Promenade à Kouma Konda

Prosper

Prosper est un chasseur de papillon. Il est connu dans la région et a déjà voyagé en Europe pour montrer ces trouvailles. Aujourd’hui, il ne chasse plus. Les tableaux de papillons morts ne se vendent plus et des jeunes ont pris la relève. Alors, il s’est recyclé dans la peinture végétale. Il fait des œuvres d’art à partir de plantes trouvées dans sa forêt. Il y a deux ans, il me l’a fait visité, c’était fascinant. En vieillissant, Prosper a transmis son savoir sur la forêt aux jeunes et les a sensibilisé à la protection de la nature. Ici, c’est rare que les plus âgés apprennent aux plus jeunes. En fait, les vieux doivent détenir plus de savoir, donc autant le garder pour soi et ne pas se faire dépasser. C’est une philosophie étrange, mais c’est comme ça. D’ailleurs, ici on dit : « un vieux qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Prosper l’a bien compris, mais j’ai trouvé que la promenade en forêt avec son neveu avait un gout de déjà vu…

La flore

Kouma Konda se trouve en altitude. Il y a une végétation luxuriante et c’est avec un guide que nous l’avons découvert de plus près. En montant dans la montagne, nous nous sommes arrêtés à une petite cascade. 

Nous avons découvert comment poussait le cacao. En fait, il est protégé par une coque et par une substance blanche au gout de mangue. Etrange, non ? Par contre, nous n’avons pas gouté la fève de cacao qui est très amer paraît-il. L’intérieur de la fève n’est pas marron comme on pourrait le croire, mais violet ! 

Nous avons aussi vu que les graines de poivre poussaient sur une liane parasite. Elle grimpe, comme le lierre, autour d’un tuteur, par exemple un arbre, mais ne l’abime pas. Nous avons chacun gouté un grain de poivre frais. C’est très bon, mais aussi très piquant. Je dirais qu’un grain de poivre frais équivaut à 10 séchés. 

Nous avons vu les bananiers. Le régime de banane est recouvert par une fleur quand il pousse. Sous chaque pétale se trouve une « main » de bananes. Chaque « main » est composée d’une quinzaine de bananes. 

Nous avons redécouvert les plantations d’ananas. Pour information, les ananas ne poussent pas sur les arbres (hein Romain), mais sur le sol, un peu comme une fleur. Lorsque la tige ne supporte plus le poids de l’ananas et qu’elle penche, c’est qu’elle est mure. 

Il y avait aussi des palmiers avec les graines permettant de faire la fameuse huile de palme. On se sert aussi de la sève du palmier pour faire l’alcool de palme, dont je vous ai déjà parlé.

Il y avait de nombreuses plantes de toute sorte, dans un environnement humide, regorgeant surement d’oxygène. 

La faune

De nombreux animaux ont choisi de vivre dans cette végétation abondante, et ce n’est pas étonnant. Bien sûr, il y a les papillons qui ont forgé la réputation de Prosper. Mais il y aussi toute sorte d’insectes, comme de magnifiques sauterelles. 

Nous avons pu voir que les insectes construisent de belles maisons dans la forêt. C’est le cas des termites et des fourmis. 

Nous avons croisé deux milles pates de taille impressionnante en train de copuler. 

En allant rendre visite à Prosper, nous avons fait connaissance (enfin, moi j’avais pas plus envie de les connaître que ça), de deux caméléons. Ce sont de très beaux animaux, qui changent de couleur en fonction de leur environnement et qui se meuvent très lentement pour ne pas alerter leurs prédateurs. 

Quel animal craint-on de rencontrer en pleine « jungle » ? Les serpents bien sûr ! Mais désolé de vous décevoir, nous n’en avons pas vu à Kouma Konda. C’est en rentrant, à Lovisa Kope, qu’un vilain serpent vert, très dangereux apparemment, a montré son bout du nez. L’infirmier s’est chargé de tuer le mamba vert, pour ne pas avoir trop de travail.