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Erasmus en Allemagne

ou une incroyable aventure

C’est en écoutant des récits d’expériences Erasmus regrettées par personne que l’idée m’est venue! La peur de partir ne doit pas empêcher d’accomplir ce fascinant voyage. En même temps, l’excitation de la nouveauté m’enivrait. J’avais besoin de partir, vivre mes propres expériences, loin de tout et rien que pour moi.

Des débuts difficiles

Le jour où je suis arrivée à Tübingen, à la rue Konrad-Adenauer, il faisait gris et humide; rien de très accueillant. C’était un lieu très calme, à une vingtaine de minutes de la gare et un peu dans la nature. Le désavantage, c’est qu’il n’y avait aucun bus le week-end. Le bon côté de la chose, en revanche, c’était qu’il y avait beaucoup d’Allemands là-bas.

Le concierge du «WG» (pour Wohngemeischaft: appartement en colocation) me montra l’appartement, sans que je comprenne la moitié de ce qu’il me racontait. Je me demande alors dans quoi je me suis embarquée… L’endroit laissait à désirer: les murs étaient abîmés, la cuisine dans un état déplorable. Je découvrais sans grand enthousiasme des «colocataires» clandestins (araignées et autres insectes). Beurk! Baignant pour la première fois dans l’atmosphère froide et inhospitalière de ce qui allait être mon nouveau chez-moi, je me suis interrogée: Comment allais-je pouvoir vivre ici durant six mois?
Mais avec le temps et surtout la sympathie de ses colocataires, on s’intègre plus rapidement qu’on ne le pense, même si l’on ne se comprend pas toujours. Ce qui m’a réellement manqué au début, c’était de ne pas pouvoir mener une conversation normale, surtout pour moi qui aime discuter, plaisanter et communiquer. Il m’a fallu un temps d’adaptation pour me faire à l’idée que j’étais en phase d’apprentissage et que c’était tout à fait normal de ne pas tout maîtriser tout de suite.

Prendre son courage à deux mains

En Allemagne, les cours d’université commençaient seulement début octobre, ce qui m’a laissé l’occasion de m’inscrire à un cours de langue spécialement prévu pour les étudiants. Grâce à cela, j’ai pu très vite me faire des amis et commencer à avoir des nouvelles activités, car tu rencontres des gens qui sont aussi perdus que toi et cela te rassure beaucoup. Parmi les activités proposées, il y avait des excursions, comme une semaine de camp à Blaubeuren, et plein d’autres visites dont celle de l’opéra. J’ai ainsi pu rafraîchir mes connaissances oubliées en allemand avant de commencer l’uni: cours de grammaire, ateliers oraux, etc.

Mon niveau s’est vraiment amélioré en parlant tous les jours et en m’efforçant de ne pas me retrouver avec quelqu’un de la même langue maternelle. En cinq semaines de cours intensif, j’avais déjà augmenté mon allemand d’un niveau. J’ai encore continué avec les cours intensifs proposés par l’uni (à un prix très correct) tout au long de mon semestre.

Un petit conseil: si tu veux prendre des cours de langue à côté de tes cours normaux et que tu veux tout simplement aussi profiter de la vie festive, ne te surcharge pas de cours!

Les cours de droit en Allemagne étaient totalement différents de ceux qui sont dispensés en Suisse. Il y avait souvent des discussions entre professeurs et étudiants; aucun quotidien gratuit ne circulait en classe, pas de gens qui papotaient ou qui consultaient leur profil sur les réseaux sociaux. J’ai trouvé que les études de droit étaient beaucoup plus exigeantes qu’en Suisse. Il existe même des Staatsexamen (examens unifiés) qui reprennent toute la matière étudiée depuis le début de l’uni.

vivre la solidarité

En cours, j’ai rencontré beaucoup d’étrangers comme moi qui avaient les mêmes difficultés pour comprendre ce que disait le professeur. Pas de miracle, il m’a fallu beaucoup de travail de traduction car la langue de tous les jours et le langage spécifique au droit sont deux univers différents. Cela m’a demandé deux fois plus de temps au début mais, à force de lire toujours les mêmes mots, ça en a pris de moins en moins.

