I-reporters

Du 3 au 28 septembre, ils ont sillonné la Suisse romande pour poser un autre regard sur la campagne des élections fédérales. Avec un vidéophone, ils ont filmé la bataille politique, les candidats, les coulisses, les coups de coeur et coups de gueule d'une génération face à la politique.

Stéphanie Spiess 24 ans,Sion,
future licenciée en Sciences Politiques de l'UNIL.

Marc Menichini 23 ans, Genève,
licencié en Relations Internationales (HEI Genève).

Marie Tschumi 22 ans, La Tour-de -Peilz,
UNIL, Sciences Sociales, en préparation de la rédaction d'un mémoire.

Sébastien Reichenbach 24 ans,Echallens VD,
Lettres à l'UNIL.

Laura Bonomo 23 ans, Genève,
dernière année deBachelor en Sciences Politiques à l'UNIGE.

Deborah Sohlbank
24 ans,
BA à Neuchâtel en Ethnologie, Français et Journalisme, débute un master à l'étranger.

Jonas Schneiter 17 ans, Lausanne,
étudiant au Gymnase de Beaulieu en option Economie et Droit.

1. Pour quelles raisons es-tu devenu i-reporter?
S.P : Curiosité pour le monde médiatique et politique, envie de vivre une campagne électorale de l'intérieure, pour en déceler les mécanismes et les zones d'ombre...
S.R : Intérêt pour la vidéo, le multimédia et le journalisme, j'avais envie de me retrouver sur le terrain et de pouvoir couvrir l'approche des élections de manière un peu décalée et d'interviewer du monde (dans la rue ou à des meetings politiques). Pis bon, la RSR c'est un média que j'apprécie tout particulièrement alors une expérience dans cette radio, côtoyer les journalistes etc, ça me motivait bien.
M.T : Passion du milieu journalistique et attrait certain pour la politique.
M.M : Pour participer à une expérience journalistique inattendue et innovante, pour être sur le terrain, pour montrer la politique sous un autre angle.
L.B : Le milieu des médias et de la politique m'intéressent beaucoup et là, ces deux aspects se trouvaient réunis.
J.S : Pour avoir une première expérience dans le milieu des médias qui me fait rêver depuis tout petit et pour en savoir plus sur cette chose bizarre qu'on appelle politique.
D.S : J'ai vu l'annonce de recrutement et elle m'a parlé. J'étais intéressée de pouvoir travailler dans un format original et avec une nouvelle technologie.

2. Comment s'est passée la sélection?
S.P : Stressante mais concluante. Une lettre de motivation et un dossier de candidature classique, un entretien où j'ai su me montrer convaincante et hop je deviens i-reporter!
S.R : Ben un petit dossier et un entretien, classique.
M.T : CV et lettre de motivation. Puis entretien individuel de 20 minutes. Différentes questions portant sur la politique, la jeunesse et personnelles.
M.M : Lettre de motivation, CV, entretien. (je ne vois pas trop le sens de cette question)
L.B : Sur CV et lettre de motivation, puis par entretien qui s'est très bien déroulé car l'équipe de la RSR nous a très bien accueillis.
J.S : Moi, j'ai entendu une publicité à la radio, et deux heures après, je m'inscrivais. Sur toutes les inscriptions, environ 50 candidats ont été convoqués pour un premier entretien. Pour terminer, seul 9 jeunes de 16 à 25 ans ont été retenus pour participer à l'opération!
D.S : J'ai envoyé une lettre de motivation et j'ai passé un entretien.

