Le mardi et le jeudi, il y a les consultations prénatales à Amoussoukopé. Ici, j’aime bien m’occuper de l’obstétrique, et je commence à bien connaître le sujet. Comme Pauline, l’accoucheuse, est encore en formation, Anne Sophie et moi nous la remplaçons. Jeudi, nous avons fait 19 consultations dans la matinée!
Mardi, je me suis occupée de la paperasse, et jeudi c’était au tour d’Anne Sophie d’être scripte. Pour nous, qui avons l’habitude de l’informatique, ce n’est pas évident de remplir tous ces dossiers. La femme achète un carnet à sa première consultation. Nous y renseignons le suivi prénatal, le déroulement de l’accouchement et le suivi postnatal (comme nos carnets de santé). Un dossier similaire qui reste au dispensaire est également rempli. Enfin, on note le nom de chaque femme qui consulte, ainsi que d’autres renseignements dans un registre.
Chez nous, les femmes connaissent souvent la date de leur dernière règle. La date prévue de l’accouchement en découle. La sage femme ou le gynécologue assure un suivi en fonction du nombre de semaines d’aménorrhées. Si la femme n’accouche pas à la date prévue, on lui déclenche assez rapidement pour éviter tout problème.
Ici, la femme annonce parfois une date mais elle est presque toujours fausse. On évalue l’âge de la grossesse en mesurant la hauteur utérine. En moyenne, les femmes sous estime l’âge de leur grossesse de deux mois. Elles viennent en nous annonçant que ça doit faire 3 mois, alors que leur ventre ressemble à une pastèque. Du coup, on ne peut pas bien évaluer l’évolution de la grossesse. C’est là, tout l’intérêt de leur donner un autre rendez-vous pour pouvoir comparer.
Comme il n’y a pas d’électricité au dispensaire, le matériel est sommaire. Pour les consultations prénatales, nous avons un mètre pour mesurer la hauteur utérine, un pèse personne, un appareil à tension et un stéthoscope fœtal. Les femmes enceintes font le vaccin anti tétanique pour prévenir les risques d’un accouchement au village. Les vaccins sont conservés dans une glacière, car il n’y a pas de réfrigérateur. Il n’y a pas non plus d’échographe, de lumière ou de monitoring.
La consultation prénatale permet de suivre la grossesse, d’évaluer et de prévenir les risques liés à l’accouchement, de surveiller la santé de la mère et du bébé.
Durant toute la grossesse, on prescrit à la mère du fer à moindre coût pour prévenir l’anémie. A partir du sixième mois, lorsqu’on entend le cœur du fœtus, on donne la mère un traitement préventif contre le paludisme. Des moustiquaires sont aussi offertes aux mères enceintes. Nous prescrivons quelques analyses classiques et parfois une échographie (par exemple si l’on suspecte une grossesse gémellaire) à faire à l’hôpital. Mais, faute de moyens, les femmes font rarement ces examens complémentaires.
Si l’on estime que l’accouchement est risqué, on explique à la femme qu’il faudra aller à l’hôpital le jour J. Mais nous savons que l’hôpital c’est cher et qu’elles viendront surement au dispensaire le jour J…