Deux sur trois de mes examens étaient oraux. Au départ, on se dit que cela va être insurmontable. J’ai vraiment été étonnée que les examens soient différents selon les cours choisis; par exemple, certains ont pu passer leurs examens oraux en groupe ou ont reçu leur sujet à l’avance! C’était d’autant plus frustrant que l’offre des cours pour moi était assez restreint, vu le programme que je suivais.

Heureusement, il y avait une véritable solidarité entre étudiants Erasmus et l’on s’est s’aidé pour toutes les révisions. Par contre, il était bien plus difficile de se faire des contacts avec des étudiants allemands à l’université. Ils avaient toujours l’air distants, mais si l’on faisait l’effort d’aller vers eux, on était surpris par leur gentillesse et par leur attention. Pout l’anecdote, j’ai oublié mes clés et ne pouvant plus rentrer chez moi, ma voisine turc-allemande de pallier m’a proposé de passer la nuit chez elle et même offert du gâteau!

J’ai vraiment trouvé dommage qu’une majorité d’étudiants se rassemblent très souvent en bande selon leurs origines. Après en avoir constaté les conséquences, je peux dire sans le moindre doute que ce comportement nuit malheureusement à l’immersion totale dans la langue.


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La vie à Tübingen

Les occasions ne manquaient pas pour faire des rencontres à Tübingen. Du fait de son statut universitaire, la ville est composée essentiellement d’étudiants! Sa petite taille a l’avantage de faciliter les rencontres: on se retrouvait toujours dans les mêmes endroits, comme le «Kukuk», ou le «Top Ten» pour les amateurs de dance. Evidemment, en Allemagne, tu n’échapperas pas à une réunion dans un des quelques typiques Biergarten de la vieille ville.

La vieille ville de Tübingen est charmante. Elle regorge de bars, vendeurs de kebabs à prix imbattables, petits magasins sympas,... En été, les gens se prélassent au bord de l’eau… C’est une ville à la fois calme la journée et festive la nuit.

De nombreuses activités étaient organisées par l’association «Study» pour les étudiants étrangers, des «Stammtisch» (réunions toutes les semaines autour d’un verre), etc.: Tchèques, Japonais, Italiens, Coréens, Espagnols, Anglais, Américains, Brésiliens et Suisses, tous réunis dans la même pièce! Cela donnait un cocktail de cultures délectable à consommer sans modération…

Tübingen est plutôt touristique, alors si tu parles bien l’anglais, ce n’est pas vraiment une ville à conseiller. En effet, c’est peut-être très rassurant de parler anglais, mais c’est parfaitement inutile.

La fabuleuse découverte d’une autre culture et… de soi-même

Un Erasmus c’est non seulement une aventure au cœur de l’identité d’un nouveau pays, mais aussi surtout au cœur de sa propre découverte. Au travers des difficultés que tu rencontres, tu apprends à devenir plus fort et tu te surprends à te découvrir de nouvelles capacités! L’apprentissage d’une langue étrangère n’est pas chose facile et le plus dur, c’est d’admettre ses lacunes et d’apprendre sans en avoir honte pour pouvoir avancer. Savoir se lancer même si on fait des tonnes de fautes! On développe aussi des capacités d’écoute, on se reconnaît à travers d’autres qui vivent les mêmes difficultés.

Lors de mon retour en Suisse, c’est ce contact avec d’autres étrangers, ma vie pleine de surprises et de rencontres, qui m’ont vraiment manqué; sortir souvent, errer dans la vieille ville, apprendre tous les jours un peu plus de vocabulaire en allemand et côtoyer les habitants du pays,… Mais je continue mon apprentissage en gardant mes contacts avec l’Allemagne d’une manière ou d’une autre.

Un voyage vers l’étranger, c’est audacieux, ça demande du courage mais ça apporte énormément! Entre les rencontres et la découverte d’autres manières de penser, en plus de la langue, on apprend surtout à avoir l’esprit ouvert et à accepter les différences.