II INTERVIEW

3. Comment prépares-tu et organises-tu les interviews?
S.P : Dans l'idéal, je choisis une thématique et j'essaie de construire autour d'elle un cheminement de question (démarche plus réalisable lorsque l'on a un rendez-vous avec une personne précise). Mais, honnêtement, j'ai souvent laissé place à l'improvisation, car on ne sait jamais vraiment sur qui l'on va tomber, quelle sera l'ambiance… Quant aux personnes à interviewer, j'ai essayé de donner la parole à un maximum de gens possibles. En effet, la politique doit s'appréhender au sens large, et les politiciens n'ont pas le monopole du discours politique. La politique est partout, même là où l'on s'y attend le moins, et elle ne ressemble pas toujours à ce que l'on imagine de prime abord. C'est pour cela que j'ai tenté également d'aller vers les gens, vers ceux qui sont directement touchés par les décisions politiques.
S.R : J'me renseigne sur le sujet et j'essaie de trouver des questions et un angle original qui se démarquent de ce que font les journalistes «classiques».
M.T : Trouver un sujet original, contacter la personne puis préparer les questions. Parfois le jour avant. Parfois le jour même durant l'interview!
M.M : Premièrement, je décide d'un thème (environnement, les blogs politiques), puis je cherche les questions que je me pose par rapport à ce dernier, je cherche aussi les questions qui «circulent» autour de ce thème, je décide de garder une ou deux questions et surtout je choisis mes interlocuteurs (politiciens, étudiants, apprentis) ce qui m'aidera aussi à choisir la question. Si besoin est, je prends rendez-vous avec les politiciens (certains jours furent consacrés à la « gestion » des rendez-vous après avoir fixé un agenda des thématiques).
L.B : On choisit les sujets selon l'actualité et les événements mais aussi selon nos intérêts.
J.S : Je me renseigne un peu sur la personne, son actu et son parcours. Mais je n'essaie pas de tout savoir sur la «cible» avant de la rencontrer, parce que j'y perdrais en spontanéité. Et surtout, l'internaute qui verra la vidéo ne connaît sûrement pas grand-chose sur l'interviewé, donc il ne sert à rien d'en savoir 10 fois plus que lui ! Ensuite, je classe mes questions par degré d'impertinence et garde les plus déstabilisantes pour la fin. Pour le décor, j'essaie dans la mesure du possible, de sortir l'interviewé du contexte dans lequel on le voit tout le temps!
D.S : Nous avons une grande liberté quant au choix des sujets. Nous préparons notre planning environ une semaine à l'avance. En général je prépare l'interview le soir avant ou, si je travaille avec un autre i-reporter et que nous avons un déplacement relativement long, pendant le trajet. Lorsque nous sommes deux ou trois sur un sujet, nous cherchons à avoir deux angles différents et réfléchissons aux enjeux liés à notre thème.

4. Quelles sont tes techniques pour obtenir des informations?
S.P : Il en existe beaucoup et elles dépendent énormément de notre interlocuteur. Mais en général, l'humour et un sourire bien placé facilitent l'accès à une discussion plus informelle. Qui plus est, créer un climat de confiance en entamant une petite conversation avant de balancer mes questions, c'est un plus pour amener nos politiciens à se livrer davantage.
S.R : Aborder les gens tranquillement, discuter un peu avant et détendre l'atmosphère si possible, et une fois qu'il y a un assez bon contact on peut y aller avec les questions un peu plus directes et les filmer...
M.T : Diverses. Par mot-clé en général, histoire d'avoir une réponse rapide. Des questions plutôt fermées pour ne pas avoir un trop long discours de l'interlocuteur.
M.M : Comme nous n'étions pas des journalistes, nous n'étions pas à la recherche d'informations, mais plutôt de réaction. Les techniques d'interviews varient en fonction des interlocuteurs ; avec un politicien, avant d'arriver à la question qui m'intéresse, il faut prendre le temps de discuter avec lui, poser quelques questions préalables pour entrer en matière ; avec les jeunes il faut aller à l'essentiel, pas besoin de tergiverser. Et d'une manière plus générale, toujours présenter de manière simple notre opération, «l'esprit» de cette démarche, bref mettre en confiance les gens, prouver qu'on n'est pas là pour les piéger.
L.B : Il y a internet, la presse et l'équipe de la RSR nous fournit quelques bons tuyaux
J.S : Honnêtement, je commence toujours par utiliser Google. Mais il faut faire extrêmement attention aux sources sur le web concernant la politique ! Le mieux et de se référer presque uniquement aux sites officiels. Et, au moindre doute, un coup de téléphone s'impose pour confirmer ou infirmer une info. Un deuxième moyen pour avoir des infos et, tout simplement, de DISCUTER avec des politiciens, des amis et des amis de politiciens.
D.S : Le but du jeu en interrogeant des politiciens est de ne pas les permettre de se lancer dans un long et interminable tunnel de discours électoral. Nous cherchons donc à les «surprendre» par des questions inattendues ou en les sortant de leur cadre et de leur rôle de politicien.

