'image de notre société, on se dirige vers un système de formation à 2 vitesses. A en oublier presque le rôle principal de l'université.

Ces revendications peuvent sembler lointaines, mais elles sont pourtant d'actualité. Si la compétition dans les études (etumag 021) semble encore un concept nouveau, la course aux «investisseurs» entre les hautes écoles est une réalité bien établie. Entre la drague aux Nobels, la quête de partenaires prestigieux, l'association à des défis technologiques médiatisés (...aller plus vite sur l'eau ou voler plus loin dans les airs) et le sponsoring de nouveaux bâtiments, amphis ou chaises de cours, certaines écoles sont devenues maîtres en la matière. Il ne se passe plus une semaine sans un communiqué de presse annonçant des fiançailles toujours plus somptueuses. A l'heure où les budgets de la recherche et de la formation sont négociés à coups de pourcents homéopathiques alors que les charges des hautes écoles prennent l'ascenseur, la réflexion sur les nouvelles sources de financement est légitime... et tout simplement nécessaire. Reste à définir la manière...! Et dans cette course aux généreux sponsors, comment ne pas citer l'Université de Fribourg qui vient de décrocher le jackpot avec une incroyable donation de 100 millions de francs d'un industriel local. Ou quand l'émotion prend le pas sur la raison. A ce stade, on ne dit plus bravo, mais respect, Monsieur Merkle! La discussion se poursuit sur etudiants.ch!

A la veille des fêtes de fin d'année et le passage à l'an neuf, toute l'équipe d'etudiants.ch te présente ses meilleurs voeux. Bonne chance pour les prochains examens et rendez-vous début mars pour de nouveaux reportages sur la vie académique.