Happy Bangladeshi

cette nouvelle édition du tour du monde des étudiants fait découvrir la vie de Shaown dans un pays au nord du golf du Bengale, enclavé par l'Inde et indépendant depuis 1971...

Oui, ce pays me dit bien quelque chose, mais… je ne pourrais pas te dire où il se situe...! C'est vrai que cette contrée ne fait pas beaucoup parler d'elle; pourtant, elle est au top de 2 classements: celui des pays les plus densément peuplés au monde, mais aussi celui des plus pauvres, malheureusement… Si le Bangladesh te dit quelque chose, c'est peut-être aussi parce que le dernier prix Nobel de la paix a été remis au Bangladeshi Muhammad Yunus, pour son invention du micro-crédit. Découvrons-y la vie universitaire, dans une société conservatrice musulmane et dont l'accès aux études n'est pas si facile, compararativement à nombre de pays développés.

Avant toute chose, un peu de géographie: le Bangladesh est quasiment enclavé dans sa totalité par l'Inde et possède une courte frontière avec la Birmanie. Sa langue officielle est le bangla et la grande majorité de ses habitants sont des Bengalis répartis en 25 communautés ethniques. Comme en Suisse, le Bangladesh est divisé en provinces administratives, semblables à nos cantons; seulement, au lieu de 26, il n'y en a que 6.

Université vs politique
Maintenant, passons à la vie d'un étudiant universitaire à Khulna, 3ème plus grande ville du Bangladesh située dans la partie sud-ouest du pays. Cette contrée est en voie de développement et les jeunes doivent se constituer un parcours universitaire malgré les carences et les obstacles dans le système éducatif. Shaown, 22 ans, étudie la littérature anglaise à l'université de Khulna. La spécificité de cette uni réside dans le fait qu'elle est le seul établissement non politisé. Une petite parenthèse d'histoire maintenant, pour mieux comprendre ce fait: la première université a été fondée à Dhaka (capitale du Bangladesh) en 1921 et ses étudiants ont joué au fil des ans un grand rôle politique; ils ont notamment lancé le mouvement de libération et fortement aidé le développement du Bangladesh. La politique est donc très liée à l'éducation, et inversement.

Colocation et transports «publics» hors du commun
Dans l'actuel contexte social du pays, le campus de Khulna est accueillant et jeune, même s'il n'y a que 2 bâtiments sur le campus pour 16 facultés, et 3 résidences pour 4'000 étudiants. De ce fait, tous les étudiants ne peuvent pas obtenir leur propre chambre dans les résidences. La plupart doivent donc louer des appartements durant 1 ou 2 ans dans les alentours de l'université. Habituellement, 4 à 8 étudiants se regroupent pour en louer un, pour un coût mensuel de 28 à 58 $; le système de la colocation chez eux s'appellent un «mess»…! Comme chez nous, ils s'arrangent pour faire les cour-ses chacun leur tour, tous devant se rendre au marché au moins une fois dans le mois. De plus, il est usuel d'engager une servante, une «bua», pour leur préparer les repas… Pour aller à l'université, Shaown utilise habituellement un «rickshaw», espèce de carriole tirée par un homme. Original n'est-ce pas?

Petits jobs d'étudiants...
Shaown reçoit l'aide financière de ses parents, mais s'il n'avait pas cette chance, il pourrait pratiquer une «tuition». C'est-à-dire donner des cours de soutien à un écolier de première ou secondaire en recevant en échange entre 18 et 28 $, quasiment la seule possibilité de revenu pour un étudiant. Mais ce ne sont pas de simples cours de maths ou d'anglais qui sont prodigués par ce dernier, non, il doit véritablement assister, observer et évaluer étroitement l'écolier quelque 12 jours par mois.

Optimiste en l'avenir
Shaown désire devenir instituteur à l'université ou au collège. Il aurait également la possibilité de passer un examen appelé «Bangladesh civil service» qui lui permettrait de trouver un travail au gouvernement en tant que policier, juge ou encore secrétaire (au sens large du terme bien sûr !). Avant de trouver un travail permanent, Shaown aimerait étudier à l'étranger, afin de découvrir la littérature française, pour ensuite revenir au Bangladesh dans le département des affaires étrangères ou aux Nations Unies. «Nous, les Bangladeshi, sommes heureux et très fiers de notre pays même si nous y rencontrons quelques problèmes. Notre vie sociale est de qualité et notre littérature ainsi que nos traditions sont très riches. Est-ce que tu sais que l'année dernière, la BBC a annoncé que nous étions le peuple le plus heureux du monde?» Voilà une belle leçon de vie, même si la pauvreté est très présente au Bangladesh, ses habitants gardent le sourire et voient l'avenir sous les meilleurs auspices.