5. Quelles sont les principales difficultés que tu as rencontrées?
S.P : La langue de bois… Malgré les ruses et les subterfuges, un politicien reste un politicien, d'autant plus lorsqu'il est en campagne. Donc, il a été difficile de les amener à jouer totalement le jeu de l'interview décalée. Ils ont tellement l'habitude des journalistes et de leurs questions que leur discours est plus que rôdé et il est quasi impossible de les faire sortir des sentiers battus. Le micro-trottoir n'a pas non plus été tâche facile. Les gens se sont souvent montrés réticents, comme si le mot politique les faisait fuir.
S.R : Pas toujours évident de trouver un sujet tous les jours et de sans cesse trouver un angle original, mais on fait de notre mieux!
Sinon, une fois, on m'a refusé l'entrée à un meeting UDC à Chesaux c'était un peu le scandale (je te conseille de jeter un œil sur le site pour voir la vidéo, elle est assez parlante, elle date du 10.09.2007 dans la liste sur le site de generation07.rsr.ch)
M.T : Eviter la langue de bois des politiciens, convaincre les gens d'accepter de répondre à nos questions. Toujours rester original. Ne pas être insolent. Savoir ses limites et celles de l'interlocuteur.
M.M : Frilosité des gens (toutes ces personnes jeunes et moins jeunes interpellées dans la rue) à vouloir s'exprimer devant une caméra. De plus, l'idée d'être sur un clip vidéo disponible sur internet en a refroidi plus d'un (il y a encore des craintes par rapport à la protection de sa sphère privée sur le net, et j'en conviens, la méfiance est encore de mise et justifiée!)
Scier la langue de bois des politiciens : opération quasi impossible, j'aurai tout de même essayé, mais ils arrivent toujours à éviter les questions un brin dérangeantes. Ils finissent toujours pas parler des idées qui remplissent les programmes de leur parti. Mais c'est de bonne guerre, période d'élections fédérales oblige ! Par contre, moi je n'ai presque jamais été surpris par les réponses que j'ai reçues.
L.B : A faire sortir les politiciens de leurs rôles et de leurs discours bien rôdés et faire parler les gens de politique, car souvent ils manquent de disponibilités que se soit au niveau du temps que de la capacité ou la volonté de parler de ce sujet.
J.S : Le but de Génération 07 était de faire des vidéos très courtes (environ 30 secondes). Mais lorsqu'on pose une question à un politicien, il y répond en 5 minutes, puis dérive sur d'autres sujets, et finalement, parle pendant un quart d'heure! Et si, par malheur, on ose lui couper la parole, ça passe souvent très très mal!
D.S : Justement, réussir à ne pas obtenir de réponses trop « bateau ». Et pour cela, le défi est de notre côté, les questions ne doivent pas l'être non plus. Pas évident tous les jours...

