Formation

Ces boulots étudiants qui vous ont changé la vie

Quand on est étudiant à l’aube de sa vie professionnelle, les premières expériences de travail sont rarement des perspectives d’avenir. Du petit boulot pas franchement motivant au stage parfois ingrat, il est désormais de rigueur d’enchaîner les expériences afin de se forger un CV. Certaines de ces expériences peuvent se transformer en véritables révélateurs de carrière, ou du moins apparaître comme des moments agréables et originaux dont on tire une satisfaction aussi concrète qu’inattendue. Suite à un appel à témoignage, de nombreux lecteurs nous ont confié leurs (més)aventures.

Un mauvais stage peut en cacher un bon

Durant l’été 2014, alors qu’il cherche un stage de deux mois « afin de découvrir le métier d’avocat », Olivier, 23 ans, étudiant en master 2 de droit des affaires à Nice, postule sur un site d’annonces spécialisé dans le milieu juridique, sans grand espoir. A sa surprise, son téléphone retentit quelques heures après le dépôt de son annonce. Au bout du fil, on lui propose un rendez-vous le lendemain matin. « Heureux, j’ai enfilé mon costume et me suis rendu à l’adresse du cabinet parisien. J’entre dans l’immeuble, et attends devant la porte. Personne. Soudain, l’ascenseur s’ouvre et en sort un homme en combo chemise hawaïenne - short - claquettes, qui me dit – ah c’est toi le nouveau ! – Je venais remplacer l’ancien stagiaire dont c’était le dernier jour de travail, dans un cabinet vide, ayant pour tout mobilier deux chaises et deux bureaux. Pas d’imprimante, pas de machine à café, pas de code civil, pas d’internet… rien ! »

Dans ce stage cauchemardesque aux « conditions matérielles et humaines nulles », Olivier se retrouve régulièrement seul. « J’ai dû rédiger en totale autonomie des assignations et des conclusions. J’ai conduit des consultations juridiques et préparé des rendez-vous clients. » Une expérience éprouvante mais qui, contre toute attente, se révèle particulièrement bénéfique pour Olivier. « J’ai finalement fait bien plus que n’importe quel autre stagiaire d’un gros cabinet », s’amuse l’étudiant, satisfait. « Ce fut une expérience exceptionnelle ! »

« J’ai viré à l’extrême gauche »

Outre la formation, les stages peuvent aussi bouleverser nos présupposés, voire entamer un revirement politique. C’est le cas de Julien D. 26 ans, « issu d’une famille cultivée », avec « de bonnes études » derrière lui. Il s’est toujours défini de centre droit sur l’échiquier politique, « convaincu qu’il ne servait à rien de râler, et qu’au lieu de revendiquer, il fallait mériter ». Son diplôme d’ingénieur en poche, il effectue un stage dans une usine chinoise où, durant quatre mois, il devait « faire des contrôles qualité pour le compte d’importateurs, pour qui le déplacement n’était pas possible ». Mais dès son arrivée, il subit « un choc », celui du « luxe côtoyant la misère ». Puis, « une équipe virée du jour au lendemain, donnant à tous le sentiment d’une terrible précarité », achève de le révolter. Ces événements le font « virer à l’extrême gauche ». « Toutes ces choses étaient contraires à mes idéaux, explique-t-il. Les chinois font avec et s’adaptent. Ils n’ont pas le luxe d’avoir des idéaux ; priorité à la vie quotidienne. Un salaire, c’est déjà bien, les opinions, c’est un luxe pour Occidental. » Une situation qui lui donne l’impression que les Français sont « un peuple d’idéalistes : exigeants, intransigeants, perfectionnistes ».

