L'habit fait le moine

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Décryptage par Susanne Zumbühl, consultante en image et fondatrice du cabinet Autentica

Le roman de Gottfried Keller, «L’habit fait le moine» («Kleider machen Leute»), daté de 1866, décrit la vie d’un tailleur de peu de moyens qui en raison de son apparence soignée est pris pour un comte et tombe amoureux d’une femme de la haute société. Même une fois démasqué, la femme lui reste fidèle, en dépit de la différence de rang. Il connaît enfin la réussite sociale et économique... De nos jours comme par le passé, l’importance de l’habillement est indéniable. On ne peut nier le fait qu’une personne qui prend soin de son apparence donne une impression de succès et d’importance qui conduit souvent à un traitement privilégié.

 L’expression date de Quintilien, professeur de rhétorique à Rome au premier siècle après J-C, qui enseignait à ses élèves: «vestis virum reddit» (l’habit fait l’homme).

Le poids des apparences

L’importance d’une tenue correcte et soignée se ressent de plus en plus dans le domaine professionnel, ainsi que lors de certains évènements sociaux. Sachant que l’on porte un jugement sur quelqu’un en seulement 3 secondes, et que 55% de ce jugement se focalise sur l’apparence extérieure - alors que l’intonation ne compte que pour 38%, et que le contenu de la conversation se contente d’un petit 7% -, on comprend toute la portée du paraître.

un exemple éloquent

Lors d’un congrès, un acteur d’allure prestigieuse et à la tenue irréprochable était chargé de faire un discours. Il parlait avec émotion, en soignant sa gestuelle et son expression. Tous les spectateurs étaient suspendus à ses lèvres et il eut droit à un tonnerre d’applaudissements. pourtant, le contenu du discours n’était pas cohérent et truffé de mots qui n’existaient même pas. La présentation connut un franc succès forgé uniquement sur l’apparence de l’orateur, et ce en dépit du contenu du discours...

un enjeu pour les entreprises

Dans la même perspective, chaque employé représente d’une façon ou d’une autre son entreprise aux yeux du monde extérieur. Nombreux sont ceux qui apprécient travailler dans une société qui offre des produits ou services de qualité et qui jouit d’une bonne réputation et d’une certaine notoriété. Chacun est donc tenu de renvoyer une image positive de l’entreprise. Cela passe bien entendu par les connaissances professionnelles, mais aussi par les bonnes manières et l’apparence personnelle.

Faut-il porter l’«uniforme»?

Costard-cravate et tailleur-pantalon projettent certes une image correcte et soignée, mais il existe aussi d’autres alternatives. Cela dépend fortement de qui l’on rencontre - fournisseur, client, etc. - et de ce que l’on espère obtenir. Si l’on veut paraître compétent, le complet noir, bleu marine ou gris, avec une blouse blanche, est de mise. Dans l’ancien temps, le pasteur et le juge, qui étaient vêtus de noir, étaient considérés comme des personnages respectables. bien sûr, ce n’est pas parce que l’on porte du noir que l’on inspire le respect; il faut aussi y ajouter du charisme et de la compétence professionnelle.

Selon la branche, on peut se permettre d’être un peu plus décontracté. Cependant, des couleurs décentes, une bonne coupe, des tissus de qualité et des accessoires appropriés sont indispensables. De plus, la tenue devrait correspondre à la personne qui la porte, tant au niveau des couleurs que par rapport au style. par exemple, une femme bien en chair aura l’air instable en talons aiguilles; des revers aux pantalons auront l’effet optique de raccourcir les jambes; un grand col rétrécira encore plus une personne de petite taille. Chacun de ces détails influe - positivement ou négativement - sur l’apparence générale d’une personne et sur le jugement d’autrui.

Mettre de la couleur

Les couleurs jouent un rôle important dans la tenue vestimentaire. Une femme en tailleur rouge est susceptible de véhiculer une mauvaise impression. En effet, le rouge est une couleur agressive, qui représente l’amour, la colère, et qui peut avoir un effet positif ou négatif lors de l’entrée en scène. pourtant, un châle ou une cravate rouges peuvent être synonymes d’énergie! Pourquoi presque tous les politiciens portent-ils une cravate rouge? Le bleu renvoie quant à lui une image sérieuse, alors que le vert est synonyme de détente...

Do’s and Don’ts

Il existe dans la vie professionnelle certaines directives qu’il s’agit de respecter: la longueur de la cravate, du pantalon et de la veste, la couleur des chaussettes ou des bas, etc. Dans quelle mesure un décolleté est-il acceptable? peut-on porter des chemises à manches courtes? Le port de bijoux ou de piercings es-til admissible? Que faire, lorsque la ceinture est (trop) serrée? Autant de questions auxquelles sont confrontées beaucoup de personnes qui se sentent parfois un peu dépassées.

Les effets de mode

Nous nous laissons volontiers influencer par les styles et couleurs à la mode, sans pourtant nous demander où ces tendances trouvent leurs racines. Elles sont créées par les «idoles» de notre époque, souvent dans le secteur du show-business, qui nous dictent ce qui est «in» ou non. Si une star de cinéma porte des chaussures à l’air épouvantable, elles seront partout quelques semaines plus tard. Qu’elle suive les bases du style ou pas, la mode est célébrée. Il faut donc se demander si l’on souhaite y adhérer et ressembler à tout le monde. Les grandes marques ne sont pas la meilleure solution pour souligner son individualité...

Trouver un style à soi

Il est important que chacun trouve son style personnel et les couleurs qui lui siéent. On ne peut pas toujours se fier aux conseils dispensés dans un magasin de vêtements. pour évoluer dans la vie professionnelle de manière détendue et sûre de soi, l’avis d’un styliste professionnel peut s’avérer un investissement pour le long terme.

Au cours d’une séance de conseil mode, vous apprendrez à identifier votre style vestimentaire (ce que l’on peut assortir, les proportions, les motifs, etc.), à trouver les couleurs qui vous mettent le plus en valeur, et à vous maquiller en fonction de chaque occasion.