III OPINIONS PERSONNELLES

6. A ce jour, quelle est la personnalité politique que tu as préféré interviewer et pourquoi?
S.P : Honnêtement, je ne sais pas... Forcément, les politiciens sont tous sympas quand ils sont en campagne. Mais si je devais en citer un ou une, je dirais Marie Pochon Loye, une jeune candidate valaisanne d'écologie libérale. Nous avons partagé un repas et papoté longuement avant de passer à l'interview proprement dit. Nous avons abordé de nombreux sujets de manière ouverte, et elle ne ramenait pas systématiquement tout à son appartenance partisane et à la ligne de son parti. C'était agréable de voir qu'un politicien savait parfois sortir de son rôle.
S.R : Géraldine Savary, c'était sympa, elle ne s'attendait pas du tout à cette question et ça l'intriguait et elle s'est bien marrée. Mon baby foot contre Charles Favre était sympa également.
J'ai bien aimé aussi faire mon sujet ou j'ai posé des questions basiques sur le canton de Vaud à des UDC (des questions qu'on pose aux étrangers qui font la demande de naturalisation). J'ai vraiment pris du plaisir à les piéger « à leur propre jeux » (j'te conseille également de jeter un œil à cette vidéo, leur ignorance est impressionnante… le sujet a été mis en ligne le 11.09.2007)
M.T : Josef Zysiadis. Pour sa franchise, son humour et sa proximité
M.M : Aucune en particulier.
L.B : Antonio Hodgers, car je pense qu'il fait partie des politiciens qui pourraient toucher les jeunes.
J.S : C'est vraiment très difficile d'en choisir qu'une mais j'ai eu beaucoup de plaisir à interviewer, Ruth Dreyfuss, Thérèse Meyer, Jacqueline de Quattro et Julien Sansonnens. En faite, j'ai eu vraiment du plaisir avec tout le monde sauf un, mais si vous avez un peu suivi l'opération ou que vous lisez la suite, vous saurez qui c'est!
D.S : Cela ne se limite pas à une personne. J'ai par exemple aimé interviewer Géraldine Savary (naturelle), Jean-Pierre Cattin (pince sans rire) ou encore Yvan Perrin (disponible et ne cherchant pas à faire absolument passer des mots clefs liés à son parti, contrairement à d'autres membres de l'UDC).

7. A ce jour, quelle personnalité politique t'as laissé le plus mauvais souvenir et pourquoi?
S.P : Je ne pense pas forcément à une personne particulière mais plutôt à une soirée qui a été plus difficile que les autres. C'était lors du Congrés de l'UDC à Montreux. Entre une manif moyennement convaincante et une ambiance qui ne me correspondait pas du tout, l'envie de déconner sur la politique m'avait subitement abandonnée. Je ne me sentais pas à ma place et mal à l'aise vis-à-vis de ce qui m'entourait. Mais, j'ai vite oublié cette soirée pour retrouver ma bonne humeur et mon envie de vivre à fond l'aventure Génération 07.
S.R : Disons Claude-Alain Voiblet, un candidat vaudois UDC. Dans l'émission «Forums» sur la RSR, il se présente en sauveur de la situation lorsqu'on nous a refusé l'entrée au meeting à Chesaux. Alors que si on a pu rentrer finalement, c'est parce que j'étais journaliste, et non pas parce qu'il estimait qu'on était les bienvenus...
M.T : Micheline Calmy-Rey, car elle a refusé de répondre à nos questions
M.M : Aucune en particulier.
L.B : Tous ceux qui pratiquent la langue de bois, à savoir la quasi majorité.
J.S : Presque sans hésiter : Pascal Couchepin. Il m'a beaucoup surpris et déçu. Je pensais qu'il aurait un peu d'humour et de spontanéité! Mais la réalité et tout autre. J'ai essayé d'un peu le bousculer avec des questions impertinentes pour avoir une réponse spontanée. Au lieu de ça, il m'a tout simplement envoyé paître.
D.S : Je ne saurais pas le dire comme ça, peut-être ceux qui étaient justement tellement fades qu'ils ne m'ont pas marquée.

8. Pourrais-tu nous citer la réponse d'un politiciens qui t'a le plus marqué?
S.P : Il y en a eu beaucoup ; certaines très intéressantes et amusantes, d'autres plutôt désolantes. Celle qui me vient à l'esprit est la suivante : dans un des glossaires que j'ai réalisé, Grégory Logean, candidat UDC du Valais, m'a scotchée. Je lui dis initiative, et il me répond UDC, minaret. Comme quoi l'appréciation de la démocratie directe diffère d'un individu à l'autre.
S.R : Charles Favre m'a avoué qu'à 20 ans il portait des T-shirts de Mao et du Che...!
M.T : Mot-clé en réponse à «politique»? «Saucisse»!
M.M : Comme évoqué ci-dessus, les réponses des politiciens ne m'ont jamais vraiment étonné.
L.B : La fameuse réaction de Couchepin. Ce qui m'a marqué c'est qu'il ait perdu son sang froid, alors que cela fait partie de sa fonction. Il aurait pu ne pas répondre ou alors tourner la question à l'autodérision, il en faut dans ce métier… De plus, après l'échange, il est venu demander à Jonas (le i-reporter qui a posé la question) de s'excuser. J'ai été vraiment surprise de sa réaction très moralisatrice et paternaliste. Un peu plus et il lui donnait la fessée.
J.S : C'était à la boom des radicaux dans une boîte de nuit lausannoise. J'ai leur ai demandé s'ils avaient aussi des arguments pour convaincre les jeunes ou si faire des fêtes suffisait. Et une femme radicale, totalement prise de cours, m'a répondu, qu'en faite, elle n'avait jamais vraiment pensé aux arguments ! Ça, au moins, c'était une réponse qui semblait sincère.
D.S : J'ai demandé à certains candidats de me dire une expression typiquement jeune:
- J'ai laissé ma meuf à la maison.