Réorientation humanitaire

Mais le stage n’est pas vecteur de fierté nationale pour tout le monde. Il peut être aussi un moyen d’épanouissement dans une culture étrangère. En Afrique, Maxime L., 25 ans, s’y est rendu la première fois dans le cadre d’un projet de soutien scolaire monté avec le scoutisme français. A 400 kilomètres de Ouagadougou (Burkina Faso) et à plusieurs heures de route de la ville la plus proche, cet étudiant en classe préparatoire s’est retrouvé dans un village de brousse où il a dû apprendre à vivre très différemment de son confort citadin. « Une expérience déroutante », explique-t-il. « Nous devions aller jusqu’aux pompes à eau pour nous approvisionner, nous faisions à manger sur un réchaud à l’extérieur et nous dormions à même le sol dans un bâtiment en dur. » Alors que sa formation l’amenait à travailler dans la modélisation pour les banques, ce stage a décidé Maxime à se réorienter dans un cursus d’ingénieur en électricité, afin de travailler dans le développement et l’accès à l’énergie. Avec son association humanitaire « Idées Madagascar », il a aidé à construire et entretenir des réseaux d’eau potable dans la région des hauts plateaux de l’île. Ces stages lui ont donné le goût de l’humanitaire qui ne l’a pas quitté depuis. Aujourd’hui, il vit en Haïti depuis deux ans et travaille sur le projet de réhabilitation de la centrale hydroélectrique de Peligre pour fournir de l’électricité aux habitants de la région.

Un polytechnicien en ZEP

Pas besoin pour autant de courir le monde pour s’épanouir dans son stage de formation, comme le démontre Taha Yassine Z., 21 ans, étudiant en deuxième année à l’Ecole polytechnique. Lui s’est rendu en octobre 2014 dans un lycée de ZEP pour y passer six mois « au chevet de l’éducation nationale » et fournir un soutien scolaire aux élèves. Une expérience qui fut « la source d’un questionnement riche et fertile », explique-t-il. « Comment transmettre le savoir ? Quelle frontière entre savoir académique et savoir vivre ? ». Si cette longue expérience lui a permis de s’épanouir « sur le plan humain et professionnel », celle-ci lui a laissé « le sentiment d’un travail inachevé ». Car « le soutien fourni aux élèves est un puits sans fond dans lequel toute nouvelle force vive est la bienvenue », soutient-il. « A défaut de réunir davantage de moyens en ces temps de crise, multiplions et encourageons des expériences comme celle que j’ai vécue. »

Être au service des autres

De l’humanitaire à l’éducation, de nombreux lecteurs nous on fait part de leur désir d’effectuer un emploi au service de son prochain. A l’exemple de Nicolas D., 22 ans, étudiant à Colombes (Hauts-de-Seine), qui pousse l’intention encore plus loin. Chaque été, il abandonne sa tenue d’étudiant en droit, pour revêtir le maillot de bain du sauveteur en mer. Mais avant de pouvoir se lancer dans l’aventure, il a dû passer « des week-ends, des soirées, et parfois des vacances » à réviser pour passer ses diplômes de secourisme et le permis bateau. Mais son labeur a payé puisqu’il peut désormais agir dans toutes les situations où une personne se retrouverait en danger dans les vagues.

« Le plus intéressant dans ce métier, ce sont les interventions », explique-t-il. « L’adrénaline et le stress montent. Vous pouvez par exemple vous retrouver devant une noyade, un malaise, une crise d’épilepsie, une hémorragie, ou plus rare, une crise cardiaque. Mais heureusement cela n’a pas été mon cas. C’est un peu la loterie. » Le métier lui a appris à « conserver son sang froid » dans ces situations de stress. Il n’idéalise pas pour autant son rôle de sauveteur et souligne qu’en général le travail est « plus ennuyeux » car porté sur de la surveillance et de la prévention. « On fait la police pour que les gens ne se retrouvent pas dans des situations dangereuses, comme un nageur qui irait se baigner par drapeau rouge, parce qu’il a “payé sa semaine de vacances” ». Des conflits qu’il doit apprendre à gérer mais qui lui rapportent « des mines d’anecdotes très drôles » qu’il s’amuse à raconter en privé.

(Sources : le Monde)

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