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Mobilité : L’étudiant, un produit comme un autre

Boostée par le processus de la mondialisation avec son corollaire intégré au palier tertiaire de l’éducation, en l’occurrence le système LMD, la mobilité des universitaires est une nouvelle tendance mondiale qui a touché plus de 4.1 millions d’étudiants en 2013, soit près du double des déplacements enregistrés en 2000.

Selon une étude de l’Unesco intitulée «La mobilité des étudiants internationaux» publiée en février 2016, près de 2 étudiants sur 10 au niveau mondial sont partis à l’étranger pour étudier. La palme des pays d’accueil revient aux Etats-Unis qui raflent 19% de l’ensemble des étudiants internationaux.

Ils sont suivis par le Royaume-Uni (10%), l’Australie et la France ex aequo (6%), Allemagne (5%), la Fédération de Russie, le Japon et le Canada avec 3%. Dans le monde arabe, l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis ont accueilli (en 2013) quelque 4% de cette part de marché mondial.

Pour ce qui est des pays de départ, logiquement (par le nombre de sa population), c’est la Chine qui figure en pole position avec plus de 712 000 jeunes étudiants partis à l’étranger. Elle est suivie par l’Inde (182 000), l’Allemagne (119 000), la République de Corée (116 000) et la France (84 000). Le premier pays arabe listé est l’Arabie Saoudite avec ses 74 000 étudiants inscrits dans d’autres pays. Et pour le continent africain, c’est le Nigeria avec ces 52 000 jeunes qui ouvre la liste.

S’agissant de l’Algérie, l’étude de l’Unesco permet de comptabiliser quelque 20 695 étudiants inscrits sous d’autres cieux, principalement en France avec plus de 16 000 et au Canada avec moins de 500 à quasi égalité avec l’Arabie Saoudite. Pour ce qui est de la mobilité vers l’Algérie, l’indicateur par pays d’origine se stabilise à moins de 5 personnes, toutes nationalités confondues. Le taux de mobilité vers l’étranger est de 1.6%. Quant au nombre total d’étudiants étrangers inscrits, il est de 7953, ce qui donne un taux de mobilité vers l’Algérie de 0.6%.

Mais, au-delà de ces statistiques, le marché de l’étudiant connaît une concurrence sans merci. A coups de classements internationaux, de bourses accordées et de politiques volontaristes, plusieurs pays se lancent dans une course effrénée pour attirer le maximum de jeunes étudiants dans leurs établissements. Il faut dire, contrairement à l’idée reçue, que cette mobilité n’avantage pas seulement les étudiants partants. C’est même beaucoup plus complexe et pernicieux que cela.

Dans une dépêche de l’Agence officielle française (AFP), parue hier et intitulée «La France avance ses pions sur le marché des étudiants étrangers», l’auteur a eu l’ingénieuse idée de préciser que la France considère les étudiants étrangers comme «une manne économique» et «des ambassadeurs de demain».

Rien que cela. Tentant de tirer son épingle du jeu face aux grandes destinations (Etats-Unis, Grande-Bretagne et l’Australie), la France compte quelque 300 000 jeunes étudiants étrangers, soit une augmentation de 77% par rapport à l’année 2000. Avec ces 6% de parts du désormais marché mondial de l’étudiant, elle gagne quelque 4.65 milliards d’euros par an en frais d’inscription, dépenses courantes, visites familiales et autres, révèle la dépêche. «En retranchant les coûts de leur formation, le solde net s’élève à 1,7 milliard d’euros», poursuit le rédacteur.

Et l’avantage ne se limite pas à cela. La mobilité des étudiants sert aussi à la constitution de lobbies internationaux fidèles aux cours reçus. «Ces jeunes, de retour chez eux, deviennent des ambassadeurs de notre pays et des relais d’opinion, voire des oreilles attentives lors des   négociations de gros contrats commerciaux. Mais il faut gagner sa place, la compétition est de plus en plus difficile», déclare Didier Raymond, directeur des études à Campus France à l’AFP. C’est dit.

Ainsi donc, les grandes puissances économiques et par ricochet «universitaires» aiguisent leurs politiques d’émigration estudiantine pour trancher dru dans le gâteau universel du savoir et du pouvoir. Et loin de ces considérations, l’Université algérienne qui annonce lutter contre la malhonnêteté intellectuelle et la révision de la gestion des œuvres universitaires reste à la marge.

Avec son entêtement idéologique basé sur la gratuité de l’éducation, elle n’arrive toujours pas à donner un semblant de lueur sur la possibilité de rendre l’Université rentable de quelque manière que ce soit. Plus de 4% de la population algérienne occupent les bancs des universités.

L’Algérie dépense quelque 300 Mds de dinars pour le secteur de l’enseignement supérieur, un étudiant coûte à l’Etat quelque 200 000 DA par an. Ils sont environ 25 000 (étudiants) à profiter de la mobilité. Ils ne sont pas nombreux à revenir. Et sur ce petit nombre, combien ont été formatés et intégrés dans le système du lobbying ? La question mérite d’être posée.

 

(source El Watan)

 

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