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L’habit ne fait pas l’étudiant…

Quoique!

L’équipe d’Etumag est allée fourrer son nez dans la penderie des jeunes en formation. Enquête sur les styles vestimentaires par faculté aussi subjective qu’empreinte de mauvaise foi!

L’homo sapiens

Description

L’étudiant en lettres se caractérise par son absence de style. Allier couches et couleurs de mauvais goût fait partie de son vocabulaire stylistique, tout comme le mot «contrepèterie». Mais ne lui demandez pas le sens de cette expression, il ne le connaît pas!

Le lettreux semble avoir oublié le fameux adage de Sénèque: «le style est le vêtement de la pensée». Il convient, cependant, d’excuser ses petits écarts de conduite vestimentaire, étant obligé d’adopter une tenue haute en couleur afin de marquer d’une pierre blanche sa présence dans les murs du savoir et de prouver au reste du monde universitaire qu’il existe. L’homo sapiens doit, en effet, constamment démontrer que, malgré ses dix heures de cours par semaine, il fait bel et bien partie de la famille des studentes. Hé oui, théoriquement parlant, la race lettreuse est intégrée à la communauté estudiantine même si on risque plus de la croiser, en phase d’hibernation, dans une obscure bibliothèque que dans une salle d’études.

Comportement

L’homo sapiens se promène souvent avec un livre à la main pour montrer qu’il est étudiant «à plein temps». Il adore refaire le monde autour d’un bon café et plus si affinités. Mais n’allez pas penser que cette espèce a des mœurs légères. Au contraire, amoureux des bons mots, le lettreux ne cède aux avances de son partenaire que si ce dernier lui récite aperto libro les mémoires complètes de Proust. Pour lui faire la cour, comptez donc plusieurs jours. En règle générale, l’homo sapiens s’accorde mal avec l’homo economicus qui en bon homme d’affaires est toujours pressé. Pour en savoir plus sur cette race, passez au chapitre suivant.

L’homo economicus

Description

L’étudiant en économie n’a toujours pas compris que le bling bling est un concept totalement dépassé. Étaler ses richesses au moyen d’accessoires de marque - montre Chopard pour lui, sac Louis Vuitton pour elle - est complètement «has been» aux yeux de tous, au vu de la conjoncture actuelle… Sauf pour cette espèce en voie d’extinction.

Vous l’aurez compris, l’homo economicus n’a qu’un mot à la bouche: «consommation». En bon petit serviteur de l’économie de marché, il souffre de la fièvre acheteuse. Mais heureusement que cette tribu existe, sinon qui sauverait la planète financière et donnerait du travail à des millions de petits Chinois? En tout cas pas les lettreux, avec leurs habits de seconde main repêchés dans la garde-robe de leur grand-mère!

Comportement

L’homo economicus est  très engagé dans ses études au point d’y mettre toutes ses économies. Ses samedis, il les passe à chercher la perle rare, minimum 38 carats, sinon ça ne vaut pas la peine d’investir! Mais ne les jugeons pas coupables (à l’homo jurisconsultus de le faire) car leur conduite résulte d’un conditionnement inconscient. N’oubliez pas qu’on leur martèle, à longueur de journée, la fameuse citation du richissime businessman, Jacques Séguéla: «Si vous n’avez pas une Rolex à 50 ans, vous avez raté votre vie!»

L’homo socius

Description

L’homo socius est une espèce hybride située sur l’échelle de l’évolution entre l’homo sapiens et l’homo economicus. L’étudiant en sciences sociales n’est pas assez hippy pour faire lettre et pas assez riche pour étudier l’économie. Sous ses airs de petit bourgeois bohême, un brin débraillé, il cache un sens du style qui n’a rien d’improvisé.

Son credo? Se fondre dans son milieu, pour passer inaperçu et observer les autres espèces qui peuplent le biotope universitaire. Mais à force d’en faire une tonne pour se camoufler, il finit par se faire repérer, ce qui en fait une proie facile. L’histoire de l’arroseur arrosé, vous connaissez?