- Vous en avez d'autres ?

- Oui, mais plus anciennes : nana, gonzesse, pétasse...

- Vous n'auriez pas quelque chose qui ne touche pas aux femmes?

- (Petit temps de réflexion) Euh non comme ça, ça me vient pas.

Révélateur?

9. Quelle personnalité t'a le plus surpris par rapport à l'image que tu t'en faisais avant l'expérience et pourquoi?
S.P : De manière générale, je dirai les candidats inscrits sur les listes jeunes. Certains ressemblent déjà à de vieux politiciens, sur leur garde et préparés à vendre leur argumentaire. Mais où est donc la fraîcheur politique que je pensais trouver chez eux? Cependant, je ne tiens pas à généraliser ce jugement, car certains m'ont prouvé qu'ils avaient de réelles propositions, correspondant aux préoccupations de leur âge.
S.R : Disons que Hans-Rudolf Merz nous a bien fait rire avec ses métaphores gastronomiques, alors que j'en avais une image d'un vieux monsieur sérieux et coincé.
M.T : Hans-Rudolf Merz. Il a su répondre avec humour et sans langue de bois. J'avais peur d'être confrontée à un discours de politicien, c'est-à-dire un blabla sans fin. Mais il a su tourner la chose au ridicule et c'était agréable
M.M : Les politiciens Suisses ne sont pas encore des « people » ou du moins je ne les considère pas comme des « people ». Certes, ils se donnent une image à travers une presse un brin plus sensationnelle, mais ce sont vraiment des gens comme vous et moi. Donc cette expérience n'a pas vraiment changé mon image des politiciens, ou peut-être juste le fait qu'ils se soient aussi facilement prêtés au jeu de nos rubriques «glossaire» et «blague»...
L.B : Couchepin qui manque de sang-froid pour un homme public et surtout Blocher si peu charismatique en proportion des montagnes qu'on fait de lui.
J.S : C'est Thérèse Meyer. Je lui ai demandé si elle pouvait nous raconter une blague. Comme, elle fait partie du PDC et qu'elle me semblait très sérieuse de l'extérieur, je m'attendais à une petite blague gentille-gentille et totalement nunuche. Mais, en faite, elle nous en a raconté une vraiment en-dessous de la ceinture ! Et une autre encore plus salace, quand on avait coupé nos vidéophones. Décidément, elle ne correspond pas à l'image de la petite dame pieuse et austère que je me faisais!
D.S : Je ne l'ai pas interviewé directement mais le politicien qui m'a surpris en bien, c'est Hans-Rudolf Merz: je l'ai trouvé très joueur et c'est quelque chose qui ne transparaît pas du tout à travers les médias traditionnels. Et il ressemble à un petit lutin!

