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Faire fausse route dans ses études...

Changement de voie : la règle ou l’exception ?

Associé à la déroute, l’échec ou l’indécision, se réorienter peut s’avérer relativement difficile à assumer. Pourtant, le changement de voie, considéré sous toutes ses formes, force souvent l’admiration. Bon nombre d’étudiants suivent en réalité des trajectoires particulières. De quoi est-il question et comment appréhender ce phénomène ?

 

Pourquoi le changement ?

Lorsqu’une personne décide d’opter pour une autre filière, elle se réoriente.

De nombreux cas de figure existent, rien que pour des études au degré tertiaire (hautes écoles spécialisées, universités et écoles polytechniques): un banquier peut soudain réaliser que l’enseignement l’intéresse, un apprenti ferblantier se retrouver doctorant en sciences criminelles et un étudiant prendre une autre voie après avoir échoué en géosciences.

En somme, chaque changement pourrait être considéré comme une erreur de parcours, alors que de telles trajectoires ont plutôt trait à la réalité, très dynamique, du monde des formations postobligatoires.

 

Tendances

Nombreux sont ceux qui ne suivent pas un chemin continu. Le contexte institutionnel y est pour beaucoup, avec toutes les voies envisageables.

L’esprit du temps pousse également les jeunes générations à être plus volatiles. L’origine sociale, le genre et d’autres facteurs affectent également le parcours d’un étudiant. Ce qui a notamment été remarqué par des chercheurs du FORS (Fondation suisse pour la recherche en sciences sociales), c’est que la durée des études a tendance à se rallonger.
Allié à l’augmentation du choix en matière d’études, ce phénomène a pour conséquence une plus grande variété de trajectoires possibles.

La particularité du système dual en Suisse offre la possibilité de s’engager dans un apprentissage ou dans des études.
Chacun peut ensuite rejoindre le degré tertiaire, dans un parcours soit professionnalisant, par exemple dans une haute école spécialisée, soit académique, dans une université. Des passerelles existent afin de naviguer entre les diverses options. Grâce aux ponts, aux validations de crédits et à d’autres alternatives, le coût -en énergie, en temps, en finance- souvent élevé d’une bifurcation s’allège quelque peu.

Les parcours de formation, puis les carrières, se retrouvent complexifiés. Il devient impensable de considérer que faire fausse route est irréversible.
Au contraire, les possibilités sont si vastes que chacun peut trouver un aspect positif à sa réorientation. Les esprits ont même intégré que le choix d’une voie n’est pas irrévocable.

Toutefois, entre hésiter et faire le pas, il y a un monde. Les incitations à changer ne doivent pas encourager l’étudiant à faire des économies de réflexion sur la voie à suivre. Les détours coûtent tandis que la constance paie.

 

Appuis

La réorientation englobe les changements de domaine en raison d’un échec ou d’un choix basé, par exemple, sur des ambitions futures, une baisse d’intérêt ou une contrainte extérieure.
Pour toutes les personnes qui hésitent, il est important d’évaluer les possibilités : stopper suffisamment tôt pour changer de filière en début d’année, faire une passerelle de quelques mois, valider certains acquis, achever son cursus avant de bifurquer ou encore entamer un stage pour se reconvertir dans une voie plus professionnalisante.
Pour réaliser au mieux ce qu’un changement représente, les services d’orientation peuvent fournir énormément de conseils. Ils débordent d’informations administratives, de commentaires sur les cursus et sur les campus, de précisions sur les débouchés et de questionnaires de personnalité. Il existe des services à l’intérieur même des universités et des conseillers aux études spécifiques.
Au niveau cantonal, d’autres instances permettent d’ajouter à l’éventail de soutiens pour les étudiants. De nombreux documents sont également disponibles sur Internet.


Valoriser

Une question émerge toutefois : les parcours hors du commun sont-ils le gage d’une force de caractère ou témoignent-ils d’un manque cruel de constance ?

Chaque situation est particulière, il n’empêche que les étudiants ont tout à y gagner. La valorisation du parcours passe par une réflexion sur les enseignements à en retirer.
Pour certains, malgré une perte de temps, les connaissances transversales seront appréciées et faciliteront la suite de leur parcours.
Pour d’autres, les expériences antérieures permettront d’avoir déjà validé certains crédits et d’alléger leur emploi du temps.
Enfin, la décision de changer, au-delà du sentiment d’instabilité que cela peut créer, engendre une forte maturité et une capacité à prendre des risques. Une fois inséré professionnellement, les acquis peuvent être valorisés

En fin de compte, revoir ses projets, c’est se sonder et apprendre à mieux se connaître. À chaque individu de réaliser quel choix est le meilleur pour lui.
Trouver directement sa voie évite bien des tracas, à condition de bien évaluer dans quoi l’on s’engage en terme de contenu, de débouchés et de contexte d’études. Inutile, cependant, de se lamenter lors d’une remise en question. Les erreurs de parcours peuvent potentiellement faire la différence dans le futur.

Même si bien peser ses choix peut éviter de perdre de l’énergie et du temps en changeant de trajectoire, le monde est loin de s’écrouler au moment de se réorienter.