L'éradication de la polio passe par l'UNIL

Au Département de biochimie, le laboratoire de Nicolas Collin a reçu un mandat du Wellcome Trust pour évaluer un vaccin polio combiné à l'adjuvant d'une grande pharma. Objectif : éradiquer la maladie à l'échelle planétaire.

Vétérinaire de formation, Nicolas Collin se consacre à une problématique humaine de santé publique. A la Faculté de biologie et de médecine, ce jeune docteur en microbiologie a créé un laboratoire pour fabriquer et tester des adjuvants. Ces substances améliorent l'efficacité et réduisent les coûts des vaccins auxquels elles sont mêlées. Soutenu par l'OMS et basé au Département de biochimie, le laboratoire de Nicolas Collin se concentre en ce moment sur la grippe aviaire et la polio.

«Après la variole, en 1980, la polio sera la deuxième maladie à disparaître de la surface du globe grâce à la vaccination», s'enthousiasme le chercheur de 32 ans. Avec son collègue Patrice Dubois et leur équipe du «Vaccine Formulation Laboratory», il teste la combinaison d'un adjuvant d'une grande pharma avec un vaccin polio «inactivé» (dans lequel le virus a été tué). L'actuel vaccin à base de virus vivant a fait reculer la polio dans le monde, mais certaines zones ne sont pas encore totalement sûres. «Un vaccin qui atténue le virus mais le conserve vivant est une source potentielle de réactivation de la maladie», rappelle Nicolas Collin, qui souligne la nécessité de lever cette forme de vaccination pour éviter ce risque d'un retour de la polio.

Depuis un an, aucun nouveau cas ne s'est manifesté en Inde ; il faut introduire maintenant ce vaccin inactivé, en doses suffisantes, ce qui implique l'emploi d'un adjuvant de qualité. On utilisera encore ce vaccin durant une phase dite de «post-éradication», jusqu'à la complète disparition de la maladie.

Vaccins du futur

Nicolas Collin a reçu ce mandat des mains du Wellcome Trust, un prestigieux fonds de charité britannique. Ce n'est pas le premier financement qu'il obtient depuis son arrivée à l'UNIL en 2010, après une pause scientifique au profit d'un bénévolat, puis d'une activité salariée au sein de l'OMS, où il réalise «combien la recherche peut, au final, se traduire réellement sur le terrain et sauver des vies humaines». En 2011, grâce à un financement du ministère de la santé américain, son équipe a formé des producteurs indonésiens de vaccin contre la grippe aviaire. Soutien renouvelé cette année : «Nous testons l'adjuvant qu'ils ont élaboré après leur formation à l'UNIL. Le produit sera stocké en prévision d'une pandémie et permettra le cas échéant de vacciner 10 à 15 fois plus de personnes», souligne Nicolas Collin.

La grippe aviaire reste une menace pour la planète et des personnes en meurent régulièrement dans le continent asiatique. La crainte est de voir un jour ce virus se transmettre d'homme à homme. Le laboratoire de l'UNIL offre ses services aux industries, aux chercheurs académiques et aux pays en voie de développement. Une expertise essentielle car «les vaccins du futur, par exemple contre la malaria, le sida, le cancer ou Alzheimer auront tous besoin d'adjuvants», conclut le jeune chercheur.

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