10. Quelle est ton anecdote la plus marquante?
S.P : Ma soirée raclette et stand de tir chez les jeunes UDC. Comme quoi j'ai dépassé mes limites pour Génération 07. Je vous laisse découvrir la vidéo sur le site et vous comprendrez mieux.
S.R : (aucune réponse)
M.T : Meeting de l'UDC à Montreux au Casino. Réunion qui m'a dégoûtée. Discours qui m'ont révoltées. J'ai eu l'occasion de parler avec un candidat qui a tenu des propos tellement racistes que j'ai cru qu'on allait en venir aux mains!
M.M : (aucune réponse)
L.B : Peut-être rencontrer des membres de l'UDC de couleur et les entendre défendre les fameuses affiches du mouton noir.
J.S : Ma rencontre avec Mathis Kunstler, un acteur allemand en pleine ascension. Il est vraiment génial et très sympa mais. Personne n'est parfait, il parle allemand! Donc, j'ai pataugé pendant 20 minutes pour essayer de faire en sorte qu'il comprenne un peu mes questions. Résultat: il n'a rien compris, donc il a répondu complètement à côté. Ensuite j'ai passé 3h avec mon dico pour essayer de comprendre ce qu'il avait bien pu me raconter.
D.S : Ce n'est pas une anecdote spécifique, mais j'ai juste trouvé incroyable à quel point les politiciens sont sur un plateau d'argent dans des périodes aussi chaudes que celles-ci.

11. Génération 07 a-t-elle changé ta vision de la politique et des politiciens, si oui de quelle manière?
S.P : Oui et non. Je pense que j'étais déjà consciente des implications d'une campagne sur le comportement des candidats, donc je n'ai pas été surprise par les attitudes et les ambiances que j'ai rencontrées. Par contre, Génération 07 m'a permis d'entrevoir les coulisses du pouvoir, les enjeux parfois latents de la campagne. Et ça, c'était vraiment intéressant!
S.R : Mhhh, ben disons que le fait de les côtoyer ça les rend nettement moins impressionnants. On croit qu'ils sont tous super bons dans le débat, super calés, qu'ils ont beaucoup de répartie, etc. En fait c'est surtout des orateurs, ils parlent bien mais ne répondent pas forcément de manière pertinente à la question. Sinon ce qui m'a fait sourire dans ces meetings, c'est monsieur et madame tout le monde qui sont membres d'un parti… Ils sont surtout là pour causer de tout et de rien, ils sont tout contents de se sentir appartenir à une sorte de grande famille, sans forcément vraiment être très au courant de la politique.
M.T : Disons que cette expérience nous permet d'être plus proches. Ce qui m'a marqué c'est de voir à quels points les candidats, certains bien sûr pas tous (et heureusement), répètent ce qu'on leurs a dit de dire. Et je me rends compte pourquoi les gens aujourd'hui ne vont pas spécialement voter. Tout semble flou. Je me suis aussi rendue compte que l'argent c'est le pouvoir dans ce milieu. Que les idées et la démocratie ne sont pas vraiment présentes. Ceux qui ont de l'argent se font élire car ils ont les moyens de convaincre par la propagande. Je pensais que chacun avait sa force et sa capacité de se faire entendre. Preuve que non. Notre société semble être dictée par le pouvoir de l'économie (ce qui n'est pas nouveau).
M.M : Nos politiciens sont vraiment très accessibles (je suppose que c'est la période « élections fédérales » qui le permet). Mais tout de même, ils prennent le temps de discuter, d'échanger des idées, mais aussi d'écouter (pas tous, mais une majorité). Donc j'ai vraiment eu quelques discussions intéressantes. De là à changer ma vision du politique, je ne pense pas. Génération07 a été une clé pour entrer dans le monde des politiques et le confronter aux à prioris et autres préjugés que je pouvais en avoir, certains ont été confirmés, d'autres ont plus ou moins disparu.
L.B : Oh oui ! Je comprends mieux pourquoi les gens sont si hermétiques aux discours des politiques qui n'expriment souvent que des platitudes.
J.S : Avant je pensais que les politiciens étaient seulement des gens qui, en avançant eux-mêmes, pensaient faire progresser le peuple tout entier. Avec génération07, je me suis rendu compte qu'il y'a quand même quelques politiciens qui font avancer notre pays.
D.S : Je me suis rendue compte que la figure du politicien n'existe pas vraiment en Suisse, nos politiciens sont Monsieur et Madame Tout le Monde. Cependant, lorsque les politiciens se (re)présentent à travers leur parti en période de campagne électorale, tout ceci me semble être une grande parade.

