L’auberge espagnole

Hola ! Je m'appelle Pilar del Mar et j'étudie à la Faculté de Sciences Politiques et de Sociologie à l'Université de Grenade. J'ai 23 ans et je suis en 4ème année, l'avant-dernière avant l'obtention de ma « licenciatura ».

L'uni:
En Espagne, le système de Bologne bachelor-master ne s'est pas encore mis en place. C'est pour ça que dans ma faculté nous continuons à suivre un parcours en 5 ans. Chaque année comporte une trentaine de crédits obligatoires, mais les 30 autres s'obtiennent en faisant des cours à choix, dans d'autres années et même dans d'autres facultés. Le rythme est un peu spécial ici. Par exemple, je n'ai pas l'habitude d'arriver en cours à 8h le matin, car chez nous les cours commencent au plus tôt à 10h30 et finissent parfois à 22h30. En Espagne, la plupart des étudiants ne viennent pas en cours et se débrouillent en lisant des livres. Certains professeurs font même un examen différent selon que l'élève est considéré comme «assistente» (présent) ou «non-assistente» (absent). Nous avons un centre sportif très bien équipé, il y a un terrain de rugby, deux piscines, mais ils se trouvent très loin des bâtiments de l'université. Habiter sur le campus est très cher, c'est pourquoi la plupart des étudiants vivent en « pisos compartidos », des colocations à 200 euros. A partir de 250.-, mieux vaut laisser tomber les négociations. Pour ma part, j'ai la chance de pouvoir encore habiter chez mes parents. En Espagne, les jeunes restent souvent chez leurs parents jusqu'à leur mariage. Comme je n'ai pas trop bon espoir de trouver un travail dans mon domaine à la fin de mes études, c'est mieux ainsi.

La vie à Grenade:
Il y a plein de cafés pour sortir. Souvent les gens déjeunent dehors avec des churros, des beignets qu'ils trempent dans du chocolat chaud, et en toutes saisons ! Sinon on se retrouve directement dans la rue pour déguster des tapas et des plats d'escargots en fin d'après-midi. Le must restant toujours la queue de taureau ! La vie est belle à Grenade. Cette ville est un musée en soi. La «Casa de los Tiros » est mon musée historique. Pendant Pâques, ou la « semana santa », Grenade se transforme et les « nazareños », les pénitents des «hermandad» (confréries) défilent dans la rue. La «fiesta de la Cruces», le premier dimanche du mois de mai, consiste à sortir toutes les croix dans la rue. Si la ville est très catholique, nous sommes également fiers de notre passé. Notre ville a plus de 3'000 ans d'histoire qui commence avec les marchands phéniciens, puis les Grecs, les Romains et finalement les sultans d'Al-Andalous (l'Andalousie sous gouvernement musulman) qui ont bâti la fierté de la ville, l'Alhambra. C'est une forteresse construite en 700 ap. J.-C., qui servait également de forteresse au reste de la ville et où habitait le Sultan, roux aux yeux bleus et pas très beau selon la rumeur. Cette forteresse n'a jamais été prise d'assaut, car quand Isabelle la Catholique et Ferdinand d'Aragon ont voulu s'emparer de la ville, le Sultan, pour éviter le massacre de la population, s'est rendu et a offert sa ville aux chrétiens. Cette dernière ville d'Al- Andalous est tombée, le jour même où Christophe Colomb partait pour l'Amérique ! Le développement d'Al-Andalous était tellement important que, par exemple, le système d'alimentation en eau de la ville date de cette époque. Depuis, les églises ont été bâties à l'emplacement d'anciennes mosquées et les minarets ont été réutilisés en clochers.

 

Les sorties:
La fête commence à la sortie des cours. Avec mes amis, nous nous retrouvons dans un bar juste derrière la Faculté, toujours accompagnés des «tubos» (bière pression) et de tapas pour bien commencer la soirée. Nous organisons des fêtes dans les « pisos compartidos » ou nous nous retrouvons dans la rue pour organiser comme le font tous les jeunes Espagnols du vendredi soir au dimanche matin, des «botellones». Cela consiste à se retrouver dans la rue sur une place et à fêter en plein air. Nous écoutons presque exclusivement de la musique espagnole. La pop actuelle que nous aimons, c'est Julia Venega et la Oreja de Van Gogh. Et puis, si l'on veut sortir de la ville, il nous faut 2h de bus pour arriver sur de magnifiques plages où l'on peut se baigner dès avril, février pour les courageux. Sans oublier la Sierra Nevada pour skier en bikini!