Comportement

Ce que recherche l’homo socius ? Donner du sens à la vie en société mais surtout à ses études. Lui-même ne sait pas trop à quoi elles servent et ce qu’il fiche à l’uni, ce  qui en fait une espèce rare dans les murs du savoir. A quoi bon se lever le matin pour se coller les citations indigestes de Lévi-Strauss? Cette espèce préfère donc courir le monde à la recherche de tropiques moins tristes et de tribus perdues n’ayant jamais existé si ce n’est dans leur manuel très sérieux d’anthropologie sociale et culturelle.

L’homo jurisconsultus

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A priori rien ne distingue l’étudiant en droit de celui en économie, sauf que les futurs juristes aiment à se vêtir façon XIXe siècle à l’occasion des bals qu’ils organisent. Tenue correcte exigée, «cachez ce mollet que je ne saurais voir». En langage juridique, cela donne : selon l’article 4 alinéa 3 du code de procédure vestimentaire, toute tenue dépassant d’un millimètre la partie musclée située entre le creux poplité et le tendon d'Achille sera proscrite, sous peine de non entrée en matière. En gros, si tu es mal fagoté, tu peux aller te faire voir chez les Grecs ou rejoindre les étudiants en grec ancien, toujours devant leur café à refaire le monde. Vous suivez? Si non, reportez-vous au chapitre concernant les lettreux.

Comportement

L’homo jurisconsultus se plaît dans les mondanités. Si une conférence universitaire n’est pas suivie d’une agape avec champagne et petits fours, il préfère ne pas y aller. Mais sous ses airs un peu snobs, l’étudiant en droit sait se la jouer bon prince, tout au moins si on lui laisse croire qu’il règne en maître sur le campus. Et place la liberté d’expression au-dessus de tout - ou tout au moins nous l’espérons - nous ne voudrions pas que les avocats de demain nous collent un procès pour diffamation et atteinte à l’honneur!

L’homo scientificus

Description

N’allez pas croire que l’étudiant en sciences dites dures se caractérise par ses seules binocles. Son style vestimentaire demeure hautement plus complexe. Il faut avouer qu’étudier cette espèce relève de la gageure tant il est difficile de l’observer, l’homo scientificus vivant isolé du reste de la communauté universitaire. Son milieu naturel de prédilection? Le laboratoire. A y regarder de plus près : l’homo scientificus est un organisme des plus banals: jeans, t-shirts, baskets. Passons directement à une espèce plus intéressante, l’homo theologicus.

L’homo theologicus

Description

De par son accoutrement - une longue robe - et ses accessoires - une croix encore plus longue - le théologien ne passe pas inaperçu dans les murs du savoir. C’est la seule forme de vie estudiantine à revêtir l’uniforme. Avantage certain sur les autres espèces: il n’a pas besoin de se poser, chaque matin, l’éternelle question: «mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir me mettre sur le dos aujourd’hui?». Voilà une croix en moins à porter. C’est que l’homo theologicus ne se soucie pas de préoccupations aussi futiles et bassement terrestres. Son regard toujours levé vers le ciel lui donne un air pensif, un brin étourdi. L’étudiant en théologie est décidément ailleurs, dans les vapes. Les vapeurs encensées ont dû produire leurs effets.

Comportement

L’homo theologicus prie beaucoup. Son credo? Le credo justement! Mais n’allez pas croire qu’il passe son temps en éternelles contemplations. Cette espèce sait aussi faire preuve de beaucoup d’empathie envers ses ouailles. Elle apporte une petite touche d’humanité bienvenue dans la jungle universitaire. Lorsqu’hyperstressé avant un examen on se tourne vers l’homo theologicus, histoire d’obtenir un peu de réconfort divin, il nous répond : «Je vais prier pour toi! Dieu a toujours aidé les faibles d’esprit». Les voies du Seigneur universitaire sont décidément impénétrables!