12. Génération 07 t'a-t-elle donné envie de poursuivre dans le journalisme, dans la politique ou dans d'autres domaines?
S.P : Forcément oui. Toutefois je suis consciente que le monde médiatique est difficile d'accès, car il y a beaucoup d'appelés pour peu d'élus. Je vais donc explorer d'autres voies qui me permettront de maintenir le lien avec le monde politique. Le temps des stages est arrivé!
S.R : Ouais, clairement. Mais avant je voulais plutôt faire de la radio et là cette aventure m'a fait prendre conscience que je préférerais produire des sujets pour la télé. J'ai vraiment eu du plaisir à mettre en scène mes sujets, à m'imaginer des petits scénarios et même à me mettre en scène dans des petits sketches.
M.T : Le journalisme a toujours été ma vocation. Et cette expérience l'a confirmé. Quand à la politique, j'ai toujours désiré en faire. D'un côté j'avais cette volonté de me faire entendre mais, comme je l'ai dit plus haut, je me rends compte que pour se faire entendre il faudrait être multimillionnaire. Je crois que j'ai perdu un peu de mes illusions en la matière. Mais je ferais quand même en sorte de me battre. Ce qui est dommage c'est que les gens ont tendance à se fier au parti sans prendre le temps de s'arrêter sur la personne. Ainsi, alors que certains auraient leurs places sur les bancs, ils sont rejetés car l'étiquette du «gauchiste» par exemple leur colle à la peau.
M.M : Dans le journalisme certainement, et je constate aussi qu'il y a encore beaucoup à faire en matière de « conscience citoyenne », les jeunes Suisses ne réalisent pas le privilège et le pouvoir qu'ils ont (à travers le droit de vote).
L.B : Dans le journalisme, oui, mais cette expérience m'a un peu «refroidie» en ce qui concerne une éventuelle carrière politique que j'envisageais avant.
J.S : Génération07 a été, pour moi comme un stage grandeur nature dans le monde des médias et de la politique. Et si maintenant, je devais choisir un des deux, je choisirais, sans hésiter, les médias.
D.S : J'aimerais bien continuer dans le journalisme. J'ai trouvé ce travail très stimulant entre autres par son aspect terrain.

IV CONSEILS

13. Que faire pour que les jeunes s'intéressent plus à la politique?
S.P : Si la politique pouvait paraître plus accessible, ça serait un énorme pas en avant. Et cela passe par un langage plus clair, des enjeux mieux définis et surtout un rapprochement de la politique et du citoyen. Beaucoup de personnes ont du mal à comprendre que les décisions politiques, même si elles leurs paraissent à des années lumière de leurs préoccupations, les concernent directement dans leur vie de tous les jours. En un mot, la politique doit se rendre moins hermétique et plus proche des gens.
S.R : Les forcer à regarder le site internet de génération07!
M.T : Telle est la question ! Des projets comme Génération 07 ! Organiser des séances d'information dans les classes, que ce soit plus dynamique, plus accessible mais surtout interactif ! Offrir aux jeunes des séances où chacun s'identifierait à une personnalité politique ou à un parti et organiser des débats.
M.M : Convaincre les jeunes qu'ils ont un rôle, donner de la valeur à leur avis, opinion sur les thèmes qui les touchent directement, les faire participer plus souvent à des débats (à la télévision, à la radio).
L.B : Je me pose encore la question, mais peut-être adapter la forme mais sans trop vulgariser le fond, comme on a essayé de la faire avec Génération 07.
J.S : Ça c'est la question à mille francs. Je n'ai pas encore trouvé la solution miracle, mais ce qui est sûr c'est que si l'on parlait plus de thèmes qui concernent les jeunes et de propositions concrètes, les jeunes s'y intéresseraient beaucoup plus. Les jeunes s'y intéresseraient beaucoup aussi si les politiques avaient un peu plus de spontanéité et faisaient moins de discours opaques et élitaires!!!
D.S : Je pense que si on la présentait à l'école (au bon moment : pas trop tôt dans la formation, mais pas trop tard non plus) de façon pluridisciplinaire (il faudrait en parler en littérature, arts visuels, économie), les jeunes se sentiraient plus concernés par la politique et reconnaîtraient au moins une facette de la politique qui les intéresseraient.

