Dans l’infini de nos gènes

Achevé en 2003, le séquençage -ou déchiffrement- du génome humain, représente une rupture dans l’histoire de la science : faire saisir l’importance de cette dernière, voici ce à quoi tend l’exposition Génome, initiée par les généticiens de l’Université de Genève (UNIGE) dans le cadre du 450e anniversaire de l’institution. Avec ce Voyage au coeur du vivant, les prof. Denis Duboule et Stylianos Antonarakis, en collaboration avec la biologiste Céline Brockmann, ont conçu le contenu d’une exposition visant un public large, dont la scénographie a été confiée à l’équipe de François Confino, réputée pour ses ambitieuses installations de vulgarisation scientifique de haut niveau.

Du 13 octobre 2009 au 10 janvier 2010, imaginée comme une cellule humaine, l’Ile Rousseau accueille les passants en son centre pour l’exposition Génome – Voyage au coeur du vivant, dans une géode matérialisant un noyau cellulaire géant. Sous cet écrin interactif, une machine a été démarrée aujourd’hui, qui déroulera, sur le temps que dure l’exposition, la lecture, en temps réel, des 3 milliards 200 millions de bases que comporte le génome de l’espèce humaine. Recouvert d’un écran, le dôme de l’installation s’anime d’un film réalisé par le vidéaste Dew Berry, évoquant l’atmosphère d’un noyau de cellule en pleine activité biologique. Au centre, une sculpture lumineuse de six mètres de haut modélise la réplication de l’ADN. Autour, douze saynètes figurent le génome dans ses interactions avec la vie quotidienne ou des épisodes de l’histoire de la génétique. De nombreux événements viennent se greffer sur cette exposition son et lumière.

Le « Génomètre » ou journal de nos gènes

Entre art et science, par le biais d’installations performatives, l’exposition fait découvrir l’infiniment grand du génome lové dans l’infiniment petit d’une cellule vivante. La scénographie s’est employée à rendre accessible les notions complexes et vertigineuses correspondant aux quantités et rythmes invraisemblables, qui sont ceux, pourtant, de notre corps vivant. Ainsi du bandeau lumineux qui ceint le dôme planté sur l’Ile Rousseau : derrière lui, une machinerie, démarrée ce lundi 12 octobre, lit, en temps réel -mais à deux vitesses, l’une diurne, de 5 km/h, soit 10 caractères génétiques par seconde, l’autre, nocturne, accélérée à raison 341 km/h, soit 698 caractères par seconde- tous les assemblages de bases, désignées par les lettres « a tg c », qui constituent l’ADN de l’être humain. Une telle installation relève de la performance informatique. Car la base de données à laquelle ont recours les généticiens du monde entier depuis 2003 vaut son pesant numérique des 3 milliards 200 millions de signes qui font de nous des humains.

Le défilement se calquera sur les 90 jours que durera l’exposition et donnera lieu à diverses manifestations régulières, comme Le gène du jour, sorte d’arrêt sur image, qui permettra au public de se familiariser avec tel ou tel de nos gènes, ainsi qu’avec ce pour quoi il code en nos corps.

Six mètres d’ADN en cascade

Dans le même souci de fournir des modèles, des représentations les plus précises possible des colliers entortillés sur eux-mêmes que chacune de nos cellules ne cesse de générer -notamment par la réplication de l’entier de l’ADN, une activité qui lui prend quelque vingt minutes-, les concepteurs de l’exposition ont imaginé une sculpture géante. Haute de 6 mètres, placée au centre de la géode pour rappeler que c’est bien la réplication de la double hélice qui entretient le fil de l’évolution du vivant, elle donne à voir ce double ruban hélicoïdal où s’inscrit notre code.
Entièrement électrifiée, reliée à une borne interactive où l’on peut poser des questions, elle constitue un support visuel à valeur didactique, favorisant l’abord de modélisations compliquées, comme le sont celles du matériel génétique.

Nos vies de pantins

Douze scènes de la vie quotidienne, la nôtre et celle des scientifiques à l’oeuvre dans la description de l’ADN, émaillent le pavillon de l’exposition comme autant de clins d’oeil à l’importance insoupçonnée des gènes dans les gestes de tous les jours : des mannequins géants en bois, les Oscar, sont les acteurs de cette évocation de maison de poupées.

Parallèlement à et autour de l’expo

Le jeune public et les groupes scolaires sont bien sûr attendus dans l’exposition - dont l’accès est gratuit pour toutes et tous- , avec des animations qui seront fonction des âges et que donneront des étudiant-e-s, des chercheuses et chercheurs, des animatrices et animateurs, ainsi que des professeur-e-s. Ces derniers seront présents et disposés à répondre aux questions du public au cours de huit samedis après-midi à thèmes.

Catégories