discover

Destination Berlin

Marc Frochaux est parti en erasmus à berlin, la ville über- tendance, pour une année. Ce jeune et fringant étudiant en Lettres nous conte ses aventures.

Près d'un tiers des étudiants Erasmus part en Allemagne, dont la moitié à Berlin. Qu'est-ce qui explique ce succès? La culture omniprésente sous toutes ses formes? Le côté «bohème» de la partie Est, et le charisme de ses grandes avenues qui courent silencieusement dans la nuit?

Eh bien non ! Berlin, c'est d'abord la moins chère des capitales d'Europe occidentale ! Résultat: les artistes et les étudiants y affluent...

J'entreprends l'Erasmus à Berlin avec une étonnante facilité: les démarches administratives ne sont en aucun cas l'obstacle que l'on craint: à peine inscrit, j'ai été noyé par les informations que m'envoient l'Université d'accueil. Quelques petits conseils: dès l'arrivée, il faut s'annoncer à la police du quartier (Anmeldung). Pas besoin de le faire à chaque déménagement, on ne demande l'Anmeldung que pour s'immatriculer. Ne pas oublier de demander le formulaire E111 à son assurance avant le départ, pour prouver que celle-ci t'offre une couverture à l'étranger. Mais il vaut mieux s'inscrire à la caisse unique allemande (AOK): les primes ne s'y élèvent qu'à une cinquantaine d'euros !

Chercher une colocation à Berlin (WG ou Wohnungsgemeinschaft) ressemble à une plaisante promenade, qui ne dure que quelques jours. On consulte un des sites de publication d'annonces, on demande une visite (une Besichtigung), et on fait son choix sans trop hésiter: comme la crise du logement est en sens inverse là-bas, ce sont les résidents qui ont besoin de trouver un nouveau colocataire, ils n'hésitent donc pas à dire ja au premier venu. Les étudiants Erasmus sont généralement bienvenus, et les francophones ont la cote ! Trois jours devraient donc largement suffire pour trouver une WG.

Reste la question des études. Si les facultés offrent des enseignements de haute qualité à Berlin, certains étudiants ont ri de moi quand j'ai prétendu vouloir y travailler assidûment mon mémoire. En effet, tous se souviennent avec nostalgie y avoir passé une année plus que festive. Michel, étudiant en Mathématiques, m'a raconté avoir déménagé cinq fois en trois mois, inondé son immeuble, participé à toutes les grèves étudiantes, sans n'avoir jamais suivi de cours intégralement. Delphine, étudiante en Lettres - et plus studieuse - a jugé les séminaires de moindre qualité qu'en Suisse, bien que tous les étudiants y prennent une part active. Ce n'est pas pour autant qu'elle n'a pas adoré son année Erasmus, moins chargée en travail qu'ici. Et pour l'apprentissage de l'allemand, elle me rassure: «c'est pas grave si tu bosses pas, ça rentre tout seul!». Quoi que tu fasses pendant cette année à Berlin, m'a-t-on dit, tu t'en trouveras grandi. Mais souviens-toi, mortel, que tantôt il sera l'heure de rentrer et de peser tes crédits ECTS sur la balance du Jugement Dernier.