14. Que faire pour que la politique ne reste pas mystérieuse, ennuyeuse et lointaine?
S.P : Je le redis, la rapprocher du citoyen en offrant plus de forums d'idées qui conduisent à une certaine forme de réactivité. Pour le citoyen, la politique reste quelque chose d'opaque, une sorte de mystérieux jeu de pouvoir dans la Berne Fédérale. Cette image doit changer en montrant qu'en fait la politique prend sa source à un niveau très local, bien éloignée des négociations dans l'allée des Pas-Perdus.
S.R : Idem (question 14)
M.T : Se rapporter à la question 14 !
M.M : Parler simplement, ce qui ne veut pas dire éviter de parler de choses compliquées, au contraire, les aborder de manière didactique, illustrées mais aussi sincères et transparentes. Montrer que la politique c'est le quotidien, c'est la vie de tous les jours, donc que nous avons nécessairement un avis, une idée par rapport à ça.
L.B : Idem (question 14)
J.S : Le jour où les politiciens n'utiliseront plus les idées comme des massues, qu'ils parleront clairement et sincèrement, la politique sera vraiment accessible. Mais comme ce jour n'arrivera certainement jamais, il faut que les médias saisissent et provoquent les rares moments de vérité.
D.S : C.f. réponse ci-dessus.(question 14)

15. As-tu un message à faire passer en tant que reporter?
S.P : Tout le monde peut être actif dans le système politique, même à toute petite échelle. Et ce pouvoir commence par le simple fait de se rendre aux urnes. Pensez-y si vous avez un peu de temps le 21 octobre prochain.
S.R : Lisez, informez-vous sur le net, à la radio, croisez les sources d'informations pour vous faire votre idée, essayez de comprendre les intérêts personnels des politiciens derrière le discours qu'ils prêchent au nom de l'intérêt commun.
M.T : J'espère que notre chère Suisse cessera bientôt de s'engouffrer dans une direction qui me fait honte. Que si vous voulez que les choses changent, levez-vous, faites-vous entendre et allez voter. Impliquez-vous avant que ce soit le chaos. Si vous êtes jeunes, c'est à vous de prendre le relais. Il faut arrêter de regarder en arrière. Si l'on veut avancer, il faut que la jeunesse se sente concernée. Car pour l'instant ce sont nos parents, nos grands-parents qui décident pour nous.
M.M : (aucune réponse)
L.B : Ne vous laissez pas décourager par les platitudes que racontent les politiciens, car des sujets qui vous touchent tous sont abordés par eux, alors votez!
J.S : Le politique c'est fun mais à condition qu'on s'y intéresse et qu'on se l'approprie.
D.S : Il ne faut pas se décourager en pensant que l'on ne pourra jamais rien comprendre à politique. Si à prime abord elle semble extrêmement rébarbative, en creusant un tout petit peu on découvre une agitation colorée, fascinante et pleine de surprises.

16. La carte de journaliste est-elle un bon plan pour draguer?
S.P : Quelle carte de journaliste???
S.R : On n'a pas de carte de journaliste ! Juste quelques petits t-shirts RSR (des coloris un peu spéciaux). C'est un bon plan pour rencontrer du monde ouais, mais pour draguer c'est un autre histoire. Les politiciennes que j'ai interviewées étaient hélas un peu trop âgées pour m'intéresser je dois dire.
M.T : Loin de là. Mais pour briser un couple oui.
M.M : Nous n'avions pas de cartes de presse, nous étions des citoyens, avant d'être des reporters!
L.B : Nous n'avons pas de carte de journaliste, mais au dire certains de mes collègues masculins, un simple t-shirt de la RSR suffit...
J.S : Oui et non. Dire qu'on bosse pour la radio ça fait très classe, mais quand on dit qu'on fait des reportages sur les élections fédérales, ça perd tout son charme. Parce que s'intéresser à la politique à l'heure actuelle, ce n'est malheureusement pas très «sexy». On imagine tout de suite le mec qui fait des interviews chiantes de 1h30 sur un futur projet de loi au sujet d'un obscur accord dont personne n'a rien à faire. Et pourtant génération07, c'était tout le contraire.
D.S : La carte de journaliste ? Peut-être. Mais je crois que d'autres cartes peuvent avoir beaucoup plus d'effets de ce côté-là...