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Valaisans, sortons le blanc!

 

Les identitées cantonales exprimées sur le campus

Chaque canton ne possédant pas sa propre université ou ne proposant pas toutes les facultés, les milieux académiques suisses existants accueillent les quelques étudiants minoritaires dans l’obligation d’émigrer. Les mafias valaisanne, tessinoise ou encore jurassienne écument les hauts-lieux romands du savoir et donnent parfois l’impression d’une omniprésente majorité dans toute manifestation festive imaginée sur le campus. Entre clichés et réalités, partons à la découverte de ces communautés.

 


Idées reçues et perçues

Qu’on les considère comme pauvres, fêtards ou sympathiques, les étudiants du Valais, du Jura ou du Tessin évoquent de toute manière quelque chose. A tort ou à raison, les Jurassiens sont des grands mangeurs de viande provenant de la Suisse profonde et pauvre. Les Valaisans sont accros au vin blanc et organisent les fêtes les plus déjantées du campus. Enfi n, les Tessinois réveillent un sentiment d’exotisme et sont tous des alternatifs. En général, ces exilés semblent avoir une vie sociale très active et accorder une part belle à la fi esta. Ils paraissent souvent vivre en cercles fermés, voire en clans, d’où les désignations de mafi as ou de communautés.

Les clichés comportent bien une part de vérité. A vrai dire, même les principaux concernés avouent qu’ils ont tendance à se regrouper. Il est par exemple plus évident pour eux de trouver un appartement en s’entraidant et en mobilisant leurs contacts. Attention toutefois, les stéréotypes tendent à généraliser et fi ger la réalité. Nombreux sont ceux qui désirent créer le contact et élargir leur réseau de connaissances. Chaque canton a sa spécifi cité, tout comme chaque étudiant. Peut-on dès lors réellement parler de communautés ?

 

La réalité

La barrière de la langue aff ecte les Tessinois et explique peut-être leur étanchéité plus prononcée aux autres. Tous les étudiants expatriés ne sont cependant identifi ables que par leurs accents, et seulement lorsque celui-ci est décelable. Pour ce qui est de l’apparente vie de fêtard, il ne faut pas oublier que tous ces bacheliers et licenciés vivent loin de chez eux. Ils doivent créer de nouveaux liens et s’occuper, étant moins attachés à l’environnement où ils ont grandi et aux activités extra-estudiantines s’y rattachant. Tout ceci contribue à développer une vie sociale intense. Reste la question de l’identité et des racines. Les étudiants exilés seront plus facilement attirés par ce qui est connu ; il existe d’ailleurs des organisations favorisant les connexions entre cantonaux.

 

Vie associative

Prenons l’exemple de STOICA (studenti ticinesi organizzati in clima amichevole), association tessinoise présente sur le campus lausannois. Cette collectivité vise à resserrer les liens entre Tessinois, mais également à permettre à d’autres étudiants de découvrir leur culture. A la bonne heure ! Que ceux qui déplorent le manque de contact des italophones en profi tent. L’association perpétue le cliché des Tessinois enthousiastes mais permet surtout le rassemblement autour de références communes, et fait découvrir un monde d’ouverture et d’émancipation propres aux étudiants vivant loin de leur monde habituel.

C’est également l’objectif de l’AUVAL (Association universitaire des Valaisans de Lausanne). Elle tente de promouvoir le canton du Valais et de permettre la sociabilité entre exilés. Son site internet le présente ainsi : « Dans ce plat pays quoi de mieux que de se retrouver derrière un petit verre de blanc ou d’une raclette pour se souvenir des verts pâturages de nos Alpes ». A titre d’exemple, la fête « Rouge sur Blanc tout fout l’camp » en février réunissant Valaisans de Fribourg et de Lausanne. Au-delà du rouge et du blanc, cet événement illustre également l’existence de liens inter-universités et témoigne d’une forme de réseautage.

Doit-on parler de communautés lorsqu’il est question de saisir les identités cantonales ? Il semble que l’émigration favorise le rassemblement, voire la fermeture de certains étudiants, mais que dire de l’ouverture des « indigènes » ? Elle explique certainement l’impression de marginalité que peuvent renvoyer les Tessinois, Valaisans ou autres Jurassiens. Il faut retenir la richesse culturelle et sociale des campus que permettent le rassemblement de mentalités diff érentes et le dialogue intercantonal. En défi nitive, tout comme le permettent les associations ou les collectifs d’offi ciers de l’armée, de fanatiques du modélisme ou encore de tyrosémiophiles, les identités cantonales ne font que rassembler des personnes autour d’une caractéristique commune. Les étudiants ne doivent pas être réduits à cela, que chacun en tire plutôt avantage.