Salut !
Je suis de retour avec un nouvel article un peu plus sérieux que le précédent puisque je vais vous parler des études à NUS (National University of Singapore) et de ses étudiants. (*la petite étoile est là pour dire de regarder à la fin du texte pour des remarques qui ne s'intègrent pas bien en parenthèses :P)
On a tous dans le coin de la tête cette image de l'étudiant chinois travaillant 26 heures sur 24 (faudra s'habituer, avec moi les blagues c'est pas du haut niveau...), qui ne dort jamais, ne décoche pas un mot hors de ses présentations* et ne sait pas comment faire cuire des pâtes*. Et bien, cet étudiant, je l'ai rencontré, et plus d'une fois ! On va dire que cet étudiant représente une bonne moitié du contingent estudiantin à NUS. Mais, détrompez-vous, ils ne le font pas (ou en tout cas en de rares cas seulement) pour le plaisir. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce comportement:
1) La culture singapourienne est basée sur la réussite dans la vie. Il FAUT réussir, il y a une vraie pression sur les enfants de la part des parents, et sur les parents de la part des autres et du gouvernement. Et cette réussite, pas de formule magique, elle s'obtient par le travail. Dès leur plus jeune âge, les enfants sont incités à travailler mieux, plus longtemps, pour ne pas être "kiasu". D'ailleurs ce mot de singlish (anglais "singapourien") a été inventé exprès pour définir les gens mauvais, qui se ratent, qui ne réussissent pas. Enfin, je trouve qu'ils ont tendance à en faire trop parfois, cf les formulaires à l'ordinateur, écrit en 5, avec plus de blanc que de noir sur la feuille et la loupe qui va avec. J'avais l'air d'un c*n avec mes 3 formules griffonées sur un vieux bout de papier chiffoné !
2)Le système d'enseignement à NUS est beaucoup plus basé sur l'apprentissage pur et dur que sur la compréhension. En Suisse, on se tape physique, analyse, chimie, mais maintenant, je suis des cours qui me paraissent vraiment faciles théoriquement parlant. Par contre, je souffre sur l'appris par coeur :P
En plus, on a des devoirs à rendre tout le temps, des labs, des présentations, des projets... le 100% examen final de Suisse a du bon finalement !
3) Le système de notation, à NUS comme ailleurs à Singapour, est basé sur les fameuses gaussiennes (fonctions en forme de "cloche" qui répartissent les étudiants selon les lois de probabilités, cf la photo). En gros, ils compilent toutes les notes obtenues, les mettent sur un graphe, ajustent la gaussienne la plus proche des données reçues et font ensuite le découpage suivant: 1% de A+, 9% de A, 20% de B, 50% de C, 15% de D, et 5% de F (= échec).
Ce qui donne les résultats suivants:
4) Le clou du spectacle: les notes définissent ton salaire et le job que tu vas pouvoir faire. Et oui, vous avez bien lu, ils ont des classes. Je me rappelle qu'avec mes potes, on se marrait car il n'y avait pas "d'ingénieur 4" ou "d'ingénieur 5.5". Et bien ici, c'est exactement comme ça que ça se passe. Et les différences de salaire, et surtout les possibilités de carrière, sont plutôt très importantes (phrase absolument moche, mais compréhensible).
Tout celà pousse les étudiants à travailler jour et nuit, tous les jours, sans vacances, weekend et tout et tout pour espérer avoir une meilleure vie plus tard. En même temps, ça fait les affaires des entreprises puisqu'ils sont formatés pour travailler plus tard (pas comme ces fainéants de Suisses qui en foutent pas une). Le mythe de l'étudiant asiatique "geek de travail" n'est donc pas un mythe. Cependant, je dois aussi dire que l'autre moitié est de plus en plus "occidentale" dans sa façon de voir ses études et que j'ai rencontré plein de gens super-sympas !
En tout cas, la vie d'exchange student est nettement plus cool. Nous, on s'en barre un peu des notes, du coup, c'est enjoy singapour et tous les superbes pays à côtés. Je pense qu'on doit expliciter les 5% de F aux examens ;-)
Je soulage ma conscience en me disant que comme ça, je n'irai pas voler un A ou un B à un local, et qu'il pourra par là-même avoir un job un peu mieux !
*(1) Ca fait toujours trèèès plaisir quand tu décoches un grand bonjour à ton voisin de chambre, qu'il te regarde même pas et pars se laver les dents. Ne plus savoir comment réagir à Singapour, c'est fait !
*(2) J'ai vu des étudiant(e)s chinois(es) galérer pour allumer un briquet. Je le leur ai allumé le briquet, c'était la première fois qu'ils le faisaient. Véridique.